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Charles NODIER (1780-1844) - Le père des romantiques






Fils d'un ancien professeur devenu avocat, maire de Besançon et président du tribunal, Nodier est élevé dans les tumultes de la Révolution auxquels il participe malgré son jeune âge. Il fait des études approfondies, notamment en sciences naturelles, ce qui l'amène à s'intéresser de près à l'entomologie. Il est un temps bibliothécaire, mais continue de faire de la politique, toujours de façon assez subversive pour avoir quelques ennuis avec la police, inquiète de ce curieux républicain royaliste ! Après quelques hésitations, il s'installe à Paris et publie Stella ou les Proscrits (1802), puis le Peintre de Salzbourg (1803) dont le lyrisme n'exclut pas la Napoléone (1800), une satire en vers, et diverses menées contre le régime qui ne le persécute que quelque temps. Après avoir été le secrétaire d'un millionnaire anglais et donné ses Questions de littérature légale (1811), il part en Illyrie pour un poste de bibliothécaire et de journaliste officiel : un voyage riche en impressions exotiques. Les défaites napoléoniennes le ramènent à Paris où il redevient journaliste tout en attendant des changements qui ne tardent pas.



Dans les débuts de la Restauration, il voyage (l'Ecosse en 1821), publie des articles et se fait mieux connaître dans le monde des lettres avec Jean Sbogar (1818), Thérèse Aubert (1819), Adèle (1820), Smarra (1821) et Trilby (1822), sans parler des essais dramatiques. En 1824, la sécurité vient, avec la nomination de Nodier au poste de bibliothécaire de l'Arsenal, une fonction idéale pour ce bibliophile émérite. L'Arsenal et son salon deviennent alors le foyer du romantisme, même si Nodier ne participe pas vraiment au militantisme littéraire qui se développe autour de ce mot. On joue, on danse, on lit et Nodier s'installe parfois dans un rôle de conteur pour un public où l'on trouve Hugo, Lamartine, Musset, Dumas, Sainte-Beuve, Vigny, Nerval, Delacroix, etc. C'est aussi l'époque d'une production diverse et très abondante : poésies, ouvrages d'érudition, traductions, articles, souvenirs et contes, notament la Fée aux Miettes, le Songe d'or (1832 pour les deuX), Hurlubleu et Jean-François les Bas Bleus (1833), Inès de las Sierras (1837). Malgré l'opposition de certains classiques, Nodier fut élu à l'Académie en 1833.



Fantaisie et fantastique



Tout ce que la vie a de positif est mauvais,

Tout ce qu'elle a de bien est imaginaire.

Bruscambille.



Cette épigraphe donnée à Trésor des fèves et fleur des pois vaut pour l'ouvre entière de Nodier. L'agrément de la vie se trouve donc dans un travail d'imagination que deux mots définissent bien lorsqu'on s'y applique en littérature : fantastique et fantaisie. Selon l'étymologie, il y a là un jeu d'apparitions et d'apparences qui commence avec l'utilisation d'éléments étrangers à tout réalisme : « Je vis alors, chose horrible à penser ! quatre têtes énormes qui s'élevaient au-dessus de la lanterne flamboyante, comme si elles étaient parties d'un même corps, et sur lesquelles sa clarté se reflétait avec autant d'éclat que si elle avait eu deux foyers opposés » (la Fée aux MietteS). Mais tout n'est pas dans ce genre terrifiant et l'on pourra reconnaître au fil des textes les éléments différents du roman noir, du fantastique strictement défini ou du conte merveilleux ; avec à chaque fois des souvenirs littéraires et des images qui relient Nodier à ses prédécesseurs qu'il aime tant lire dans de belles éditions, d'Apulée et des Mille et Une Nuits jusqu'à Mary Shelley en passant par Perrault, Cazotte et surtout Hoffmann. Cependant, ces références et ces différences nous retiennent moins que l'unité d'un climat surnaturel commun à de nombreux textes - et où la fiction littéraire installe des univers parallèles, des décors et des êtres que seule l'imagination peut produire : génies, sylphes, spectres et fées, châteaux inquiétants et damnés (Jean Sbogar, Inès de las SierraS), vampires (SmarrA), lutins d'Ecosse (TrilbY), naine magique (la Fée aux MietteS). Jusqu'aux noms des personnages qui ont toujours quelque chose de poétique et de drôle : Jean-François les Bas Bleus, Brisquet et Brisquette avec leurs enfants Biscotin et Biscotine (Histoire du chien de BrisqueT), le fakir Abhoc et le docteur Abhac (le Songe d'oR), le Chinois Kaout't' Chouk et bien sûr Hurlubleu, grand manifafa d'Hurlubière !



C'est sur ce point que l'on peut faire le lien entre la partie la plus intéressante de l'ouvre et les premiers essais de Nodier dans un genre romantique et romanesque très inspiré de la Nouvelle Héloïse et des Souffrances du jeune Werther : proscrits en rupture de société, amoureux épris d'absolu, séparés par le sort et suicidaires, paysages états d'âmes, tout cela doit beaucoup à la littérature d'époque ; mais l'originalité de ces textes du début tient à la part de rêve qu'on y trouve et que les contes de la maturité rendront plus riche et plus colorée. Au fond, on rejoint aussi de cette façon les protestations individualistes et artistes de Nodier contre l'idéologie ambiante du progrès technique et matériel, cette mauvaise vie positive à laquelle il faut opposer l'imagination. Un détail achèvera de le prouver : la présence insistante, dans cette ouvre, des personnages d'originaux et de bizarres - le charpentier du palais de la reine de Saba en quête de la mandragore qui chante (la Fée aux MietteS), le savant fou (Jean-François les Bas BleuS), le bibliomane ou le plaideur imbu de son langage juridique - qui, tous, substituent leur réalité à une réalité « positive » menaçante ou sans intérêt : leur fantaisie est un refus et un refuge.



Les malices du conteur



La forme littéraire la plus propice à ces univers parallèles est bien sûr celle du conte et elle est parfois explicitement choisie : « Il y avait une fois un pauvre homme et une pauvre femme qui étaient bien vieux [...] » (Trésor des fèves...). D'emblée, un autre contrat de lecture s'impose qui nous situe souvent dans le merveilleux, et qui, surtout, autorise l'intervention fréquente du narrateur. Mais évidemment pas sur le ton lyrique et dolent des premiers ouvrages. Quelques mots aigres-doux viennent vite sur les mours ou la politique : « J'avais juré de ne plus parler de politique, parce que la politique est assez parlière d'elle-même pour se passer de truchement ». Nodier pastiche aussi le langage juridique du plaideur avide : « Je vais prendre acte de possession en mettant quelques-unes de ces pièces dans mon turban, pour qu'il conste ostensiblement et péremptoirement, en la cour, si la cause y est évoquée, de l'antériorité de mon droit ». Il s'amuse à écrire l'épitaphe du biblio-mane : « Ci-gît sous sa reliure de bois un exemplaire infolio de la meilleure édition de l'homme, écrit dans une langue de l'âge d'or, que le monde ne comprend plus ». Il plaisante encore dans un titre : « Comment un savant, sans qu'il y paraisse, peut se trouver chez les lunatiques, par manière de compensation, des lunatiques qui se trouvent chez les savants ». Le ton de Nodier est bien là : une forme d'esprit railleuse, même lorsque le drame et la mélancolie s'imposent.



Et l'allure générale du récit confirme bien cette impression : guère de plan strict ou raide, mais plutôt des digressions, des pauses, des chapitres « inutiles », des apartés amusants comme on en trouverait chez Sterne ou Diderot. Mais ces références et ces allusions sont presque un jeu de plus que Nodier nous propose, au point que le pastiche devient parfois le vrai sens d'un texte, conte bleu ou roman noir. Perrault, Hoffmann, de nombreux étrangers que Nodier a connus et révélés très tôt à ses disciples, on peut les reconnaître dans ces livres lettrés qui vont à sauts et à gambades. Le plaisir rare que Nodier nous donne est ainsi celui de la complicité. S'il aime assez le terme érudit ou étranger, la formule inattendue, cette innovation n'est pas un geste de rupture, plutôt l'effet d'une écriture à la fois cultivée et personnelle. Cette ouvre est bien, en définitive, celle d'un amoureux des livres, des langues et des mots.

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