Emile Verhaeren |
Non, mon âme jamais de toi ne s'est lassée ! Au temps de juin, jadis, tu me disais : * Si je savais, ami, si je savais Que ma présence, un jour, dût te peser, Avec mon pauvre cour et ma triste pensée Vers n'importe où, je partirais. » Et doucement ton front montait vers mon baiser. Et tu disais encor : « On se déprend de tout et la vie est si pleine ! Et qu'importe qu'elle soit d'or La chaîne Qui lie au même anneau d'un port Nos deux barques humaines ! » Et doucement tes pleurs me laissaient voir t Et tu disais, Et tu disais encore : « Quittons-nous, quittons-nous, avant les jours mauvais. Notre existence fut trop haute Pour se traîner banalement de faute en faute. » Et tu fuyais et tu fuyais Et mes deux mains éperdument te retenaient. Non, mon âme jamais de toi ne s'est lassée. Lorsque tu fermeras mes yeux à la lumière, Baise-les longuement, car ils t'auront donné Tout ce qui peut tenir d'amour passionné Dans le dernier regard de leur ferveur dernière. Sous l'immobile éclat du funèbre flambeau, Penche vers leur adieu ton triste et beau visage Pour que s'imprime et dure en eux la seule image Qu'ils garderont dans le tombeau. Et que je sente, avant que le cercueil se cloue, Sur le lit pur et blanc se rejoindre nos mains Et que près de mon front sur les pâles coussins, Une suprême fois se repose ta joue. Et qu'après je m'en aille au loin avec mon cour Qui te conservera une flamme si forte Que même à travers la terre compacte et morte Les autres morts en sentiront l'ardeur ! |
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Emile Verhaeren (1855 - 1916) |
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Portrait de Emile Verhaeren | |||||||||
Biographie / OuvresEmile Verhaeren est né à Saint-Amand le 21 mai 1855. Fils d'une famille commerçante aisée, il appartient à la classe bourgeoise de ce village sur l'Escaut. Au sein de la famille, la langue véhiculaire est le français, mais avec ses camarades de classe de l'école communale et les habitants de Saint-Amand, il recourt au dialecte local. A onze ans, Verhaeren se voit envoyé au pensionn BibliographieChronologie |
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