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BALLANCHE - tous les romantiques






Un peu comme celle de tous les romantiques, la pensée de Ballanche est essentiellement confuse. Mais il y a deux sortes de confusions. L'une insiste surtout sur la trouble apparence de la chose qu'on contemple, sur l'absence de précision ou de netteté qu'elle présente en elle-même, bref, sur ce qu'il y a de plus vague dans sa substance ou dans l'image qu'elle nous suggère, quand on la considère en particulier, isolément. Mais la confusion, cela peut s'entendre aussi de la propriété que possède une chose de s'assimiler à beaucoup d'autres, de façon qu'en se mêlant ainsi intimement avec ces dernières elle tend à perdre ce qu'elle a d'individuel. De ce point de vue, dire d'une pensée qu'elle est confuse, c'est dire que d'elle-même elle court le risque de s'évanouir au sein de toutes les autres pensées. De même, dire d'une forme qu'elle est confuse, c'est laisser entendre qu'elle n'est pas une forme distincte, ou que cette forme se fond dans beaucoup d'autres. Telle est la sorte de confusion qu'on peut trouver chez Ballanche à un degré qu'on ne peut relever nulle part ailleurs. Il en fait même le principe de toutes ses théories. Ballanche est essentiellement un penseur qui se donne un mobile unique dans tous ses écrits : c'est d'unifier, dans sa pensée, tout ce qui existe et a existé, comme ne constituant jamais, quelle que soient les différences qui y éclatent, qu'un même ensemble, sans distinctions, composé non d'individualités, non d'existences nettement séparées, mais d'une masse plus ou moins informe de tendances similaires, engagées dans le même développement, et qu'on ne peut comprendre que si on perçoit la profonde solidarité qui les lie.

Le point de départ, cependant, d'une étude entièrement consacrée à cette solidarité profonde des pensées humaines au cours des âges, se trouverait dans l'examen de cas individuels : « Il y a, dit Ballache, des mouvements indélibérés qui agitent sourdement le fond de notre être. » Ces mouvements ont pour cause l'intime relation qui existe toujours, plus ou moins obscurément, entre l'individu et l'ensemble des vies humaines : « Sentiment réel mais obscur et indéfinissable de l'essence et de l'ensemble de tout ce qui existe. » - « Vagues contemplations, dit-il ailleurs, de la conscience individuelle s'assimilant à la conscience générale... »



De ces textes et de quelques autres, il résulte que, pour Ballanche, la vision de l'être individuel (par exemple, décrite par lui dans un de ses ouvrages les plus célèbres, La Vision d'HébaL), peut, en de certains moments littéralement prophétiques, lui donner une idée de la vue divine embrassant l'universalité de la création. Ainsi, le penseur peut jouir d'une vision proprement synthétique de l'ensemble. Mais ce don ne trouve sa pleine réalisation que si dans la conscience individuelle les images du passé révolu et du futur pressenti se groupent, que si « le fini et l'infini se confondent ». La pensée individuelle, dépassant ainsi démesurément ses limites habituelles, s'abîme, dit Ballanche, « dans le sentiment d'une existence universelle ».



Cette confusion magique qui estompe les différences individuelles, sociales, historiques, a pour résultat dans l'esprit qui s'y livre, de « condenser les actes successifs qu'il perçoit dans un seul acte », de transformer les faits séparés de l'histoire en un seul drame continu, dont le visionnaire a au plus haut degré l'expérience ». C'est ainsi qu'il ramène les événements et les expériences appartenant à des époques déterminées à une expérience achronique, dans laquelle tous les temps apparaissent comme contemporains les uns des autres, et, pris ensemble, constituent « une épopée idéale » à la fois successive et spontanée (c'est-à-dire, dans le langage de Ballanche, appartenant toutes ensemble à une sorte de révélation intemporelle, éternelle même, de l'expérience humaine, dont toutes les époques se découvriraient comme étant d'un seul tenant et comme vécues simultanément par un même être collectif, appelé par Ballanche V « homme universel ».

Tout se fond donc, en fin de compte, tout s'abîme dans un même instant, dans un même espace, dans une seule pensée, est-ce celle du poète ou du mage qui en a la vision ou de celui qui en est l'acteur originel ? Dans cette synthèse obtenue par pure confusion, absorption, identification de tous les éléments qui s'y confondent, il ne demeure plus rien d'individuel et de séparé. Il ne reste plus qu'une seule existence, « abstraite de toutes formes et de toutes limites », aperçu total d'une immense histoire universelle dont toutes les particularités, fondues ensemble, « ne font qu'un ».



BALLANCHE : TEXTES



Un Ecossais, sujet à des accidents nerveux particuliers et doué de seconde vue, s'était accoutumé, dès l'enfance, à vivre d'une double vie... Parfois il s'élevait au-delà de sa vie individuelle; il s'exaltait, s'épanchait, se divinisait, s'assimilait à la vie universelle. Le centre de son petit monde, gravitant vers le centre du grand monde, tendait de s'y confondre. (Vision d'Hébal.)



Il me semblait que j'étais confondu et abîmé dans le sentiment d'une existence universelle dont je faisais partie... Toute la chaîne de l'organisation, depuis la pierre brute jusqu'à la plus haute intelligence, était remuée à la fois. {Ouvres, t. 6, p. 212.)



Le fini et l'infini se confondent dans le même temps et dans le même être. (Ville des expiations.)



C'était l'existence absolue, inconditionnelle, abstraite de toute forme. (Vision d'Hébal.)



... Condenser des actes successifs dans un seul acte, un acte instantané. (Vision d'Hébal.)



... idée d'une contemporanéité générale... (Ouvres, t. 6, p. 288.)

J'eus un sentiment réel, mais obscur et indéfinissable, de l'essence et de l'ensemble de tout ce qui existe. (Orphée, Ouvres, t. 5, p. 169.)



Le genre humain, seule forme subsistante se réveillant de la mort [dans le Jugement Dernier]... Tant de générations qui parlent par un cri unanime, devenu une voix articulée, une seule voix, la voix de l'homme universel.

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