Essais littéraire |
Suisse alémanique Ce qui frappe le plus dans la partie alémanique de la Suisse est que la langue allemande ne s'y est imposée que comme langue écrite. Le langage que l'on parle - qui porte le nom générique de suisse-allemand - est resté plus proche du moyen haut allemand dans ses sonorités, ses formes, son vocabulaire et sa syntaxe, comme dans la modulation de la phrase. La Suisse alémanique compte un grand nombre de dialectes distincts qui diffèrent les uns des autres suivant les régions, mais sont d'usage quotidien comme langue parlée, et ce dans toutes les circonstances de la vie et dans tous les milieux. Sauf dans la littérature dialectale, qui a été réactivée ces dernières années, les dialectes ne s'écrivent pas, ou tout au plus dans des correspondances privées. La langue écrite des Suisses alémaniques est Y allemand, qui a été introduit peu à peu depuis le XVIe siècle, sous l'influence surtout des écrits issus de la Réforme venant d'Allemagne. Cet allemand porte en Suisse le nom de «bon allemand». Schrifideulsch (allemand écriT), car c'est la langue de la communication écrite (livres, presse, correspondance, notamment dans les rapports officielS). Dans l'enseignement secondaire et supérieur, on parle un allemand fortement teinté de suisse-allemand, mais basé sur la langue écrite. 11 y a un seuil psychologique entre le dialecte et le bon allemand. Pour les Alémaniques, il manque à la langue écrite les caractères de vitalité du langage parlé. Cette tension entre dialecte et langue écrite se constate dans tous les domaines de l'expression orale. Ainsi choisit-on presque sans exception l'allemand pour le sermon; à l'armée, pour beaucoup d'ordres, mais souvent le dialecte pour des consignes de routine à la troupe. Radio et télévision usent de l'allemand pour les informations et les commentaires, du dialecte pour des interviews, des reportages, des émissions locales et l'heure des enfants. Le théâtre professionnel joue presque toujours en allemand, le théâtre amateur en suisse-allemand. Certaines autorités el le Parlement ont adopté l'allemand, d'autres ont choisi le dialecte. Les discours et les conférences se tiennent selon le lieu, l'occasion et l'objet dans l'un ou l'autre des langages. La proximité de la Suisse romande impose l'emploi de la langue écrite dans les rapports interrégionaux. Ce voisinage a conduit à l'emprunt en dialecte de nombreux mots français. La diversité géographique des dialectes s'explique par les conditions topographiques (vallées retirées en régions alpineS) comme par des séparations historiques ou confessionnelles. Elle est la conséquence des divisions en petites communautés au Moyen Age. Plus on avance dans le Sud-Ouest et le Sud-Est. plus les dialectes sont anciens. Dans la partie supérieure du Valais, canton qui est en majorité d'expression française, les dialectes alémaniques gardent des caractéristiques du vieux haut allemand. La mobilité croissante d'une société industrialisée, la pénétration du tourisme dans les régions de montagne et l'influence des médias atténuent les différences souvent marquées entre les dialectes, alors que ceux-ci mêmes évoluent. Les rapports singuliers entre les dialecles et la langue écrite préoccupent chaque écrivain alémanique et entraînent une originalité marquée dans nombre d'ouvres littéraires. La centrale des recherches concernant les dialectes alémaniques est l'institut de recherche Schweizerdeutsches Wôrterbuch créé en 1881. Suisse française En Suisse romande, les patois dérivaient du latin vulgaire, auquel se mêlaient des éléments celtes, burgondes et alamans. Pendant des siècles, ils ont existé parallèlement à la langue de l'administration, le français. Celui-ci s'affirma encore avec la Réforme, comme langue de la Bible. Langue de la bonne société, des villes et de la culture française, alors dominante en Europe, il s'imposa définitivement dans les villes réformées de Genève. Lausanne et Neuchâtel avant 1800. Les patois étaient considérés comme inférieurs, aussi bien socialement que littérairement. Ils disparurent de ce fait en bien des lieux. Des tournures locales, des régionalismes se sont maintenus, surtout dans le choix du vocabulaire. A ceci près, la langue de la Suisse romande est le français. Les patois de l'ancien franco-provençal ne se sont maintenus que dans les vallées alpines, et surtout dans le canton du Valais. Depuis 1973, le centre de dialectologie et d'étude du français régional de l'Université de Neuchâtel analyse le développement des rapports linguistiques dans la Suisse romande. Suisse italienne Dans la zone de langue italienne, les dialectes lombards primitifs se sont maintenus comme langue courante. Ils appartiennent avec ceux du Piémont, de la Ligurie et de l'Emilie au groupe gallo-italique. Nés sur le sol de l'ancienne Gaule cisalpine, ils sont ainsi apparentés à ceux de la Gaule transalpine, notamment le français. Cela a entraîné un trilinguisme de fait: à côté de Y italien langue officielle el littéraire, on parle dans la vie quotidienne le dialecte local. Entre les deux se situe un dialecte lombard interrégional qui permet à tous les habitants de la Suisse italienne et de la Lombardie de se comprendre aisément, mais qui n'est pas dépourvu de caractères locaux. La limite entre le dialecte et la langue écrite est essentiellement d'ordre social et psychologique; on parle dialecte en famille, entre amis et voisins, mais pas avec des inconnus. Le centre de recherches pour le Vocabolario dei dialetti délia Sviz-zera italiana à Lugano s'est spécialisé dans l'étude de la situation linguistique de la Suisse italienne. La Suisse rhéto-romane La langue des Rhéto-romans s'est développée depuis l'occupation romaine en l'an 15 av. J.-C. et la romanisation des habitants des Alpes centrales et du Frioul. Ce n'est pas une langue homogène. Le terme de «romanche» comprend une multiplicité de variantes de langages apparentés et pourtant divers. On peut les diviser en trois groupes: le romanche des Grisons, celui des Dolomites dans le Tyrol du Sud. et celui du Frioul dans la province italienne d'Udine. Le romanche grison est la langue de quelque 50 000 personnes qui parlent aujourd'hui de fait tous aussi l'allemand et sont donc ainsi bilingues. L'isolement des vallées alpestres a entraîné la formation de variantes régionales du rhéto-roman. Dans le canton des Grisons, on parle ainsi cinq dialectes romanches. à côté de l'allemand et de l'italien. Ce manque d'unité linguistique, dû aux circonstances historiques, confessionnelles et géographiques est de plus en plus menacé par l'influence grandissante de l'allemand (tourisme, industriE). La «Lia Rumantscha/Ligia Romontscha» s'occupe depuis 1919 du développement de la langue rhéto-romane sur tous les plans de la vie de la société. |
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