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Essais littéraire

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BARRÉS






« Petite âme neuve, obscure, à peine consciente » ; « Ame embrumée dans un corps infiniment sensible »; « belle étrangère en rêvant de laquelle le poète participe à la grande confusion où se plaît la nature » : Voilà quelques-unes des âmes féminines, délicatement troubles, qu'au cours de ses ouvres Barrés, de loin en loin, aime à évoquer. En les faisant émerger de leur obscurité relative, il leur donne parfois des noms qui le font rêver : Astiné Aravian, Jeanne d'Arc à Domrémy, ou le nom de celle qui se promenait dans son jardin sur l'Oronte. La première, ou une des premières d'entre elles, porte, comme nous le savons, le nom de Bérénice et le surnom de Petite-Secousse. Ce sont toutes, en un sens, des êtres bi-sexués, puisqu'en elles se marient, et en même temps se distinguent, un objet chaque fois désiré et une nature désirante unis dans un mélange équivoque, où, comme dirait Verlaine, « le précis à l'imprécis se joint ». Ainsi Bérénice, première en date des héroïnes barrésiennes, n'est ni un être exclusivement situé au-dehors, ni une forme purement subjective qui n'aurait de place que dans l'intériorité de celui qui en conçoit l'image. C'est une créature créatrice, inspiratrice d'un désir, mais c'est la sagesse aussi de celui qui en prend une connaissance lucide; extérieure donc, mais aussi intérieure, puisque rêvée, se situant donc dans un monde externe où elle tient une place définissable, mais directement issue d'autre part d'un acte de création mentale. Partiellement imaginaire, mais aussi plus qu'à moitié réelle, chair convoitée et pensée erotique, moi et non-moi, sujet et objet, Bérénice, comme ses compagnes formant cortège tout le long des ouvres de leur auteur, combine donc deux fonctions essentielles dont l'une implique une séparation et l'autre, au contraire, une espèce de confusion. Impossible donc de définir l'alliance dont il s'agit ici, impossible aussi de la considérer comme tantôt déterminée, et tantôt indéterminée. Dans toute l'ouvre de Barrés nous nous trouvons ainsi sous le joug d'une équivoque perpétuelle, où toute forme précise tend à devenir confuse, où toute confusion tend à se muer en une forme précise, sans qu'il y ait jamais dans cet échange double et contradictoire la possibilité, pour celui qui la pratique, de faire autre chose que de rapprocher temporairement les contraires : « Fusion de ses pensées avec les vapeurs du dehors » : cette expression employée par Barrés pour résumer un jour son expérience serait la plus juste possible, mais à condition toutefois de se rappeler toujours qu'au moment de fusion succède ou s'associe un mouvement inverse, ce qui rend la relation plus trouble encore. Tout se ramène au fond à une continuelle alternance d'humeurs, de penchants, et finalement de pensées, qui s'accomplit par un mouvement dont on ne saurait clairement distinguer les étapes, mais dont on apprécie pourtant les nuances, au point d'y voir une série de conciliations magiques opérant dans une demi-simultanéité.



Bien entendu, cette unification magique a son côté positif aussi bien que négatif. L'un de ses avantages est la merveilleuse adaptabilité dont Barrés fait montre en rattachant les formes de pensées les plus diverses (par exemple l'éro-tisme et la politiquE), à une sorte de superforme qui n'est autre que le moi. À la différence de quelqu'un comme Gide, à qui on l'a volontiers comparé, Barrés, en effet, a toujours trouvé moyen d'utiliser, avec une habileté considérable, à son propre profit, les dons qui étaient les siens, et qui, si contradictoires qu'ils pussent être en principe, se trouvaient le plus facilemeat conciliés par lui, d'abord dans sa conduite extérieure, mais encore et surtout dans l'inépuisable trésor de richesses intimes dont il ne cessait d'orner sa vie intérieure. Si André Gide nous apparaît comme un être préoccupé, avant tout, par le besoin de s'épurer, c'est-à-dire, en son cas, de se libérer de toute richesse déjà acquise, afin d'aller chercher au-delà, le plus loin possible, dans la négation de ce qu'il possédait, la chance - douteuse, peut-être - d'un renouvellement de lui-même, Barrés, au contraire, qui fut son aîné et qui longtemps le devança dans cette chasse au bonheur, n'endura jamais les déceptions répétées auxquelles, chez Gide, cette quête ne pouvait manquer d'aboutir. Cela est si vrai que, dans l'optique gidienne, toute déception devenait une évasion, une libération, donc le seul bien que peut donner l'expérience de l'être, alors que chez Barrés, au contraire, chaque nouvelle expérience ne pouvait manquer d'apparaître que comme un gain positif de l'être intime, et assimilé aussitôt aux richesses déjà acquises, accueilli, de ce fait, avec grande faveur. Aussi toute la vie de Barrés, depuis ses débuts un peu hésitants jusqu'à son épanouissement terminal, apparaît-elle sous le signe presque exclusif de ce qu'on pourrait appeler la pensée acquisitive. Il ne s'agit nullement chez lui, à aucun moment de sa carrière, d'atteindre à plus de profondeur intérieure, à plus de vertu morale, à une conscience plus grande de ce que Gabriel Marcel appellera le « mystère de l'être ». Il s'agit simplement de s'annexer, de transporter dans l'enceinte de son moi, une certaine marchandise mentale qu'il utilise à ses propres fins, sans qu'on puisse véritablement dire qu'il en soit l'auteur ou le possesseur originel. Appropriation toute légitime cependant, mais qui a pour particularité de donner ainsi à l'ensemble de tendances complexes, contradictoires même, mises à jour, un caractère non plus strictement individuel, mais public et social. Maurice Barrés est celui qui, à une certaine époque de l'histoire littéraire a réussi à faire de son moi une sorte d'entrepôt de toutes les formes de culture. De ce point de vue, il a, si l'on ose dire, contribué de façon admirable à la formalisation de la pensée humaine, c'est-à-dire à l'opération délicate et compliquée par laquelle toute pensée, initialement confuse mais profonde, indéterminée mais riche de tous les possibles, s'engage par la suite dans une série de déterminations, individuelles d'abord, sociales ensuite, politiques finalement, qui, sans détruire entièrement la source assez trouble d'où elles sont issues, en encombrent un peu le fond, rien qu'en lui donnant une forme. Le cas de Barrés est donc particulièrement remarquable. Il est celui d'une pensée qui cherche à son problème une solution composite, une conciliation suprême de l'indéterminé et du déterminé. Mais l'indéterminé et le déterminé ne se concilient pas. Ils ont plutôt tendance à s'embarrasser réciproquement.



BARRÉS : TEXTES



A la base de cette vie littéraire, souple, nuancée et subtile, on voit distinctement de la vie abondante, vivace, sans forme encore, comme une force prête à toutes les déterminations. (Albert Thibaudet, Vie de Maurice Barrés, p. 13.)



A la manière qui utilisait dans la vie abondante et désireuse l'intense volupté d'une matière nue, il substituera peu à peu la manière qui utilise en elle la capacité de recevoir une forme... (Thibaudet, ibid.)

Ce mouvement, cet élan, ces puissances du désir sans objet... (Thibaudet, ibid.)



Son cerveau gorgé de jeunesse dédaignait de préciser ses visions. (Barrés sur lui-même jeune.)



J'ai surpris la poésie au moment où elle s'élève comme une brume des terres solides du réel. (Barrés sur lui-même.)



J'ai prié sur la Lorraine comme dans un cimetière, mais précisément une telle prière sans objet déterminé pourrait... ranimer cette morne terre. (Ibid.)



En pressant dant mes bras cette étrangère, je participe à la grande confusion...

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