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Georges DUHAMEL - UNE VOITURE RÉTIVE - COMMENTAIRE






Nous ferons appel à ces quelques lignes pour saisir certains aspects de l'ouvre de Georges Duhamel et certaines qualités ou certains défauts de ses personnages. Il a peint dans son roman les classes moyennes françaises: le milieu des savants, des professeurs, des médecins.

«La recherche de la sainteté, voilà, plus encore que la recherche scientifique, l'occupation essentielle des héros de Duhamel. Ils sont pauvres et ne désirent posséder d'autres biens que ceux de l'esprit et du cour. Ils comprennent les lettres et les arts mieux que les classes moyennes d'aucun autre pays du monde. Ils voudraient se rendre meilleurs. Peu y réussissent parce que le désir, et l'orgueil, et l'envie les tiraillent. Mais, tels qu'ils sont, Duhamel les aime, ces Français imparfaits et insupportables, comme les aimait le Dieu de Péguy.»

André Maurois



GEORGES DUHAMEL

(1884 - 1966)



Georges Duhamel appartient, comme Roger Martin du Gard et Jules Romains, à la fameuse génération qui avait créé, pendant l'entre-deux-guerrcs, «l'âge d'or» du roman français.

Né à Paris, médecin de formation, il est venu à la littérature en 1906 quand il fonda avec quelques amis, à Créteil, "l'Abbaye, groupe fraternel d'artistes". Cette expérience de vie communautaire, qui ne dura que très peu, sera d'ailleurs transposée dans son roman La Chronique des Pasquier (Le Désert de BièvreS). Comme son héros Laurent, Duhamel était le fils d'un homme qui avait entrepris, à quarante ans passés, des études de médecine. Lui-même biologiste et médecin, il s'engagera pendant la Grande Guerre comme chirurgien militaire.

Doublement humaniste,, par la sensibilité et par la culture, passionné par la musique, le théâtre et la poésie, Georges Duhamel obtiendra en 1918 le prix Goncourt pour son livre Civilisation. A partir de 1920, il abandonnera la médecine pour la littérature. Son roman cyclique, La Chronique des Pasquier (dix volumes publiés entre 1933-1941) revêt / comprend une forte dominante autobiographique.



PRINCIPALES OUVRES



Vie des martyrs (1917): récit de guerre; Civilisation (1918): récit de guerre;Ve et aventures de Salavin (5 volumes, 1920-1932): Scènes de la vie future (1930); La Chronique des Pasquier ( 10 volumes, 1933-1941).



LA CHRONIQUE DES PASQUIER

PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU ROMAN

La Chronique des Pasquier, roman familial, roman cyclique, roman fleuve qui décrit les destinées d'une famille entre 1850 et 1930, compte dix volumes: 1) Le Notaire du Havre; 2) Le Jardin des bêtes sauvages; 3) Vue de la Terre promise; 4) La Nuit de la Saint-Jean; 5) Le Désert fe Bièvres; 6) Les Maîtres; 7) Cécile parmi nous; 8) Le Combat contre les ombres; 9) Suzanne et les jeunes hommes; 10) La Passion de Joseph Pasquier.

Le personnage principal du roman, et en même temps le narrateur, est Laurent Pasquier, double de l'auteur. Né en 1881, il est devenu, grâce à son travail acharné, biologiste et médecin, professeur au Collège de France. En 1931, à l'âge de 50 ans, il commence à rédiger ses mémoires (la Chronique des PasquieR) où il présente les destinées hors pair des membres de sa famille (le "clan" PasquieR): le père, le docteur Raymond Pasquier, est un hâbleur raté, mais en même temps un personnage fantaisiste, extravagant, pittoresque, échafaudant toujours des plans pour s'enrichir et causant toujours des ennuis à sa famille; il avait exercé tous les métiers, avant de devenir finalement médecin; Mme Pasquier, une brave femme, émouvante, tendre et travailleuse, victime perpétuelle des extravagances de toutes sortes de son mari; le fils aîné, Joseph, devenu homme d'affaires; Cécile, véritable créature angélique, séraphique, est une musicienne de génie, tandis que sa sour, Suzanne, deviendra actrice.



UNE VOITURE RÉTIVE



Nous ouvrîmes la remise. On y voyait une mécanique" extraordinaire que nous considérâmes aussitôt avec respect et curiosité. La dernière fantaisie, la dernière folie de mon père.

«Jeunes gens, aidez-moi», dit-il, en ôtant sa jaquette. Tirée, poussée, la voiture «sans chevaux» vint au grand jour [...] «Ne vous installez pas tout de suite, fit mon père: il faut soigner la mécanique.» Il prit une burette, une loque, un bidon de benzine et commença de tourner autour de la voiture en nous donnant maintes explications.

«C'est une voiture à pétrole, disait-il, avec un moteur Daimler, le vrai moteur du progrès. Ce n'est pas le tout dernier modèle, sans doute. On fait, aujourd'hui, des voitures plus élégantes. Je ne m'y fierais pas: la mécanique est sacrifiée au luxe. Avant tout, la sécurité. Tenez, regardez, jeunes gens, comment se fait la mise en marche. Simplicité parfaite: je dévisse le robinet, je tourne le commutateur, et, maintenant, j'empoigne le volant de départ.»

Il avait ouvert la cage du moteur. On apercevait confusément toute une triperie métallique et- surtout, un lourd volant de fonte placé dans le sens des roues et que mon père saisit à pleine main. Il retint son haleine et fit un geste énergique pour imprimer au volant un mouvement de rotation. La machine renifla longuement, éternua, puis lâcha quelque chose comme un aboiement.

«N'ayez pas peur, dit mon père, ce genre de moteur s'appelle, en propres termes, moteur à explosion. S'il pète, c'est qu'il va marcher.

- Oh! déclarâmes-nous dignement, nous n'avons pas du tout peur. C'est même assez intéressant.»

Une dizaine de fois, mon père lança le volant sans résultat. Le moteur toussait, râlait, renâclait sans se décider . Et, soudain, il partit: «Tap, tap, tap» et la voiture se mit à trembler tout entière, avec un bruit de fusillade. Mon père, toujours souriant, remettait sa jaquette, son haut-de-forme, ses gants jaunes. Il dit:

«Laurent, tu monteras derrière. On va placer le coussin. Ton ami se mettra près de moi (...)». Mon père, bien droit, la main gauche sur la hanche, semblait parfaitement maître de cette force tempétueuse. Comme nous arrivions sur la place de l'église, il souleva son couvre-chef et salua plusieurs personnes d'une façon fort élégante.

«Je ne suis pas vindicatif», dit-il - et cela nous fit sourire, car il était passablement vindicatif - «mais je voudrais rencontrer cet imbécile de Blottier pour lui montrer, confraternellement, qu'au point de vue des idées, je suis plus jeune que lui.»

À cet instant précis, et sans aucune raison évidente, comme un cheval qui prend peur à la vue d'une brouette, notre voiture fit un écart à droite et monta sur le trottoir. Elle y roula quelques mètres et vint donner du museau dans la boutique du pharmacien.

«Ma manette de direction est un peu trop délicate, fit mon père, mais ça n'a pas d'importance, car je voulais, justement, passer chez le pharmacien. Tirez la voiture avec soin, mes garçons, el replacez-la sur la chaussée.»

Nous fîmes de notre mieux pour exécuter cet ordre. Une petite foule de badauds s'était rassemblée pendant ce temps et quand mon père, de retour, remit la machine en route, nous dûmes prier les curieux de nous livrer passage.

La course reprit. Il faisait une douce et molle matinée d'automne. De grands nuages semblaient chercher dans la campagne le point convenable pour lâcher une averse indolente. Mon père dit:

«S'il pleut, Justin, tu ouvriras le parapluie qui est dans l'étui d'osier, à ta gauche.»

À ce moment, la pluie tomba. Justin déployant le parapluie, se mit en mesure de protéger mon père et le chapeau de soie de mon père. Nous avions quitté les maisons. Une grande plaine fraîchement labourée se montrait sur notre droite [...]. Le sol dévalait vers un hameau dont on apercevait les maisons et les vergers. La voiture avançait en égrenant un joli chapelet de détonations qui s'amortissaient dans l'étendue. Parfois, quelque détonation manquait à l'appel ou bien faisait long feu. Mon père souriait avec un sang-froid que, dans le fond de mon cour, je jugeais remarquable. Il disait:

«Cette voiture peut faire dix-huit et même vingt ou vingt-deux kilomètres à l'heure. Mais je ne la connais pas encore assez pour lui demander le maximunm. Ah! le pavé est mouillé. Moteur admirable, je vous l'ai dit. Le frein, malheureusement, ne m'inspire pas la même confiance.»

Nous venions de nous engager dans la partie la plus déclive de la côte. La voiture sentait la pente et bondissait de bosse en trou. Mon père saisit le frein dans sa main droite et murmura:

«Il serait préférable de ne pas prendre le mors aux dents.»

Nous avions cessé toute conversation, tels des expérimentateurs au moment critique de l'épreuve. De toutes mes forces, je m'agrippais aux poignées [...]. Mon père murmura, d'une voix calme:

«Nous dépassons peut-être le vingt-quatre ou le vingt-cinq à l'heure. Sentez-vous le vent de la course?»

Puis il ne dit plus rien et je pense que nous fûmes tous saisis d'une légère angoisse. Nous arrivions au tournant de la route. Devant nous se présentaient un petit fossé, un talus modeste, quelques pieds carrés de chaume, enfin le mur d'une propriété derrière lequel jaunissaient des touffes d'acacia.

J'entrevis tout cela dans une sorte d'illumination. Mon père prononça, la voix blanche: «Je tourne la manette à droite, puisqu'il faut aller à gauche.» J'entendis cette phrase raisonnable, froidement mécanique et, soudain, la voiture, au lieu de virer vers la gauche, se dirigea vers la droite, piqua dans le petit fossé, monta sur le talus, s'allégea, d'un coup de rein, de ses trois passagers et fonça vers la muraille.

Malgré la brutalité du choc, nous nous relevâmes tous trois aussitôt. Je vis mon père courir après son haut-de-forme, le ramasser, en lisser le poil d'un geste du coude et se tourner vers nous, souriant.

«C'est, dit-il, le phénomène du dérapage.»

La Chronique des Pasquier, Vue de la Terre promise



COMMENTAIRE



Que signifie le rire?

Qu'y a-t-il au fond du risible?

Pour Henri Bergson «plusieurs ont défini l'homme "un animal qui sait rire". Ils auraient aussi bien pu le définir un animal qui fait rire [...] ». Par le rire, l'homme manifeste son plaisir dans certaines situations que l'on dit «comiques». François Rabelais l'avait déjà dit au XVI-ème siècle: «Mieux est de ris que de larmes écrire / Pour ce que le rire est le propre de l'homme (Gargantua, Aux lecteurS)». La vie quotidienne nous offre parfois des occasions de rire. Mais ce sont surtout les films, les romans et les pièces de théâtre qui montrent des personnages pris dans des aventures qui prêtent à rire. Le texte de Duhamel est un de ces textes pleins d'humour, car on pourrait appliquer au docteur Pasquier la célèbre phrase de Saint-Exupéry: «Décidément les grandes personnes sont bien bizarres».

Le docteur Pasquier, qui ne laisse d'étonner sa famille avec ses extravagances, en 1900. à l'époque où les premières automobiles étaient très rares et, surtout, très chères, s'offre le luxe de s'acheter une voiture "sans chevaux". Accompagné par son fils Laurent et l'ami de celui-ci, Justin Weill, deux jeunes gens d'une vingtaine d'années, il s'apprête à faire une randonnée en voiture.

L'aspect humoristique du texte est souligné par certaines phrases de Laurent qui, justement, insistent sur ces extravagances coûteuses du docteur Raymond Pasquier: «La dernière fantaisie, la dernière folie de mon père.». La soif du nouveau, du progrès à tout prix, car le docteur Pasquier aurait été capable d'aller au fond du gouffre pour la satisfaire, revenait cher à la famille!

Malgré ses prétentions scientifiques, presque pédantesques (on dirait, en l'écoutant, que le docteur tient un véritable cours magistral à la Faculté de médecine, mais un cours ponctué d'expressions du français familieR), il échoue lamentablement toutes les fois qu'il s'agit de faire réellement preuve de qualités de mécanicien ou / et de chauffeur. Malgré la "simplicité parfaite" dont parlait le docteur, le moteur à pétrole, "le vrai moteur du progrès", refuse de démarrer. Les termes utilisés par l'auteur pour décrire les bruits émis par ce "vrai moteur du progrès" (en 1900!) nous font rire: «Une dizaine de fois, mon père lança le volant sans résultat.». «La machine renifla longuement, éternua, puis lâcha quelque chose comme un aboiement.» «Le moteur toussait, râlait, renâclait sans se décider».

Mauvais mécanicien, le docteur Pasquier est tout aussi mauvais conducteur: sur la place de l'Eglise, «sans aucune raison évidente» (en réalité le docteur, novice dans l'art de conduire, emporté par son discours contre son rival Blottier, commet une erreur à cause de son manque d'attentioN) la voiture monte sur le trottoir et vient "donner du museau dans la boutique du pharmacien". Comme toujours dans de pareilles situations embarrassantes, jamais à court d'explications, le docteur trouve immédiatement une justification à cet incident: «Ma manette de direction est un peu trop délicate, [fit mon père,] mais ça n'a pas d'importance, car je voulais, justement, passer chez le pharmacien ...»

À la fin de la course, quand le docteur commet une autre grave erreur, et que la voiture pique dans le fossé, il trouve toujours l'énergie pour donner une autre explication savante à cet incident: "C'est le phénomène du dérapage".

La situation prendra une allure tragi-comique quand le docteur, obligé de transporter à la maison la voiture abîmée, fera venir son cheval qui, effrayé par la voiture à pétrole, prendra le galop à travers champs et provoquera un véritable désastre: la voiture sera renversée et complètement abîmée.

Comble du ridicule de la situation, le docteur Pasquier n'avait même pas payé cette voiture!



Travail pratique

Rassemblez une documentation sur les vieilles voitures automobiles. Décrivez-en une.

Imaginez la suite de la promenade (pensez surtout à la réaction de Madame Pasquier!).

Essayez de présenter en quelques phrases votre voiture (si vous en avez unE) ou une voiture quelconque: moteur, cylindrée, puissance, vitesse de pointe, consommation de combustible, couleur, etc.



LE CREDO D'UN SAVANT

TEXTE DU MANUEL OFFICIEL



M. Rohner était dans son labo, c'est là qu'il m'a reçu. Je t'ai raconté qu'il vient de Russie où il a été soigner les cholériques et par conséquent étudier le choléra sur place. J'espérais qu'il m'en dirait quelque chose. Hélas! Il n'a rien dit. ce qui m'a navré, mais aussi m'a paru tout simplement héroïque. [...].

Le professeur Nicolas Rohner, à première vue, n'a pas l'air d'un savant qui s'applique avec minutie aux recherches de la biologie. À le voir, on le prendrait pour un militaire, un général d'artillerie ou de génie, par exemple. [...].

Nous avons longuement parlé de mes [nos] projets. Je devrais dire: j'ai longuement parlé... M. Rohner écoute. Parfois son visage se ferme et on a le sentiment pénible de pérorer pour une muraille. A d'autres moments, il fait jouer son sourire de séduction et tout s'éclaire.[...].

J'ai dit à M. Rohner que je préparais une thèse de doctorat es sciences au laboratoire de biologie du Collège de France. Il m'a fait un sourire discret et m'a répondu qu'il estimait beaucoup la personnalité de M. Chalgrin. Quelques phrases, rien de plus.[...].

Le manuel officiel, élabore en 1978, mentionne "Afrique" à la place de "Russie".

Pour finir, il m'a fait visiter son domaine. J'aurai un laboratoire, tout petit, mais pour moi seul. Il n'y a pas grand nombre d'élèves, en sorte qu'on pourra mener à bien d'utile besogne... [...].



M. Rohner était au travail, hier soir, et j'étais allé chez lui pour lui demander un conseil quand, sans répondre à ma question, il m'a dit, tout à trac: «Les tentations de trahir le rationalisme, de nous en détourner, même par la pensée, même une seconde, sont des pièges qu'il nous faut éviter avec rigueur. J'ai lu la communication que vous avez bien voulu me confier. Vous y citez les phrases par lesquelles Charles Richet termine son ouvrage sur l'anaphylaxie, ces phrases qui, malgré tout, laissent la porte ouverte au finalisme * . C'est une citation fâcheuse. Richet est un savant de grande valeur, mais s'il commence à déraisonner, il faut tout de suite le planter là. [...] Attention, monsieur Pasquier! Nous n'avons qu'un instrument sûr, fidèle et maniable: notre raison. Le reste est faillible, dérisoire, aveugle. Le reste nous mène à la barbarie tâtonnante. Alors, pas de compromis. Tout se doit expliquer, pour nous autres hommes, par la raison et seulement par la raison. Vous me comprenez bien; s'il y a d'autres explications, je ne veux pas même les entendre, je les abandonne à la méditation des mollusques, des annélides et autres animaux inférieurs. Ces explications ont abusé les hommes pendant quatre ou cinq mille ans. Nous sommes enfin délivrés, nous autres, les responsables. Alors, pas de chicanes et pas d'atermoiements! Celui qui, dans les conditions actuelles de la science, ne marche pas bien droit en regardant le but risque encore de tout compromettre. Appclcz-le, selon les cas, traître, lâche ou imbécile.» [...].

Malgré la moustache, M. Rohner ressemble à Robespierre. J'imagine que l'incorruptible devait parler ainsi, de cette même voix obstinée, glacée 1...1. Il doit d'ailleurs être doué d'une grande perspicacité, car, en ce moment, je ne cesse de penser aux problèmes du rationalisme dans l'époque moderne, et, juste, il me louche au vif.



La Chronique des Pasquier Les Maîtres



COMMENTAIRE



En 1908, Laurent Pasquier, jeune homme idéaliste, a commencé avec passion une carrière scientifique prometteuse. Dans le volume Les Maîtres, il découvre pourtant que ces "maîtres" ne sont en réalité que des hommes comme tous les autres. Il découvre graduellement leurs petitesses, leurs mesquineries, leurs jalousies, etc. Depuis de longues années, une sourde rivalité, une sourde dispute, oppose deux noms de la médecine et de la science: Chalgrin (le patron de LaurenT) et Rohner (chez lequel il venait d'obtenir un poste de préparateuR). Les deux sommités critiquent, chacun, les ouvrages et les idées scientifiques de l'autre, tout en feignant de se respecter mutuellement. Chalgrin a critiqué l'ouvrage de Rohner, Les Origines de la vie, mais sans le lui dire ouvertement, sans publier ses propres affirmations. Au contraire, il avait même envoyé à Rohner une lettre très élogieuse. Les notes de Chalgrin tomberont pourtant entre les mains de Rohner qui, dans un article, réfutera une à une les différentes assertions de Chalgrin, à la grande stupéfaction de celui-ci, car il ne pouvait pas comprendre comment ses idées, non publiées, étaient parvenues à Rohner.

Obsédé par son rationalisme, résultat de la pensée philosophique et scientifique du XIX-c siècle, Rohner n'admet aucune autre conception que celle se basant uniquement sur la raison. Selon lui aucune autre explication, métaphysique surtout, («Vous y citez les phrases par lesquelles Charles Richet termine son ouvrage sur l'anaphylaxie. ces phrases qui, malgré tout, laissent la porte ouverte au finalisme») n'est possible. («... s'il y a d'autres explications, je ne veux pas même les entendre, je les abandonne à la méditation des mollusques, des annélides et autres animaux inférieurs.») Cet exclusivisme, somme toute, assez étroit, de la part d'un savant obsédé par les problèmes de la vie, ne peut que choquer. Le professeur Chalgrin. à son tour, avait parfaitement raison en affirmant que le professeur Rohner appartient à cette catégorie de savants qui s'imaginent qu'en introduisant tous les gaz dans une éprouvette, obtiendraient, quelque temps plus tard, des formes de vie. Pourtani. la probité intellectuelle de Rohner ne peut être mise en doute. Il croit fermement et honnêtement à la puissance de la raison. Modeste, détestant parler de ses expéditions médicales («J'espérais qu'il m'en dirait quelque chose. Hélas! Il n'a rien dit, ce qui m'a navré, mais aussi m'a paru tout simplement héroïque.»), inflexible comme Robespierre, il croit dur comme fer à ses conceptions scientifiques.'

Rompant une à une ses illusions, Laurent s'affermira et évoluera vers la maturité et la lucidité. Il deviendra à son tour un brillant savant, tout en refusant la voie de la religion.



Travail pratique

Cherchez dans un dictionnaire général de la langue française ou dans un dictionnaire de philosophie la définition des termes suivants: raison, rationalisme, finalisme, parapsychologie et traduisez-les en roumain.

Cherchez dans un dictionnaire roumain de philosophie les termes mentionnés ci-dessus.

- Dressez de petites fiches de travail que vous traduirez ensuite en français.

Cherchez dans des dictionnaires encyclopédiques les noms suivants: Richet, Robespierre. Traduisez le résultat de votre recherche en roumain.

Pour François Rabelais (1484? - 1553) «science sans conscience n'est que ruine de l'âme». Essayez d'appliquer dans le cas du professeur Rohner la véracité de cette célèbre affirmation du grand médecin et humaniste du XVI-e siècle. Justifiez vos affirmations avec des citations du texte.

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