Daniel Gélin |
À peine chancelante, mon âme est à morte-eau. Vraiment rien ne se passe, ne me tracasse. Je sens mes nerfs brûlés se dessécher Encore abandonnés comme un morne varech, Sentant le sel, le sable et la méchanceté d'un soleil dédaignant J'attends, j'entends mes viscères patienter Organes convalescents mais prêts à se signaler. Je fais de tendres efforts Pour espérer le battement des horloges de la marée Presque violente et comme moi indignée des malheurs De ce monde qu'il faut subir. Ou alors, ou bien alors, Cette marée basse qui éloigne les oiseaux des rivages Et s'amuse à devenir miroir pour le grand ciel scintillant Du bleu exquis d'un ange Où l'on sent que tout est possible Et digne d'être chanté, de s'enchanter du passé, Des enfants et des prières à peine murmurées des Justes Méconnus comme il se doit. Au-dessus, sur la ville corsaire, le cri joyeux et cruel des mouettes. Ce cri encourage à me souvenir, à redevenir l'enfant exalté de tout Ou le vieillard « abymé » qui fait de lumineux projets Juste avant l'arrivée de l'Ankou >. |
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Daniel Gélin (1921 - 2002) |
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Portrait de Daniel Gélin | |||||||||