Emile Verhaeren |
Vénus, La joie est morte au jardin de ton corps Et les grands lys des bras et les glaïeuls des lèvres Et les grappes de gloire et d'or, Sur l'espalier mouvant que fut ton corps, Sont morts. Les cormorans des temps d'octobre ont laissé choir Plume à plume, leur deuil, au jardin de tes charmes ; Mélancoliques, les soirs Ont laissé choir Leur deuil, sur tes flambeaux et sur tes armes. Hélas ! Tant d'échos morts et mortes tant de voix ! Au loin, là-bas, sur l'horizon de cendre rouge, Un Christ élève au ciel ses bras en croix : Miserere par les grands soirs et les grands bois ! Vénus, Sois doucement l'ensevelie, Dans la douceur et la mélancolie Et dans la mort du jardin clair ; Mais que dans l'air Persiste à s'exalter l'odeur immense de ta chair. Tes yeux étaient dardés, comme des feux d'ardeur, Vers les étoiles éternelles ; Et les flammes de tes prunelles Définissaient l'éternité, par leur splendeur. Tes mains douces, comme du miel vermeil, Cueillaient, divinement, sur les branches de l'heure, Les fruits de la jeunesse à son éveil ; Ta chevelure était un buisson de soleil ; Ton torse, avec ses feux de clartés rondes, Semblait un firmament d'astres puissants et lourds ; Et quand tes bras serraient, contre ton cour, l'Amour, Le rythme de tes seins rythmait l'amour du monde. Sur l'or des mers, tu te dressais, tel un flambeau. Tu te donnais à tous comme la terre, Avec ses fleurs, ses lacs, ses monts, ses renouveaux Et ses tombeaux. Mais aujourd'hui que sont venus D'autres désirs de l'Inconnu, Sois doucement, Vénus, la triste et la perdue, Au jardin mort, parmi les bois et les parfums, Avec, sur ton sommeil, la douceur suspendue D'une fleur, par l'automne et l'ouragan, tordue. Tes mains douces, comme du miel vermeil, Cueillaient, divinement, sur les branches de l'heure, Les fruits de la jeunesse à son éveil ; Ta chevelure était un buisson de soleil ; Ton torse, avec ses feux de clartés rondes, Semblait un firmament d'astres puissants et lourds ; Et quand tes bras serraient, contre ton cour, l'Amour, Le rythme de tes seins rythmait l'amour du monde. Sur l'or des mers, tu te dressais, tel un flambeau. Tu te donnais à tous comme la terre, Avec ses fleurs, ses lacs, ses monts, ses renouveaux Et ses tombeaux. Mais aujourd'hui que sont venus D'autres désirs de l'Inconnu, Sois doucement, Vénus, la triste et la perdue, Au jardin mort, parmi les bois et les parfums, Avec, sur ton sommeil, la douceur suspendue D'une fleur, par l'automne et l'ouragan, tordue. |
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Emile Verhaeren (1855 - 1916) |
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Portrait de Emile Verhaeren | |||||||||
Biographie / OuvresEmile Verhaeren est né à Saint-Amand le 21 mai 1855. Fils d'une famille commerçante aisée, il appartient à la classe bourgeoise de ce village sur l'Escaut. Au sein de la famille, la langue véhiculaire est le français, mais avec ses camarades de classe de l'école communale et les habitants de Saint-Amand, il recourt au dialecte local. A onze ans, Verhaeren se voit envoyé au pensionn BibliographieChronologie |
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