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LA POÉSIE - Tendances générales, Saint-Amant, Tristan, Voiture






1. Tendances générales



La production poétique est importante et variée. Poésie religieuse de qualité variable, des fadeurs de Godeau aux élévations d'Arnauld d'Andilly, du P. Cyprien, traducteur de saint Jean de la Croix (1641), et de Tristan, ex-libertin dont l'Office de la Vierge (1646) respire l'authenticité. Éloges du Roi, des Grands et surtout de Richelieu, généralement moins sincères qu'au début du siècle. Poèmes d'amour souvent froids ou artificieux. Poésie descriptive. Un Malleville pratique tous les genres, du religieux à l'obscène. La nouveauté c'est le développement de la poésie mondaine : le modèle, c'est Voiture, suivi d'une cohorte de versificateurs galants.



On ne trouve que rarement la qualité d'avant 1630. L'heure n'est plus au lyrisme, ni d'angoisse, ni de fantaisie, ni de militantisme. La poésie est étouffée par l'emprise du pouvoir (1), de la raison, de la morale, des vraisemblances et bienséances, des règles, de la frivolité mondaine (2). A l'époque de Descartes, le langage s'éloigne de l'expression et de la représentation pour tendre à la maîtrise par l'analyse et l'abstraction. L'homme ne participe plus à un monde de correspondances, il domine un univers géométrique. Le rationnel l'emporte sur l'affectif et, chez les mondains, la tactique sur la spontanéité. Les plus grands poètes, Tristan et Saint-Amant, sont de plus en plus en marge de ce temps. Quatre-vingt-quinze poèmes de Boisro-bert (1592-1662) figuraient dans le Recueil de 1627. Sous-tendus d'inquiétude, animés de confidences, d'observations, de descriptions, servis par de la finesse et une grande facilité, plusieurs sont agréables. Mais en 1630, il devient l'attaché culturel de Richelieu. Le voilà perdu pour la poésie - à part les éloges ampoulés. Après la Fronde, il passera de la servitude politique à l'aliénation mondaine, pour devenir « grand-prêtre des coquettes ».

L'aspiration à l'ordre futur était féconde chez Malherbe. L'adhésion à l'ordre établi est maintenant stérilisante. Son disciple Racan proteste contre « l'insolence de ces docteurs qui [...] ont fait une grammaire, une logique et une rhétorique des choses les plus communes, que nous avons pratiquées dès le berceau ». Bientôt, « l'on ne pourra plus rire [...] que par règles et par figures » (1635). Mainard, autre disciple de Malherbe, publie plusieurs de ses meilleures ouvres, caractérisées par une douce familiarité (Épître à Flotte, 1638 ; Ode à Alcippe, 1642 ; La belle vieille, 1644) ; mais il paraît démodé.

Les meilleurs poètes ont toujours le sens animiste des correspondances et métamorphoses. Mais c'est en général pour le jeu. On aime les paradoxes de sujets contrastés (Belle More, Belle Gueuse, Belle en Deuil, Belle Veuve, Belle VieillE). Mais les brillantes images, les flammes, les nuages et les vents, les reflets des miroirs et des eaux se font plus rares. Les mondains s'amusent aux mirages qui subsistent de l'esthétique baroque. Dans la rivière



... l'oil, souffrant de douces impostures,

Confond tous les objets avecque leurs figures,

C'est là que sur un arbre il croit voir les poissons,

Qu 'il trouve les oiseaux auprès des hameçons

Et que le sens, charme d'une trompeuse idole,

Doute si l'oiseau nage ou si le poisson vole.

(G. Habert de Cerisy, La métamorphose des yeux de Philis en astres, 1638)



Parmi les meilleures nouveautés, on relève de brillantes descriptions plastiques chez Tristan, Saint-Amant, Malleville, Scudéry. Luxe et volupté. On y voit l'influence des hédonistes baroques espagnols (Quevedo, GongorA) et italiens (Testi, Tassoni et surtout Marino, à Paris de 1615 à 1623, qui a donné l'exemple d'une imagination et d'un style qui visent à émerveilleR). Mais le goût du panache, de la surprise et du plaisir est une tendance générale de la France de Louis XIII.

Le mélancolique sentiment de la précarité de la vie, le goût morbide et macabre n'ont pas tout à fait disparu,



Je n 'aime que les funérailles

Des abîmes pleins d'horreur

Des hommes coupés par morceaux.

J'aime le silence et l'horreur,

La nuit, l'ombre, la solitude,

Bref la mort et les monuments

Plaisent à mon inquiétude. (Anonyme, 1643)



Les Délices de la mort de Puget de La Serre (1631) auront plusieurs rééditions. Mais Le Temple de la mort, de Ph. Habert (1633) est significatif de l'évolution du goût : il mêle la galanterie au macabre.



2. Saint-Amant



Ce contemplateur (cf. p. 48 et p. 139) reste, avec Tristan (préoccupé, lui, de vie intérieurE), le plus grand poète du moment. Après quelques métamorphoses mythologiques ingénieuses et brillantes, imitées de Marino (1622-1623), il affirme son originalité de 1623 à 1635 dans une série de descriptions savoureuses et pittoresques. Natures mortes (Le Fromage, Le Cantal, Le MeloN) ou paysages animés (La Pluie, L'Hiver des Alpes, L'Été de RomE), scènes de genre, portraits et croquis (La Gazette du Pont-Neuf, Les Cabarets, Les Goinfres, le Poète crotté, Le ParesseuX). « Une peinture parlante » comme dit Faret, tandis que Chapelain salue un « grand peintre des choses qui tombent sous les sens. » Emotion délicate, joie de vivre et de sentir, goût de la substance dans sa vivante plénitude comme dans son mouvement, relevé par l'inquiétude de l'instabilité ou même par l'effroi des cauchemars (Les Visions, La Chambre du Débauché). Et souvent une méditation (« Assis sur un fagot, une pipe à la main »...) qui parfois s'amplifie (Le ContemplateuR). Le tout dans le style clair, ferme et savoureux d'un poète qui se veut « maître absolu de la langue » (1640) et aime à en jouer. Une célébration du monde et de la vie, où l'ironie voile l'émerveillement.



Les choses se gâtent quand ce contemplateur, entraîné par une époque d'affrontements politiques, quitte la poésie personnelle pour d'amples ouvres plus engagées. Rome ridicule (1633-1636) est la description satirique d'une Ville qu'on eût cru sainte et splendide, de ses habitants et monuments, de son maigre Tibre, « bain de crapauds », « pissat de boufs ». Débauche de verve, mais lassante à force d'insistance. Puis, Saint-Amant s'essouffle dans le genre « héroï-comique » (Le passage de Gibraltar, 1636-1638 ; Albion, 1644). Sa finesse, sa fantaisie, son originalité peu conformiste, son tempérament épicurien ne peuvent s'épanouir dans cette poésie d'allure officielle et le privent de l'ardeur nécessaire à l'épopée. Moy'se sauvé, écrit de 1638 à 1653 n'est qu'une idylle héroïque.



3. Tristan



Dans les années 1628-1631, Tristan (cf. p. 48-49 et p. 139) semble n'avoir écrit qu'une ouvre importante : la Plainte de l'illustre pasteur. De janvier 1632 à septembre 1634, il accompagne son maître Gaston d'Orléans dans sa fuite à Bruxelles. Le 6 octobre 1633 paraissent Les Plaintes d'Acante (511 verS) et autres ouvres (vingt sonnets et vingt stances ou madrigauX), écrites peu avant. Thème général de ce recueil conventionnel pétrarquisant : l'amour (la galanterie est à la mode depuis 1630). Tristan continue à exprimer son mal être et la précarité - surtout celle du bonheur. L'amant transi, victime de l'indifférence de la belle, se complaît, malgré quelques révoltes, dans « les tourments agréables » (titre d'un poèmE) (3). La radicale altérité prend la figure de la femme et du coup la nature, changeant de fonction, se fait accueillante. L'introspection réduit l'angoisse. Le style, influencé par Marino, se complexifie (chiasme, oxymoron...) et tend au maniérisme. Mais il reste abstrait et la composition garde sa rigueur.

Un heureux moment dans cette ouvre mélancolique : Le Promenoir des deux amants (avant 1633), fortement inspiré de La Solitude de Théophile, peint l'harmonie entre les amants et la nature, qui, dans VÉglogue maritime (1633-1634), se soumet à la femme. On ne retrouvera plus cet optimisme chez Tristan. Les Terreurs nocturnes, où le héros n'est plus un contemplateur mélancolique mais un cavalier qui surmonte l'adversité, sont-elles de la même époque ?



Revenu en France, tandis que d'autres font belle carrière sous la protection de Richelieu, Tristan se plaint fort de Monsieur* (1634-1636). Il se tourne un moment vers le théâtre, avec succès (p. 91).



En 1633, l'auteur des Plaintes se disait un « grand écrivain », promis à l'immortalité ». Volte-face en 1637 : ce recueil n'est « composé que des erreurs de ma jeunesse et des marques d'un esprit oisif», de péchés » dont j'ai « honte ». En fait, les meilleures ouvres de Tristan sont pour la plupart antérieures à 1635 : à l'heure de Descartes et Voiture, une participation lyrique au monde et à la vie de l'esprit est devenue difficile. Tristan perd les métaphores de la nature et de la femme et donne parfois dans la facilité. Mais en même temps, abandonnant le détour par la nature et l'amour, il commence à écrire une poésie directement morale et religieuse (1633-1634 et 1636-1637), qu'il ne publie pas tout de suite.

Les Amours (20 mai 1638) ajoutent à 24 poèmes du recueil de 1633, 80 ouvres nouvelles (composées à partir de 1632), moins pétrar-quisantes, plus abstraites, plus complexes, d'une écriture plus contrastée. Face à une femme devenue métaphore du destin, d'un monde indifférent, de l'espérance fallacieuse, le désespoir de l'amant s'exacerbe et parfois revendique. Désenchanté, Tristan ne croit plus à l'amour ni à la poésie amoureuse : il s'en sert pour exprimer ses hantises et dénoncer la tentative illusoire de soumettre la réalité au désir. Le recueil s'achève sur La Sage considération et Misère de l'homme du monde. A l'heure de l'exaltation héroïque et des frivolités de salon, Tristan se réfugie dans la solitude des valeurs morales et conserve la gravité formelle de Malherbe. Malade (1637-1638), affecté par l'échec de sa tragédie Panthée (1637), dépouillé, au terme de longs procès, de son doihaine patrimonial, suspectant à la fois l'héroïsme, l'amour et - ce qui est grave pour la poésie - la possibilité d'être en correspondance sensible avec le monde, Tristan, poussé par la nouvelle orientation des mécènes, des salons, des autres poètes, cède à la facilité. Les procédés de Marino supplantent l'inspiration théophilienne. La Lyre (novembre 1641), recueil médiocre et contraire au goût du jour, regroupe des poèmes qui s'étagent depuis 1630. On y remarque, outre le prologue, les stances et les adieux d'Eurydice dans Orphée (638 verS), les stances A M. Berthod, textes de 1639, et quelques poèmes probablement antérieurs à 1635, comme Les Baisers de Dorinde.



4. Voiture (1598-1648)



Le poète le plus nouveau de cette deuxième période, c'est Vincent Voiture, maître de la poésie galante et mondaine dont la vogue s'affirme un peu avant 1630 et qui domine à partir de 1640. Fils d'un marchand de vin, fournisseur attitré de la Cour, il est accueilli à partir de 1625 à l'Hôtel de Rambouillet dont il devient le principal animateur. Il sera introducteur des ambassadeurs chez Monsieur (1627), maître d'hôtel de Madame (1634) puis du Roi (1639), premier commis du Surintendant (1643). Cultivé, fin, brillant, c'est un maître du jeu linguistique et poétique. Mais son rôle d'amuseur le réduit aux petits genres, aux fadaises galantes, aux incidents de la vie mondaine. Poésie à déguster sur place, par ses connotations liées à des conjonctures aussitôt révolues.

Il traite avec humour les thèmes et les formes, multiplie les genres (madrigaux, impromptus, vaudevilles, bouts-rimés, énigmes, métamorphoses, mais aussi épîtres, élégieS), ressuscite ballade et rondeau, aime le vieux langage et la chanson populaire, écrit des lettres qui passent pour modèles d'élégance. Ses subtils artifices restent discrets. Sa grâce est relevée d'ironies, d'équivoques (Les Stances du garçoN), de fausse naïveté. Ce décalage humoristique du style a quelque chose de verlainien, mais ce n'est que badinage.

Dans le même genre brillent Malleville (1597-1647), Benserade (1612-1691) et Godeau (1605-1672), autre animateur de l'Hôtel de Rambouillet avant d'être, à partir de 1636, le scrupuleux évêque de Grasse, puis de Vence. Cette poésie mondaine ne donnera pas de chef d'ouvre, mais un raffinement de l'expression séductrice.

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