Essais littéraire |
Toute la pensée d'Antoine de Saint-Exupéry est centrée sur l'action, sur le travail, sur le service rendu aux autres. Les lignes qui suivent sont écrites par un membre de l'Académie française, André Maurois (1885-1967), célèbre écrivain (auteur entre autres du roman «CLIMATS» paru en 1928). «Aviateur, pilote de ligne et de guerre, essayiste et poète, Antoine de Saint-Exupéry est, après Vigny, Stendhal, Vauvenargues, avec Malraux, Jules Roy, et quelques soldats ou marins, l'un des rares romanciers et philosophes de l'action qu'ait produit notre pays. Il n'a pas été seulement, comme Kipling, un admirateur des hommes d'action; il a, comme Conrad, participé lui-même aux actions qu'il décrit. Pendant dix ans il a survolé tantôt le Rio del Oro, tantôt la cordillère des Andes; il a été perdu dans le désert et sauvé par les seigneurs des sables; il est tombé du ciel dans la Méditerranée et sur les montagnes du Guatemala; il s'est battu dans les airs en 1940, et de nouveau en 1944. Les conquérants de l'Atlantique-Sud, Mermoz, Cuillaumet, ont été ses amis. De là une authenticité qui sonne dans chaque mot: de là aussi un stoïcisme vivant, car l'action met au jour le meilleur de l'homme.» D'après ANDRÉ MAUROIS ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY (1900 - 1944) Né à Lyon en 1900, Antoine de Saint-Exupéry, aviateur (pilote de ligne et de guerrE) et écrivain, a laissé derrière lui une ouvre d'humaniste qui propose une morale de l'action et du devoir fondée sur une croyance en la grandeur de l'homme. Il commence à voler en 1921 pendant son stage militaire au régiment d'aviation de Strasbourg. En 1926 il publie «L'Aviateur» et, la même année, il entre comme pilote de ligne à la Société Latécoère. Pilote de reconnaisance en 1940, il redevient pilote actif en 1942 pour disparaître, en 1944, à bord d'un P-38 Lightning, dans l'immensité du ciel au large de la Corse et dans la légende. II a refusé dans ses récits, inspirés par son travail d'aviateur ou par la guerre, le romantisme de l'aventure individuelle pour célébrer l'esprit d'équipe, la solidarité, la fraternité exaltante dans l'accomplissement d'un métier dangereux; aux moralistes qui déploraient le déclin des valeurs spirituelles dans un univers dominé par la machine, il a cherché à opposer un humanisme nouveau où les vertus traditionnelles d'énergie, de courage, de volonté cl de noblesse se mettent à la mesure d'une civilisation vouée au progrès technique. Mais pour Saint-Exupéry, ni l'avion, cette machine volante, ni l'action ne constituent un but en soi. L'avion, ce n'est pas une fin en soi. Ce n'est pas pour l'avion que l'on risque sa vie. Ce n'est pas non plus pour sa charrue que le paysan laboure. Ce qui compte pour lui, ce sont les autres, c'est l'enracinement dans une communauté, dans un groupe, dans un pays, car «chacun est responsable de tous» {Pilote de guerrE). Voilà ce qu'il note dans «Lettre à un otage»; «Respect de l'homme! Respect de l'homme! Là est la pierre de touche! [...] La vie crée l'ordre, mais l'ordre ne crée pas la vie!» OUVRES DE SAINT-EXUPÉRY: Courrier Sud (1929); Vol de nuit (1931); Terre des Hommes (1939); Pilote de guerre (1942); Le Petit Prince (1943); Lettre à un otage (1943); Citadelle (posthume, 1948). LE PETIT PRINCE C'est un livre qui s'adresse aussi bien aux enfants qu'aux adultes qui n'ont pas oublié leur enfance. C'est un véritable "conte de fée" dans le monde moderne de l'aviation et de la mécanique. C'est en même temps un livre qui réconcilie le goût du rêve et du merveilleux (apanage du monde de l'enfancE) à l'exigence de la lucidité (apanage du monde adultE). Le Petit Prince incarne l'infatigable questionnement de l'enfance, et l'ouvre de Saint-Exupéry s'apparente à un «récit de formation». Les allégories y sont nombreuses et transparentes. Avec des mots simples qui rappellent les contes de fée de notre enfance, l'auteur y évoque, dans des phrases dépourvues de tout "apparat" syntaxique compliqué, parfois dans des phrases elliptiques reproduisant à merveille le monde et, surtout, le langage des enfants et de l'enfance, la performance assez rare aux temps modernes de marier charme et poésie, symbole et magie verbale. Sur le ton d'une confidence apparemment naïve, faite pour charmer un auditoire d'enfants, l'auteur y évoque avec humour, ironie, avec douceur et fraîcheur; des images, des tableaux pittoresques qui cachent (masquenT) essentiellement un humanisme profond reposant sur les valeurs éternelles, sur les richesses réelles de l'homme: poésie, amour, amitié. TEXTES Lorsque j'avais six ans j'ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la Forêt vierge qui s'appelait «Histoires Vécues». Ça représentait un serpent boa qui avalait un fauve. Voilà la copie du dessin. On disait dans le livre: «Les serpents boas avalent leur proie tout entière, sans la mâcher. Ensuite ils ne peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six mois de leur digestion.» J'ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de la jungle et, à mon tour, j'ai réussi, avec un crayon de couleur, à tracer mon premier dessin. Mon dessin numéro 1. Il était comme ça: J'ai montré mon chef-d'ouvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon dessin leur faisait peur. Elles m'ont répondu: «Pourquoi un chapeau ferait-il peur?» Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentait un serpent boa qui digérait un éléphant J'ai alors dessiné l'intérieur du serpent boa, afin que les grandes personnes puissent comprendre. Elles ont toujours besoin d'explications. Mon dessin numéro 2 était comme ça: [...] Les grandes personnes m'ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m'intéresser plutôt à la géographie, à l'histoire, au calcul et à la grammaire. C'est ainsi que j'ai abandonné, à l'âge de six ans, une magnifique carrière de peintre. J'avais été découragé par l'insuccès de mon dessin numéro 1 et de mon dessin numéro 2. Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c'est fatigant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications. J'ai donc dû choisir un autre métier et j'ai appris à piloter des avions. J'ai volé un peu partout dans le monde. Et la géographie, c'est exact, m'a beaucoup servi. Je savais reconnaître, du premier coup d'oeil, si l'on est égaré pendant la nuit. J'ai ainsi eu, au cours de ma vie, des tas de contacts avec des tas de gens sérieux. J'ai beaucoup vécu chez les grandes personnes. Je les ai vues de très près. Ça n'a pas trop amélioré mon opinion. Quand j'en rencontrais une qui me paraissait un peu lucide, je faisait l'expérience sur elle de mon dessin numéro 1 que j'ai toujours conservé. Je voulais savoir si elle était vraiment compréhcnsive. Mais toujours elle me répondait: « C'est un chapeau. » Alors je ne lui parlais ni de serpents boas, ni de forêts vierges, ni d'étoiles. Je me mettais à sa portée. Je lui parlais de bridge, de golf, de politique et de cravates. Et la grande personne était bien contente de connaître un homme aussi raisonnable. Le Petit Prince COMMENTAIRE Enfant et grande personne Voici une liste de mots choisis dans le premier chapitre du livre. Certains représentent une idée, d'autres une image. Forêt vierge - géographie - histoire - boa - dessin - fauve - chapeau - calcul - golf -étoiles - politique - cravate - grammaire - éléphant - avion Monde de l'enfant Monde des adultes forêt vierge géographie histoire chapeau serpent boa histoire dessin calcul fauve grammaire proie golf aventure cravate jungle gens sérieux étoiles politique éléphant lucide À l'âge de six ans l'auteur voulait devenir peintre, et cela uniquement à cause du fait qu'il avait vu, dans un livre sur la Forêt Vierge qui s'appelait « Histoires Vécues », une magnifique image qui représentait un serpent boa qui avalait un fauve. À son tour, il réussit, tout de suite, avec un crayon de couleur, à tracer son premier dessin, le dessin numéro 1, qui allait devenir célèbre. Il montra ensuite son dessin («mon chef-d'ouvre» disait-il avec fierté) aux grandes personnes, en leur demandant si le dessin réalisé par lui leur faisait peur. Le petit artiste avait voulu rendre dans son dessin le monde terrifiant de la jungle. Mais la désillusion fut bien grande. À cette question toutes les grandes personnes interrogées répondaient invariablement qu'un chapeau ne leur faisait pas peur. Le dessin en cause, dans l'intention primaire de l'enfant, ne représentait pas un chapeau, loin de là, mais un serpent qui digérait un éléphant. Pour venir en aide aux grandes personnes, totalement dépourvues d'imagination, et, de surcroît, incapables de déchiffrer le "message du dessin" («Elles ont toujours besoin d'explications.»), le petit artiste réalisa un autre dessin, qui deviendrait tout aussi célèbre, celui du "boa ouvert" (l'intérieur du boA). La deuxième tentative fut tout aussi vaine que la première. Les grandes personnes n'y comprenaient rien non plus. Elles lui conseillèrent de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de s'intéresser plutôt à la géographie, à l'histoire, au calcul et à la grammaire. Dans leur vision ce sont les seules choses sérieuses qui comptent vraiment dans la vie. C'est avec ces "considérations" humoristiques sur sa carrière, ratée, de peintre que commence l'une des ouvres les plus intéressantes de Saint-Exupéry. Renonçant au ton sévère, à la dureté héroïque des récils antérieurs, notamment Pilote de guerre. Terre des Hommes, Vol de nuit, etc., il donne dans le désert sanglant de cette Seconde Guerre mondiale (le récit date de 1943) une véritable oasis de verdure, de charme et de sourire. Adressé à son ami Léon Werth, resté dans la France occupée par l'ennemi, où il «a froid et faim», le livre est en réalité dédicacé à «Léon Wert quand il était petit garçon», et à travers lui, à tous ceux qui n'ont pas oublié leur enfance, ce monde merveilleux, et qui n'ont pas préféré, à ce monde du merveilleux, du fantastique, la vanité des valeurs sociales. Le livre, écrit sur le ton humoristique, toutes les fois qu'il s'agit des grandes personnes, est traversé par la tendresse évoquée toutes les fois que la figure triste du petit prince, parti à la recherche d'amis, apparaît, telle qu'avait apparu la figure de l'enfant polonais évoqué dans Terre des Hommes (chapitre VIII, intitulé «Les Hommes») sous le titre possible de "Mozart assassiné": «Mais il se retourna dans le sommeil, et son visage m'apparut sous la veilleuse. Ah! quel adorable visage! Il était né de ce couple-là une sorte de fruit doré. Il était né de ces lourdes hardes cette réussite de charme et de grâce. Je me penchai sur ce front lisse, sur cette douce moue des lèvres, et je me dis: voici un visage de musicien, voici Mozart enfant, voici une belle promesse de vie. Les petits princes des légendes n'étaient point différents de lui: protégé, entouré, cultivé, que ne saurait-il devenir! Quand il naît par mutation dans les jardins une rose nouvelle, voilà tous les jardiniers qui s'émeuvent. On isole la rose, on cultive la rose, on la favorise. Mais il n'est point de jardinier pour les hommes. Mozart enfant sera marqué comme les autres par la machine à emboutir. Mozart fera ses plus hautes joies de musique pourrie, dans la puanteur des cafés-concerts. Mozart est condamné.» C'est avec ces tristes lignes et pourtant imprégnées d'un authentique mysticisme chrétien, car "Seul l'Esprit, s'il souffle sur la glaise, peut créer l'homme. ", s'achève Terre des Hommes (1939). Le Petit Prince commence avec la célèbre demande: «- S'il vous plaît... dessine-moi un mouton!». C'est sur cette phrase célèbre que s'instaurera l'amitié du narrateur, aviateur perdu dans l'immensité du désert saharien, et du Petit Prince, venu sur la Terre de son astéroïde B 612, pas plus grand qu'une maison. Pour St-Ex., même l'histoire du petit prince est tirée de la "chair" de son expérience personnelle de pilote, de la "chair" de ses dangereuses et exaltantes aventures, car «Pour [moi] lui, voler et écrire, c'est tout un.» Guide de lecture Phrases clés - J'ai montré mon chef-d'ouvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon dessin leur faisait peur. - Elles m'ont répondu: «Pourquoi un chapeau ferait-il peur?» - Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentait un serpent boa qui digérait un éléphant. - J'ai alors dessiné l'intérieur du serpent boa, afin que les grandes personnes puissent comprendre. Mon dessin numéro 2 était comme ça: [...] - C'est ainsi que j'ai abandonné, à l'âge de six ans, une magnifique carrière de peintre. - J'avais été découragé par l'insuccès de mon dessin numéro 1 et de mon dessin numéro 2. - Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c'est fatigant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications. Questionnaire 1. Qu'est-ce que l'auteur voulait devenir à l'âge de six ans? 2. Qu'est-ce que les grandes personnes aiment? 3. Comment sont-elles présentées par l'auteur? 3. Qu'est-ce qu'elles lui ont conseillé? 5. D'où venait le petit prince? LE PETIT PRINCE SE LIE D'AMITIÉ AVEC LE RENARD C'est alors qu'apparut le renard. - Bonjour, dit le renard. - Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien. - Je suis là, dit la voix, sous le pommier... - Qui es-tu? dit le petit prince. Tu es bien joli... - Je suis un renard, dit le renard. - Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste... - Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé. - Ah! pardon, fit le petit prince. Mais, après réflexion, il ajouta: - Qu'est-ce que signifie «apprivoiser»? - Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu? - Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est-ce que signifie «apprivoiser»? - Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant! Ils élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules? - Non, dit le petit prince, je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie «apprivoiser»? - C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie «créer des liens»... - Créer des liens? - Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde... - Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé... - C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses... - Oh! ce n'est pas sur la Terre, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué: - Sur une autre planète? -Oui. - Il y a des chasseurs, sur cette planète-là? - Non. - Ça, c'est intéressant! Et des poules? - Non. - Rien n'csl parfait, soupira le renard. Mais le renard revint à son idée: - Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis, regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça. c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoise! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé... Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince: - S'il te plaît... apprivoise-moi! dit-il. - Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis a découvrir et beaucoup de choses à connaître. - On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi! - Que faut-il faire? dit le petit prince. - Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras l'asseoir un peu plus près... LE PETIT PRINCE ET LE RENARD COMMENTAIRE Depuis son départ de son astéroïde B 612 ("Je crois qu'il profita, pour son évasion, d'une migration d'oiseaux sauvages"), le Petit prince ne cesse d'évoluer dans des univers et des décors différents. C'est un véritable voyage initiatique. L'unique conclusion qui s'impose à lui, après ce périple, c'est que «Les grandes personnes sont décidément bien bizarres.» Depuis son arrivée sur la Terre, le petit prince ne cesse d'évoluer également dans des décors, paysages, univers différents, changeants (mouvantS). Il traverse toute une série d'expériences, ou. pourrions-nous dire, d'autres épreuves initiatiques. C'est un voyage au cour même de la connaissance. («J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.», déclare-t-iL) Après l'aventure avec le serpent, la fleur et l'écho, le petit prince rencontre sur la Terre un nouveau personnage, le renard. C'est celui-ci qui l'initie aux "arcanes", au mystères du verbe "apprivoiser". Pour Saint-Exupéry "apprivoiser" c'est "créer des liens", raffermir, consolider les contacts entre les hommes. C'est grâce au renard, qui lui enseigne les rituels compliqués et pourtant simples de l'amitié, en lui donnant les clés de l'existence, que le petit prince apprend qu'on ne voit bien qu'avec le cour, que l'essentiel est invisible. Guide de lecture La rencontre avec le renard A. La solitude du petit prince est soulignée par: - le décor - par les dialogues antérieurs avec le serpent, la fleur et l'écho, et surtout par ce dialogue avec le renard. - Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste... Je cherche les hommes Je cherche des amis. B. Où cette rencontre a-t-elle lieu? - En quoi diffère-t-elle des rencontres précédentes? - Quelle réponse apporte-t-elle à la quête du petit prince? - Quelle est la grande leçon qui s'en dégage? TERRE DES HOMMES ANALYSE - COMMENTAIRE L'option pour un humanisme nouveau, axé sur l'idée de dignité humaine, trouve son expression la plus parfaite dans le livre «TERRE DES HOMMES» (1939). Ce roman-reportage est considéré comme le chef-d'ouvre de l'auteur. La fiction y cède la place à un plaidoyer ardent en faveur de la profession de pilote, tout en consacrant la réputation de Saint-Exupéry comme l'un des plus grands écrivains de l'aviation. Toute la substance (toute la sèvE) de son ouvre est tirée de son expérience de pilote (pilote de ligne, pilote de raid, plus tard pilote d'essai et pilote de guerrE), d'homme d'action. C'est une perpétuelle (permanentE) méditation sur son métier, sur les dangers (risqueS) de la vie de pilote, c'est, en même temps, une profonde et lucide méditation sur la destinée de la planète, cette «terre des Hommes». L'idée fondamentale qui s'en dégage est celle de la "fraternité", de l'amour qui relie[nt] tous les hommes. Dépassant les limites que la barrière des langues impose à l'homme («Le langage est source de malentendus», Le Petit PrincE), que les traditions, parfois les préjugés, séparent d'avec ses frères, Saint-Exupéry rend hommage à cet esprit de solidarité qui permet à des êtres qui ne se sont jamais vus (= rencontréS) auparavant de parler, sinon la même langue, du moins le même "langage" de la fraternité, de se considérer comme frères. Partout où il ira (= volerA), il trouvera (= verrA) dans chaque être humain un frère. L'avion, ce merveilleux "outil", ce magnifique instrument de vol, permettra à l'homme de resserrer (= de consolideR) les liens qui l'unissent à ses semblables (aux autres hommeS), tout en lui permettant de se mieux connaître, de mieux connaître sa planète, de l'aimer, de la cultiver tout comme le jardinier (le Petit Prince plus tard sur son astéroïde B 612) cultive, aime et soigne sa rose. Cette terre des Hommes est unique. C'est elle la Rose qu'il s'agit de protéger. Pour Saint-Exupéry «Être homme, c'est précisément être responsable.» ÊTRE HOMME, C'EST ÊTRE RESPONSABLE ANALYSE TERRE DES HOMMES, qui reçoit le Grand Prix de l'Académie française, paraît en février 1939, dédié à Guillaumet, pilote de l'Aéropostale disparu, au cours d'une mission au-dessus des Andes. Son avion avait capoté à 3220 mètres d'altitude. Le texte cité est comme une prémonition du sort tragique de l'illustre aviateur. Dans les lignes suivantes, dédiées à son ami Guillaumet («Henri Guillaumet, mon camarade, je te dédie ce livre») Saint-Exupéry raconte l'aventure de celui-ci, («Guillaumet, je dirai quelques mots sur toi...»), disparu, en hiver, au cours d'une traversée des Andes. Cinq jours durant Saint-Exupéry et un autre pilote ont fouillé, en avion, cet amoncellement de montagnes, mais sans rien découvrir. Mais ces deux avions ne suffisaient pas pour explorer une région aussi vaste. Cent escadrilles n'auraient pas réussi à le faire. L'immensité des Andes qui s'élèvent jusqu'à 7.000 mètres d'altitude est plus qu'impressionnante. Enfin, au cours du septième jour, quand personne ne croyait plus que Guillaumet eût pu survivre, entre deux traversées, dans un restaurant de Mendoza, la nouvelle inouïe éclate aux oreilles de Saint-Exupéry: «Guillaumet... vivant!» «Et tous les inconnus qui se trouvaient là s'embrassèrent.», ajoute-t-il. Dix minutes plus tard Saint-Exupéry décolle. Il retrouve Guillaumet qui aura encore la force de lui déclarer, avec un admirable orgueil d'homme: «Ce que j'ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait. » TEXTE [Plus tard tu nous racontas l'accident.]... Boxeur vainqueur, mais marqué des grands coups reçus , tu revivais ton étrange aventure. Et, en effet, quand tu glissais, tu devais te redresser vite, afin de n'être point changé en pierre. Le froid te pétrifiait de seconde en seconde, et, pour avoir goûté, après la chute, une minute de repos de trop, tu devais faire jouer, pour te relever, des muscles morts. Tu résistais aux tentations. «Dans la neige, me disais-tu, on perd tout instinct de conservation. Après deux, trois, quatre jours de marche, on ne souhaite plus que le sommeil. Je le souhaitais.» Mais je me disais: «Ma femme, si elle croit que je vis, croit que je marche. Les camarades croient que je marche. Ils ont tous confiance en moi. Et je suis un salaud si je ne marche pas.» Et tu marchais, et, de la pointe du canif, tu entamais, chaque jour un peu plus, l'échancrure de tes souliers, pour que tes pieds qui gelaient et gonflaient, y pussent tenir .... «Ce que j'ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait.» Cette phrase, la plus noble que je connaisse, cette phrase qui situe l'homme, qui l'honore, qui rétablit les hiérarchies vraies me revenait à la mémoire... «Privé de nourriture, tu t'imagines bien qu'au troisième jour de marche... mon cour ca 222 ' n'allait plus très fort ... Eh bien! le long d'une pente verticale, sur laquelle je progressais, suspendu au-dessus du vide, creusant des trous pour loger mes poings, voilà que mon cceur tombe en panne. Ça hésite, ça repart. Ça bat de travers. Je sens qu'il hésite une seconde de trop, je lâche. Je ne bouge plus et j'écoute en moi. Jamais, tu m'entends? Jamais en avion je ne me suis senti accroché d'aussi près à mon moteur, que je ne me suis senti, pendant ces quelques minutes-là, suspendu à mon cour. Je lui disais: «Allons, un effort! Tâche de battre encore...» Mais c'était un cour de bonne qualité! Il hésitait, puis repartait toujours... Si tu savais combien j'étais fier de ce cour! » Dans la chambre de Mendoza où je te veillais, tu t'endormais enfin d'un sommeil essoufflé. Et je pensais: «Si on lui parlait de son courage, Guillaumet hausserait les épaules. Mais on le trahirait aussi en célébrant sa modestie. Il se situe bien au-delà de cette qualité médiocre. S'il hausse les épaules, c'est par sagesse. Il sait qu'une fois pris dans l'événement, les hommes ne s'en effraient plus. Seul l'inconnu épouvante les hommes. Mais, pour quiconque l'affronte, il n'est déjà plus l'inconnu. Surtout si on l'observe avec cette gravité lucide. Le courage de Guillaumet, avant tout, est un effet de sa droiture.» Sa véritable qualié n'est point là. Sa grandeur, c'est de se sentir responsable. Responsable de lui, du courrier et des camarades qui espèrent. Il lient dans ses mains leur peine ou leur joie. Responsable de ce qui se bâtit de neuf, là-bas, chez les vivants, à quoi il doit participer. Responsable un peu du destin des hommes, dans la mesure de son travail. Il fait partie des êtres larges qui acceptent de couvrir de larges horizons de leur feuillage. Etre homme, c'est précisément être responsable. C'est connaître la honte en face d'une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C'est d'être fier d'une victoire que les camarades ont remportée. C'est sentir, en posant sa pierre, que l'on contribue à bâtir le monde. Terre des Hommes EN PLEIN DÉSERT Le texte "En plein désert" évoque l'angoisse de l'auteur pendant les jours terribles de son "naufrage" au milieu du désert du Sahara. Parti en 1935, en compagnie de son mécanicien et radio Prévôt, dans un raid pour l'Indochine, son avion s'écrasera au sol en plein désert de Libye, avant d'avoir réussi à atteindre l'aéroport du Caire. Pendant plusieurs jours les deux hommes seront obligés de faire une véritable "marche de la soif, de parcourir de longues distances sous le grand soleil qui sèche en eux même la "source des larmes". Le manque d'humidité transforme leur périple en un véritable cauchemar. Ils seront sauvés, au moment où ils se croyaient perdus, par un pauvre Bédouin, ce nomade qui leur offrira la vie (l'eaU) et dont le visage s'identifiera à l'avenir, à jamais, au visage de tous les hommes que l'auteur rencontrera. «Tu es l'Homme et tu m'apparais avec le visage de tous les hommes à la fois. Tu ne nous as jamais dévisagés et déjà tu nous as reconnus. Tu es le frère bien-aimé. Et. à mon tour, je te reconaîtrai dans tous les hommes.» («Tu esti Omul si ïmi apari purtând chipul tuturor oamenilor deodatâ. Tu nu m-ai vàzut nicicând si ne-ai si recunoscut Tu esti fratele cel iubit si la ràndul meu te voi recunoaste în toti oamenii.») AU CENTRE DU DÉSERT Remarque: le texte "EN PLEIN DÉSERT" du manuel officiel est mis en caractères gras. Il souffle ce vent d'ouest qui sèche l'homme en dix-neuf heures. Mon osophage n'est pas fermé encore; mais il est dur et douloureux. J'y devine quelque chose qui racle. Bientôt commencera cette toux, que l'on m'a décrite, et que j'attends. Ma langue me gêne. Mais le plus grave est que j'aperçois déjà des taches brillantes. Quand elles se changeront en flammes, je me coucherai. Nous marchons vite. Nous profitons de la fraîcheur du petit jour. Nous savons bien qu'au grand soleil, comme l'on dit, nous ne marcherons plus. Au grand soleil... Nous n'avons pas le droit de transpirer. Ni même celui d'attendre. Cette fraîcheur n'est qu'une fraîcheur à dix-huit pour cent d'humidité. Ce vent qui souffle vient du désert Et, sous cette caresse menteuse et tendre, notre sang s'évapore. Nous avons mangé un peu de raisin le premier jour. Depuis trois jours, une demi-orange et une moitié de madeleine. Avec quelle salive eussions-nous mâché notre nourriture? Mais je n'éprouve aucune faim, je n'éprouve que la soif. Et il me semble que désormais, plus que la soif, j'éprouve les effets de la soif. Cette gorge dure. Cette langue de plâtre. Ce raclement et cet affreux goût dans la bouche. Ces sensations-là sont nouvelles pour moi. Sans doute l'eau les guérirait-elle, mais je n'ai point de souvenirs qui leur associent ce remède. La soif devient de plus en plus une maladie et de moins en moins un désir. Il me semble que les fontaines et les fruits m'offrent déjà des images moins déchirantes. J'oublie le rayonnement de l'orange, comme il me semble avoir oublié mes tendresses. Déjà peut-être j'oublie tout. Nous nous sommes assis, mais il faut repartir. Nous renonçons aux longues étapes. Après cinq cents mètres de marche nous croulons de fatigue. Et j'éprouve une grande joie à ■n'étendre. Mais il faut repartir. Le paysage change. Les pierres s'espacent. Nous marchons maintenant sur du sable. A deux kilomètres devant nous, des dunes. Sur ces dunes quelques taches de végétation basse. À l'armure d'acier, je préfère le sable. C'est le désert blond. C'est le Sahara. Je crois le reconnaître... Maintenant nous nous épuisons en deux cents mètres. «Nous allons marcher, tout de même, au moins jusqu'à ces arbustes.» C'est une limite extrême. Nous vérifierons en voiture, lorsque nous remonterons nos traces, huit jours plus tard, pour chercher le Simoun, que cette dernière tentative fut de quatre-vingts kilomètres. J'en ai donc couvert près de deux cents. Comment poursuivrais-je? Hier, je marchais sans espoir. Aujourd'hui, nous marchons parce que nous marchons. Ainsi les boufs sans doute, au labour. Je rêvais hier à des paradis d'orangers. Mais aujourd'hui, il n'est plus, pour moi, de paradis. Je ne crois plus à l'existence des oranges. Je ne découvre plus rien en moi, sinon une grande sécheresse de cour. Je vais tomber et ne connais point le désespoir. Je n'ai même pas de peine. Je le regrette: le chagrin me semblerait doux comme l'eau. On a pitié de soi et l'on se plaint comme [à] un ami. Mais je n'ai plus d'ami au monde. Quand on me retrouvera, les yeux brûlés, on imaginera que j'ai beaucoup appelé et beaucoup souffert. Mais les élans, mais les regrets, mais les tendres souffrances, ce sont encore des richesses. Et moi je n'ai plus de richesses. Les fraîches jeunes filles, au soir de leur premier amour, connaissent le chagrin et pleurent. Le chagrin est lié aux frémissements de la vie. Et moi je n'ai plus de chagrin... Le désert, c'est moi. Je ne forme plus de sauve, mais je ne forme plus, non plus, les images douces vers lesquelles j'aurais pu gémir. Le soleil a séché en moi la source des larmes. Et cependant, qu'ai-je aperçu? Un souffle d'espoir a passé sur moi comme une risée sur la mer. Quel est le signe qui vient d'alerter mon instinct avant de frapper ma conscience? Rien n'a changé, et cependant tout a changé. Cette nappe de sable, ces tertres et ces légères plaques de verdure ne composent plus un paysage, mais une scène. Une scène vide encore, mais toute préparée. Je regarde Prévôt. Il est frappé du même étonnement que moi, mais il ne comprend pas non plus ce qu'il éprouve. Je vous jure qu'il va se passer quelque chose... Je vous jure que le désert s'est animé. Je vous jure que cette absence, que ce silence sont tout à coup plus émouvants qu'un tumulte de place publique... Nous sommes sauvés, il y a des traces dans le sable!... Ah! nous avions perdu la piste de l'espèce humaine, nous étions retranchés d'avec la trihu. nous nous étions retrouvés seuls au monde, oubliés par une migration universelle, et voici que nous découvrons, imprimés dans le sable, les pieds miraculeux de l'homme. «Ici, Prévôt, deux hommes se sont séparés... - Ici, un chameau s'est agenouillé... - Ici...» Et cependant, nous ne sommes point sauvés encore. Il ne nous suffit pas d'attendre. Dans quelques heures, on ne pourra plus nous secourir. La marche de la soif, une fois la toux commencée, est trop rapide. Et notre gorge... Mais je crois en cette caravane, qui se balance quelque part, dans le désert. Nous avons donc marché encore, et tout à coup j'ai entendu le chant du coq. Guillaumet m'avait dit: «Vers la fin, j'entendais des coqs dans les Andes. J'entendais aussi des chemins de fer...» Je me souviens de son récit à l'instant même où le coq chante et je me dis: « Ce sont mes yeux qui m'ont trompé d'abord. C'est sans doute l'effet de la soif. Mes oreilles ont mieux résisté... Mais Prévôt m'a saisi par le bras: «Vous avez entendu? - Quoi? - Le coq! - Alors... Alors...» Alors, bien sûr, imbécile, c'est la vie... J'ai eu une dernière hallucination: celle de trois chiens qui se poursuivaient. Prévôt, qui regardait aussi, n'a rien vu. Mais nous sommes deux à tendre les bras vers ce Bédouin. Nous sommes deux à user vers lui tout le souffle de nos poitrines. Nous sommes deux à rire de bonheur!... Mais nos voix ne portent pas à trente mètres. Nos cordes vocales sont déjà sèches. Nous nous parlions tout bas l'un à l'autre, et nous ne l'avions même pas remarqué! Mais ce Bédouin et son chameau, qui viennent de se démasquer de derrière le tertre, voilà que lentement, lentement, ils s'éloignent. Peut-être cet homme est-il seul. Un démon cruel nous l'a montré et le retire... Et nous ne pouvons plus courir! Un autre Arabe apparaît de profil sur la dune. Nous hurlons, mais tout bas. Alors, nous agitons les bras et nous avons l'impression de remplir le ciel de signaux immenses. Mais ce Bédouin regarde toujours vers la droite... Et voici que, sans hâte, il a amorcé un quart de tour. À la seconde même où il se présentera de face, tout sera accompli. À la seconde même où il regardera vers nous, il aura déjà effacé en nous la soif, la mort et les mirages. Il a amorcé un quart de tour qui, déjà, change le monde. Par un mouvement de son seul buste, par la promenade de son seul regard, il crée la vie, et il me paraît semblable à un dieu... C'est un miracle... Il marche vers nous sur le sable, comme un dieu sur la mer... L'Arabe nous a simplement regardés. Il a pressé, des mains, sur nos épaules, et nous lui avons obéi. Nous nous sommes étendus. Il n'y a plus ici ni races, ni langages, ni divisions... Il y a ce nomade pauvre qui a posé sur nos épaules des mains d'archange. Nous avons attendu, le front dans le sable. Et maintenant, nous buvons à plat ventre, la tête dans la bassine, comme des veaux. Le Bédouin s'en effraie et nous oblige, à chaque instant, à nous interrompre. Mais dès qu'il nous lâche, nous replongeons tout notre visage dans l'eau. L'eau! Eau, tu n'as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on le goûte, sans te connaître. Tu n'es pas nécessaire à la vie: tu es la vie. Tu nous pénètres d'un plaisir qui ne s'explique point par les sens. Avec toi rentrent en nous tous les pouvoirs auxquels nous avions renoncé. Par ta grâce, s'ouvrent en nous toutes les sources taries de notre cour. Tu es la plus grande richesse qui soit au monde, et tu es aussi la plus délicate, toi si pure au ventre de la terre. On peut mourir sur une source d'eau magnésienne. On peut mourir à deux pas d'un lac d'eau salée. On peut mourir malgré deux litres de rosée qui retiennent en suspens quelques sels. Tu n'acceptes point de mélange, tu ne supportes point d'altération, lu es une ombrageuse divinité... Mais tu répands en nous un bonheur infiniment simple. Quant à toi qui nous sauves, Bédouin de Libye, tu t'effaceras à jamais de ma mémoire. Je ne me souviendrai jamais de ton visage. Tu es l'Homme et tu m'apparais avec le visage de tous les hommes à la fois. Tu ne nous as jamais dévisagés et déjà tu nous as reconnus. Tu es le frère bien-aimé. Et, à mon tour, je te reconnaîtrai dans tous les hommes. Tu m'apparais baigné de noblesse et de bienveillance, grand seigneur qui as le pouvoir de donner à boire. Tous mes amis, tous mes ennemis en toi marchent vers moi, et je n'ai plus un seul ennemi au monde. Terre des Hommes, 1939 |
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