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KEATS - Paradis perdu de Milton






Dans une lettre à un ami, Bailey, Keats fait allusion à un passage du Paradis perdu de Milton, où Adam est décrit d'abord comme contemplant en rêve la forme d'Eve, et ensuite, au sortir de son sommeil, la voyant pour la première fois, en chair et en os. Cette apparition en deux temps, avec, dans l'intervalle, une pause, une interruption de l'image, apparaît à Keats comme très importante. Il y distingue quelque chose d'assez semblable à une expérience qu'il a vécue lui-même. Pour lui aussi, la seconde des deux apparitions a plus de prix et d'intensité troublante que la première, et cela parce que l'intervalle a étrangement rehaussé la beauté de l'être qui lui est apparu.

Ailleurs, Keats fera allusion à ce qu'il appelle la « capacité négative ». C'est la capacité que possèdent certains êtres de se soustraire aux calculs précis de toutes sortes, pour se transporter dans un domaine tout différent, celui de l'indécision, des doutes, du mystère, du vide.



Ailleurs encore, il dira qu'il aimerait vivre sans moi permanent, grâce à une suite d'élans discontinus se produisant avec ce qu'il appelle « une admirable soudaineté ». C'est cette soudaineté qui lui fait attacher tant de prix à tout ce qui le surprend dans le moment. Il répugne à avoir ce qu'il définit comme une identité ou personnalité continue. Il aime le jeu des ombres et des lumières. Dans ses propres termes, il vit par saccades (GustO).



Tous ces traits paraissent indiquer que la façon de vivre qui lui est la plus naturelle, c'est une vie qui reprend chaque fois son élan à la suite d'une interruption, un moment présent d'autant plus intense qu'il se détache sur le vide ou se démarque par rapport à un moment similaire, mais non identique, vécu auparavant.

Le détachement dont il est parlé ici prend donc parfois chez Keats l'aspect, non d'une expérience positive, mais d'une négation, douée cependant, il est vrai, d'un véritable pouvoir créateur. Ce serait la faculté qu'en de certaines occasions acquerrait la pensée du poète de se dérober, par une brisure soudaine, à la banalité de l'existence, et de créer ainsi en elle-même une place libre, un espace parfois tragiquement vacant, où, par exemple, une lacune de l'esprit, un manque, une privation, l'absence constatée d'un être aimé se fait cruellement sentir, et change le sens de la vie. C'est sur ce fond de négation et de vide que le poète, en de certains cas, voit se profiler avec une intensité particulière une forme chère, que - détail très important -, il percevrait, non pas en train d'apparaître, mais, au contraire, en train de mourir. L'on se rappelle la parole de Keats décrivant ainsi l'image de sa fiancée, Fanny Brown, qui venait de disparaître : « Je vois son visage toujours en train de s'évanouir. »

Ce thème, qui est celui de l'interruption, du retrait, de l'hiatus se révélant dans la continuité de la vie, semble être une variété du thème de l'indétermination. Non de l'indétermination comme phénomène originel ou terminal, mais comme révélation de l'absence, du néant perçu soudainement par une de ces fentes qui se créent dans le continu apparent de la vie.



KEATS : TEXTES



« Mon état d'âme n'a pas de moi. Il est à la fois tout et rien. Il n'a pas de trait caractéristique. Il aime l'ombre comme la lumière. C'est par élans qu'il vit... »



« Un poète est l'être le moins poétique qu'on puisse imaginer. Il n'a pas d'identité. Il est continuellement en train de devenir autre chose : le soleil, la lune, la mer, les hommes, les femmes...

« Il est un être d'impulsions successives. Il n'a aucun attribut, aucune identité... Quand je suis dans une pièce, l'identité de tous ceux qui y sont commence à peser si fort sur moi qu'en un rien de temps je suis annihilé. »



Le moment présent se trouve perché sur la crête du rien... Notre intérêt pour le futur, notre identification avec lui ne peuvent avoir de substance ; le moi lui-même que nous projetons devant nous pour le joindre est comme une ombre sur la surface de l'eau, comme une bulle d'air dans le cerveau.



... Une qualité que Shakespeare possédait à un degré extrême, c'est la capacité négative, celle qu'on a quand on est susceptible de vivre dans les incertitudes, les mystères, les doutes, sans faire des efforts irritables pour arriver au fait et à la raison.

« La capacité négative, continuellement issue du non-être, se réalise en se perdant dans l'unité du tout », dit Hugh. I. A. Fausset à propos de Keats.

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