Emile Verhaeren |
Mes doigts, touchez mon front et cherchez, là, Les vers qui rongeront, un jour, de leur morsure, Mes chairs ; touchez mon front, mes maigres doigts, voilà Que mes veines déjà, comme une meurtrissure Bleuâtre, étrangement, en font le tour, mes las Et pauvres doigts - et que vos longs ongles malades Battent, sinistrement, sur mes tempes, un glas, Un pauvre glas, mes lents et mornes doigts ! Touchez, ce qui sera les vers, mes doigts d'opale. Les vers, qui mangeront, pendant les vieux minuits Du cimetière, avec lenteur, mon cerveau pâle, Les vers, qui mangeront et mes dolents ennuis Et mes rêves dolents et jusqu'à la pensée Qui lentement incline, à cette heure, mon front. Sur ce papier, dont la blancheur, d'encre blessée, Se crispe aux traits de ma dure écriture. Et vous aussi, mes doigts, vous deviendrez des vers, Après les sacrements et les miséricordes, Mes doigts, quand vous serez immobiles et verts, Dans le linceul, sur mon torse, comme des cordes ; Mes doigts, qui m'écrivez, ce soir de rauque hiver, Quand vous serez noués - les dix - sur ma carcasse Et que s'écrasera sous un cercueil de fer, Cette âpre carcasse, qui déjà casse. |
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Emile Verhaeren (1855 - 1916) |
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Portrait de Emile Verhaeren | |||||||||
Biographie / OuvresEmile Verhaeren est né à Saint-Amand le 21 mai 1855. Fils d'une famille commerçante aisée, il appartient à la classe bourgeoise de ce village sur l'Escaut. Au sein de la famille, la langue véhiculaire est le français, mais avec ses camarades de classe de l'école communale et les habitants de Saint-Amand, il recourt au dialecte local. A onze ans, Verhaeren se voit envoyé au pensionn BibliographieChronologie |
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