Dominique Pagnier |
Braise fragile, la main rouge protège des courants d'air la flamme de la lampe quand l'épouse se hâte dans le couloir pour ouvrir à celui qui attend sur le seuil avec sa cantine de fer et sa tenue réglementaire de tirailleur de l'angélus. Surprise, elle prend son air modeste d'autrefois même si dépasse son épaule du col élargi de sa chemise de nuit. Puis elle lui découvre sans honte au milieu du lit l'immense accident que Mon Dieu y a eu pour que les hommes prennent leur mal en patience. Avec sa vue qui s'est brouillée dans le flou des Ardennes, il n'y voit que la Sainte Face. Les nuits de toutes les années d'après, le souvenir du front l'empêche de dormir. Il compte les heures à la comtoise. Il ignore que depuis son retour s'y tient caché l'amant dont le bouclier de cuivre se balance renvoyant de lunaires lueurs. C'est le roi-psalmiste dont la harpe sonne l'heure toujours avec quelque retard sur l'horloge de l'église. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Dominique Pagnier (1951 - ?) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Dominique Pagnier | |||||||||