Emile Verhaeren |
Je rêve une existence en un cloître de fer, Brûlée au jeûne, et sèche et râpée aux cilices. Où l'on abolirait, en de muets supplices, Par seule ardeur de l'âme enfin, toute la chair. Sauvage horreur de soi si mornement sentie ! Quand notre corps nous boude et que nos nerfs, la nuit, Rivent sur nos vouloirs leurs cagoules d'ennui, Et les plongent dans la fièvre ou l'inertie. Dites, ces pleurs, ces cris et cette peur du soir ! Dites, ces plombs de maladie en tous les membres, Et la toute torpeur des torpides novembres Et le dégoût de se toucher et de se voir ? Et les mauvaises mains tatillonnes de vice Encor et lentement cherchant, sur les coussins, Et des toisons de ventre, et des grappes de seins Et les tortillements dans le rêve complice ? Je rêve une existence en un cloître de fer, Brûlée au jeûne, et sèche et râpée aux cilices, Où l'on abolirait, en de muets supplices, Par seule ardeur de l'âme enfin, toute la chair. Et s'imposer le gel des sens, quand le corps brûle ; Et se tyranniser et se tordre le cour, - Hélas ! ce qui en reste - et tordre, avec rancour, Jusqu'au regret d'un autrefois doux et crédule. |
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Emile Verhaeren (1855 - 1916) |
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Portrait de Emile Verhaeren | |||||||||
Biographie / OuvresEmile Verhaeren est né à Saint-Amand le 21 mai 1855. Fils d'une famille commerçante aisée, il appartient à la classe bourgeoise de ce village sur l'Escaut. Au sein de la famille, la langue véhiculaire est le français, mais avec ses camarades de classe de l'école communale et les habitants de Saint-Amand, il recourt au dialecte local. A onze ans, Verhaeren se voit envoyé au pensionn BibliographieChronologie |
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