Dominique Pagnier |
Toutes les girouettes n'ont qu'un seul cri : « Le nord descend ! » Et déjà la neige devient violette et la forêt plus lourde d'où les sapins s'avancent formant en lisière des corps francs silencieux. Des villages les plus hauts disparaissent toutes les croix. Il n'y a que des voix qui demandent en tremblant à travers le brouillard la grâce de retrouver un corps. L'eau gèle dans l'auge et se casse en biseau révélant qu'elle était une vieille cache d'armes pour l'insurrection des anges. Pendus au fil au fond des cours, les maillots raidis par le froid leur tiendront lieu de cuirasse. Parfois ils croient apercevoir sous l'alisier la silhouette de l'aimée dont la figure s'est dissipée à cause d'un seul baiser sur la pommette. C'était là sur un banc où l'autre été, pour mieux s'aimer, l'on s'était juré de ne plus se revoir. Au cimetière les fleurs sont devenues de porcelaine que le grésil fait tinter. Une jeune morte éprouve l'éternité de son sexe : Amour lui donne un dernier geste mécanique. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Dominique Pagnier (1951 - ?) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Dominique Pagnier | |||||||||