Emile Verhaeren |
Sur la bruyère longue infiniment, Voici le vent cornant Novembre, Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent Qui se déchire et se démembre, En souffles lourds, battant les bourgs. Voici le vent, Le vent sauvage de Novembre. Aux puits des fermes, Les seaux de fer et les poulies Grincent ; Aux citernes des fermes. Les seaux et les poulies Grincent et crient Toute la mort, dans leurs mélancolies. Le vent rafle, le long de l'eau. Les feuilles mortes des bouleaux, Le vent sauvage de Novembre ; Le vent mord, dans les branches. Des nids d'oiseaux ; Le vent râpe du fer Et peigne, au loin, les avalanches, Rageusement, du vieil hiver, Rageusement, le vent, Le vent sauvage de Novembre. Dans les étables lamentables. Les lucarnes rapiécées Ballottent leurs loques falotes De vitres et de papier. - Le vent sauvage de Novembre ! - Sur sa butte de gazon bistre. De bas en haut, à travers airs, De haut en bas, à coups d'éclairs, Le moulin noir fauche, sinistre, Le moulin noir fauche le vent, Le vent, Le vent sauvage de Novembre. Les vieux chaumes, à cropetons, Autour de leurs clochers d'église, Sont ébranlés sur leurs bâtons ; Les vieux chaumes et leurs auvents Claquent au vent, Au vent sauvage de Novembre. Les croix du cimetière étroit, Les bras des morts que sont ces croix, Tombent, comme un grand vol. Rabattu noir, contre le sol. Le vent sauvage de Novembre, Le vent, L'avez-vous rencontré le vent. Au carrefour des trois cents routes. Criant de froid, soufflant d'ahan, L'avez-vous rencontré le vent. Celui des peurs et des déroutes ; L'avez-vous vu, cette nuit-là, Quand il jeta la lune à bas, Et que, n'en pouvant plus, Tous les villages vermoulus Criaient, comme des bêtes, Sous la tempête ? Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent hurlant, Voici le vent cornant Novembre. |
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Emile Verhaeren (1855 - 1916) |
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Portrait de Emile Verhaeren | |||||||||
Biographie / OuvresEmile Verhaeren est né à Saint-Amand le 21 mai 1855. Fils d'une famille commerçante aisée, il appartient à la classe bourgeoise de ce village sur l'Escaut. Au sein de la famille, la langue véhiculaire est le français, mais avec ses camarades de classe de l'école communale et les habitants de Saint-Amand, il recourt au dialecte local. A onze ans, Verhaeren se voit envoyé au pensionn BibliographieChronologie |
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