Emile Verhaeren |
Moines venus vers nous des horizons gothiques, Mais dont l'âme, mais dont l'esprit meurt de demain, Qui reléguez l'amour dans vos jardins mystiques Pour l'y purifier de tout orgueil humain, Fermes, vous avancez par les routes des hommes, Les yeux hallucinés par les feux de l'enfer, Depuis les temps lointains jusqu'au jour où nous sommes, Dans les âges d'argent et les siècles de fer, Toujours du même pas sacerdotal et large. Seuls vous survivez grands au monde chrétien mort, Seuls sans ployer le dos vous en portez la charge Comme un royal cadavre au fond d'un cercueil d'or. Moines - oh ! les chercheurs de chimères sublimes Vos cris d'éternité traversent les tombeaux, Votre esprit est hanté par la lueur des cimes, Vous êtes les porteurs de croix et de flambeaux Autour de l'idéal divin que l'on enterre. Oh ! les moines vaincus, altiers, silencieux, Oh ! les géants debout sur les bruits de la terre, Qui n'écoutez que le seul bruit que font les cieux ; Moines grandis parmi l'exil et les défaites, Moines chassés, mais dont les vêtements vermeils Illuminent la nuit du monde, et dont les têtes Passent dans la clarté des suprêmes soleils, Nous vous magnifions, nous les poètes calmes. Et puisque rien de fier n'est aujourd'hui vainqueur, Puisqu'on a rabattu vers la fange les palmes, Moines, grands isolés de pensée et de cour, Avant que la dernière âme ne soit tuée, Mes vers vous bâtiront de mystiques autels Sous le vélum errant d'une chaste nuée, Afin qu'un jour cette âme aux désirs éternels, Pensive et seule et triste au fond de la nuit blême, De votre gloire éteinte allume encor le feu, Et songe à vous encor quand le dernier blasphème Comme une épée immense aura transpercé Dieu ! |
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Emile Verhaeren (1855 - 1916) |
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Portrait de Emile Verhaeren | |||||||||
Biographie / OuvresEmile Verhaeren est né à Saint-Amand le 21 mai 1855. Fils d'une famille commerçante aisée, il appartient à la classe bourgeoise de ce village sur l'Escaut. Au sein de la famille, la langue véhiculaire est le français, mais avec ses camarades de classe de l'école communale et les habitants de Saint-Amand, il recourt au dialecte local. A onze ans, Verhaeren se voit envoyé au pensionn BibliographieChronologie |
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