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L'autorité des savants






C'est dans les illustrations et les gravures de l'époque qu'on découvrira le mieux l'intérêt qu'elle porte aux sciences et aux techniques. À feuilleter Jules Verne, les encyclopédies et tous les ouvrages de vulgarisation qui paraissent dans les années 1860-1870, on s'aperçoit tout de suite que la science est d'abord un réservoir d'images, un embrayeur de rêves, pourrait-on dire en songeant au sous-marin de Nemo, à l'hélicoptère géant de Robur le Conquérant, au boulet expédié vers la Lune, aux expéditions fantastiques qui mènent le professeur Lindenbrock jusqu'au centre de la Terre, à toute une « science » merveilleuse assez proche de la féerie : les machines semblent parfois avoir pris la relève des tapis volants et des baguettes magiques. On aurait tort, cependant, d'ignorer les intentions pédagogiques de Jules Verne et de tous ceux qui se trouvent comme lui entre le roman et l'encyclopédie : certaines planches de ces livres sont consacrées à la géographie d'un continent, à toute une classe d'animaux ou de plantes, tandis que des pages entières sont remplies de rappels historiques, de listes de poissons ou de coquillages qu'on croirait tirées des ouvrages de Milne-Edwards. Mais, au-delà de la science, il y a encore l'exploration, la découverte : on parcourt le monde comme on parcourt la matière ou le vivant, avec le même enthousiasme conquérant. L'équipée de Phileas Fogg chez Jules Verne peut nous rappeler ici quantité de livres contemporains qui captivent le lecteur d'époque, fasciné déjà par les aventures de Stanley et de Brazza : récits de voyages, récits d'aventures, le genre n'est pas neuf, mais c'est sa tonalité qui change, passant progressivement de l'exotisme romantique au relevé précis et méthodique, à une sorte d'arpentage du monde où tout sera classé et répertorié ; comme dans une de ces grandes expositions universelles qui marquent l'époque, on y retrouvera, bien à leur place, les peuplades dans leur biotope, les animaux et les reliefs...

Quant au savant qui est l'artisan de ce travail, il devient une sorte de nouvelle figure mythique susceptible d'être exploitée par le roman : les ingénieurs et explorateurs héroïques que multiplie Jules Verne, le docteur Pascal de Zola, l'Edison de Villiers, plus poète que savant, ou encore son Tribulat Bonhomet capable de tuer les cygnes pour vérifier expérimentalement la qualité musicale de leur dernier chant ; il est vrai que nous sommes là dans la satire et que le personnage, dans sa férocité et sa bêtise positiviste, peut rappeler le pharmacien Homais dans Madame Bovary, ou encore Bouvard et Pécuchet. Cette accession du savant à la dignité romanesque traduit une admiration sociale et une idéologie dont on pourra voir l'articulation théorique : le savant n'est plus une sorte de magicien faustien inquiétant et maléfique, il est beaucoup plus le porteur d'un espoir et peut-être même d'une nouvelle foi ; sa science, sa connaissance devient une valeur quasi morale en permettant le progrès. Quelques noms cristallisent particulièrement l'enthousiasme : Darwin (De l'origine des espèces, 1859) montrant à l'ouvre la grande dynamique biologique, Schliemann redécouvrant Troie (1870), Pasteur exorcisant la rage (1885) comme Charcot exorcise l'hystérie (1873-1884), Lesseps réunissant les océans, Eiffel élevant sa tour (1887-1889)... La mythologie arrive vite : ils deviennent presque des héros, des saints laïques en butte à l'obscurantisme comme leurs prédécesseurs l'étaient au paganisme ou à l'hérésie.



Tous les domaines de la connaissance semblent touchés, animés d'un grand désir de science et aussi de vulgarisation ; des « magasins » pour enfants ou pour adultes, des journaux, des revues, des musées et des livres se chargent de diffuser cette science et il existe même des spécialistes qui travaillent à expliquer ses « merveilles » : Flammarion, par exemple, avec, entre autres, la célèbre Astronomie populaire (1880) après les Mondes imaginaires et les Mondes réels (1865), Dieu dans la nature (1867) et les Récits de l'infini (1872) ; Louis Figuier également, ou les géographes Vidal de la Blache et Elisée Reclus. 11 faut parler aussi de Pierre Larousse dont le Grand Dictionnaire universel (1866-1880) fait le point des connaissances universelles : avec même des orientations républicaines et progressistes qu'on retrouvera souvent chez les hommes de savoir. Littré, quant à lui, dans son Dictionnaire de la langue française (1863-1872), cherche, de façon très positiviste, à faire pour les mots ce que d'autres font pour les plantes et les roches, en classant, en ordonnant les sens et les emplois : le côté discutable et puriste de ces classements pour un linguiste moderne n'empêche pas la visée scientifique de l'ouvrage et l'admiration qu'on lui porte justement pour cette raison. Mais l'époque est aussi à l'édification de monuments historiques qui ont nom Michelet, Renan, Fustel de Coulanges ou Edgar Quinet, lus aujourd'hui pour leurs qualités littéraires ou visionnaires plus que pour leur exactitude scientifique : toujours est-il qu'à l'époque on est surtout sensible à la grande construction encyclopédique de leurs travaux. En dehors même des ouvrages explicitement scientifiques ou prétendant à la scientificité, la littérature réaliste et naturaliste permet de retrouver cette ambition d'examiner pragma-tiquement les choses et de tout dire, qui marque les textes de l'époque. En poésie, Leconte de Lisle affirme un temps le lien entre art et science. Parler de ce qui jusqu'ici restait impossible à dire relève moins, dès lors, de la provocation esthétique que du désir d'expérimenter et d'apprendre : Zola, sur le modèle de VIntroduction à l'étude de la médecine expérimentale (1865) de Claude Bernard imagine ce qu'il appelle le Roman expérimental (1880) ; le sophisme est facile à dénoncer, mais on sent qu'un tel titre est la preuve d'une fascination vraie pour les méthodes chargées de découvrir le réel dans son exhaustivité, avec ses beautés et ses monstres, son mouvement intime et son unité. On va même jusqu'à trouver dans le style de certains savants une économie de moyens, une écriture blanche et ascétique qui serait comme la forme littéraire la plus accomplie, dépourvue des ornements et des fausses élégances dont s'entoure une pensée molle.



Le positivisme en tant que doctrine philosophique est l'ouvre d'Auguste Comte et son Cours de philosophie positive (1830-1842) inspire une génération dégoûtée du romantisme et de Victor Cousin. Le positivisme deviendra une sorte de religion avec son calendrier, ses dieux, ses évangiles et ses temples, mais la pensée de Comte dépasse par son influence le cercle déjà nombreux des fidèles absolus ; chez les industriels, les responsables politiques et les écrivains s'affirme une sorte de positivisme diffus reposant sur quelques articles simples dont, en particulier, une vision historique où l'âge positif succède aux deux étapes nécessaires de l'âge théologique, puis de l'âge métaphysique. La pratique scientifique est donc l'illustration et le fondement d'une culture nouvelle où l'homme agira non plus en fonction de ses préjugés, mais en s'appuyant sur une connaissance certaine qu'il construit en se construisant lui-même : on n'en est pas encore à penser aux bouleversements successifs que la science provoque dans ses propres constructions intellectuelles. On a souvent montré le lien entre le positivisme et les Lumières : dans les deux cas, la connaissance scientifique et rationnelle devient le gage d'une liberté accrue de l'humanité qui assurera son émancipation et sa liberté, de l'école de village à l'institut (HugO). D'où l'importance de l'enseignement dans une telle idéologie, l'importance, aussi, d'une vision politique en complète opposition avec l'alliance, jugée rétrograde, du trône et de l'autel sous le second Empire (même si Auguste Comte s'y ralliE) : l'avenir est plutôt du côté de la République, du progrès, de la raison, peut-être même, pour certains, de la libre pensée. Certaines de ces conceptions sont partagées par des esprits comme Taine et Renan, même si chacun les nuance au gré de ses évolutions personnelles. Les analyses historiques de Taine, par exemple, l'orienteront plutôt dans le sens d'une réaction contre 89 et ses séquelles politiques et sociales (les Origines de la France contemporaine, 1875-1894). Mais l'ensemble de cette ouvre historique, critique et philosophique (De l'intelligence, 1870) s'inscrit sans équivoque dans le courant positiviste inspiré par les Lumières, par Spinoza et par Hegel dans le cas précis de Taine ; lorsqu'en littérature il insiste sur l'influence déterminante pour l'écrivain de la race, du milieu et du moment, lorsqu'en psychologie il considère que « le vice et la vertu sont des produits comme le vitriol et le sucre » (Histoire de la littérature anglaise [1864], phrase reprise par Zola en tête de Thérèse RaquirI), on voit bien l'esprit de sa recherche : toute une nouvelle école psychologique et sociologique (le terme vient de ComtE) viendra ensuite qui, comme lui, étudiera les manifestations de la conscience ou de la vie sociale (cf. DurkheiM) en tant que faits scientifiques à observer et à quantifier. Renan, pour sa part, a écrit l'Avenir de la science en 1848-49, mais ne le publiera que bien après, en 1890 ; on y lit des phrases définitives sur l'antagonisme entre science et révélation, et Renan lui-même montre son souci de vérité scientifique en matière philologique ou historique : par exemple sur ce sujet sensible que sont les origines du christianisme et spécialement la vie de Jésus (l'ouvrage portant ce titre paraît en 1863). On décèlerait cependant chez lui, notamment dans les ouvres de la maturité et de la vieillesse, une orientation à la fois plus spiritualiste et plus sceptique, un sens de la poésie qui l'éloigné des variantes les plus matérialistes du positivisme. Celles-ci apparaissent bien avec Marcelin Berthelot, dont on peut dire qu'il est le meilleur représentant du scientisme : pour lui, la Science devient franchement une nouvelle foi et une nouvelle morale, le gage d'un progrès et d'un avenir radieux ! Ce sont peut-être ces excès du positivisme et du scientisme qui sont responsables d'une sorte de réaction sensible vers la fin du siècle : se manifeste alors une sorte de renouveau spiritualiste et religieux, parfois irrationaliste, qui proclame la faillite de la science, l'importance au contraire de l'intuition, du sentiment, du rêve, de l'imaginaire, de l'indicible et de l'inquantifiable...



Religion et spiritualités



La question posée à l'Église en ces années continue à être celle de son attitude face aux valeurs de 89. La foi catholique est-elle conciliable avec la liberté de conscience et l'idéal démocratique, avec le libéralisme dans ses versions autant économique que politique, avec le rationalisme des philosophies ambiantes ? Pour répondre à cette interrogation qui les divise, les catholiques de France sont obligés de tenir compte non seulement de leur foi et de la situation française, mais aussi des intérêts politiques et spirituels de la papauté (qui doit subir à cette époque la disparition des États pontificaux, 1870). Si 48 avait marqué l'alliance du catholicisme et du mouvement social, l'arrivée au pouvoir de Louis-Napoléon Bonaparte et le règne de celui-ci vont provoquer l'apparition de deux grandes tendances adverses dans l'Eglise de France. D'un côté, héritier paradoxal d'un La Mennais ultramontain et légitimiste, le libéralisme catholique, plutôt gallican, essaie de réunir Dieu et la Nation en s'opposant à la dictature : les chefs de ce mouvement sont Falloux, l'auteur d'une loi scolaire favorable à l'enseignement catholique (1850), Lacordaire, le duc Albert de Broglie, Mgr Dupanloup et Montalembert dont deux discours déclencheront la condamnation romaine de 1864, l'encyclique Quanta Cura et le Syllabus.



Violemment opposé à cette tendance qui s'exprime notamment dans le Correspondant, le catholicisme intransigeant est défendu par Louis Veuillot, le polémiste de l'Univers, et par Mgr Pie, hostiles tous deux à ce qui leur paraît être une dénaturation du catholicisme dans ses principes mêmes, menacés déjà par le positivisme et la montée de l'incroyance (un signe justifiant en partie leurs inquiétudes pourrait être la crise des vocations, qui est nettE). En Renan, par exemple (la Vie de Jésus, 1863), ils voient moins le spiritualisme qu'un humanisme délétère ; en Michelet, en Quinet, dans les ouvrages de Littré, d'Edmond About, de Comte, de Taine, de Spencer, de Darwin, de Hugo même (le Pape, 1878), ils découvrent une contestation qui s'exprime tantôt par l'hostilité déclarée, tantôt par l'indifférence totale, tantôt encore par la moquerie et la caricature : celle, par exemple, du curé Bournisien dans Madame Bovary (compensée, il est vrai, par celle de HomaiS), celle aussi de certains prêtres dans l'oeuvre de Zola, avec des nuances auxquelles ses adversaires ne sont guère sensibles, de la Faute de l'abbé Mouret (1875) jusqu'au Lourdes (1894) des Trois Villes. Aux yeux des intransigeants, tous ces philosophes et ces écrivains illustrent en définitive une même pensée moderne et anticatholique qui mène au positivisme, au socialisme autant qu'à la libre pensée : il faut donc s'opposer avec vigueur à tout ce qui, dans le catholicisme même, pourrait favoriser l'adversaire, aux concessions que l'exégèse pourrait faire à la philologie athée, à un catholicisme libéral trop libéral et plus du tout catholique.



Il faut dire que le pape Pie IX semble partager ce sentiment et le fait savoir : l'affirmation du dogme de l'Immaculée Conception (1854), l'encyclique Quanta Cura et le Syllabus (1864) puis le Concile du Vatican (1870) aboutissant au dogme, cette fois, de l'infaillibilité pontificale, textes et décisions, tout va dans le même sens, celui du raidissement. Cette évolution s'accompagne en France d'un grand mouvement de dévotion qui permet au catholicisme de n'être pas seulement sur la défensive, de donner l'image d'un sentiment religieux à la fois fervent et très largement partagé : on peut penser aux nombreux pèlerinages organisés autour des apparitions de la Salette (1846), de Lourdes (1858), à la dévotion au Sacré-Cour (la basilique de Montmartre, élevée grâce à une souscription nationale, après 1870 et 1871), à la figure très honorée de Jean-Baptiste Vianney, le curé d'Ars, à une importante presse catholique (le Pèlerin créé en 1873, avant la Croix, revue puis quotidien à partir de 1883)... Pour combattre la déchristianisation, due en partie à l'exode rural, et l'idée aussi d'une religion des riches, un catholicisme social apparaît enfin, avec Frédéric Le Play sous le second Empire, puis Albert de Mun et René de la Tour du Pin qui fondent en 1871 les Cercles catholiques ouvriers : leur ouvre se situe dans une mouvance catholique-sociale favorable aux corporations et hostile à la société libérale. Cette orientation, beaucoup plus paternaliste que socialisante, est d'ailleurs confirmée par une encyclique (Rerum Novarum, 1891) où la lutte des classes est nettement condamnée, certes, mais où est marquée aussi la nécessité du droit d'association. En fait, c'est plutôt le laisser-faire du libéralisme économique qui est ici refusé, autant que peut l'être sur un autre plan le libéralisme politique.



Avec certaines différences, l'intransigeance reste donc de mise face aux erreurs du temps, et naturellement plus lorsque l'Église se trouve en butte à un anticléricalisme agissant (Gambetta et Jules Ferry en leur temps, puis, bien plus tard, les radicauX), que lorsque les cléricaux sont au pouvoir (la période de l'Ordre moraL). Quelle attitude un catholique doit-il alors adopter en politique ? L'Église des années 1880-1890 veut éviter à la fois la compromission et l'hostilité de principe face au nouveau régime républicain. D'où l'invitation faite aux catholiques de s'intéresser à la chose publique, d'où aussi le ralliement progressif au régime républicain (1890-1892) qui sépare donc le catholicisme des intérêts monarchistes et permet d'envisager un apaisement aussi bien entre les catholiques de différentes tendances qu'entre les catholiques et le régime : en fait, cette politique intelligente ne devient possible qu'à partir du moment où les acteurs du débat ancien (Pie IX, mais aussi Gambetta, Veuillot et le comte de Chambord, l'hypothétique Henri V) laissent la place à des esprits peut-être plus souples, à un Léon XIII, par exemple, « intransigeant éclairé » qui fut le promoteur en particulier d'une formation accrue du clergé à travers l'étude de saint Thomas.



Du catholicisme le plus orthodoxe (Huysmans après sa conversion en 1892) au sentiment religieux le moins théologique (Coppée ou, bien plus tard, Francis JammeS), la fin du siècle et le début de l'autre connaissent la contrepartie du positivisme triomphant des années 1850 et 1860. Sur un plan philosophique, la « crise allemande de la pensée française » (après la défaite de 1870) amène à chercher dans l'Esprit l'essence même du réel (Hegel, lu par Villiers, entre autreS), à voir dans le réel ce que notre esprit peut nous en donner (Kant et le néo-kantisme de cette époque à travers RenouvieR) ; les travaux de Bergson, quant à eux, cherchent la part d'intuition qui intervient dans notre saisie de ce réel, en un moment où, justement, la poésie veut moins accepter ce réel que l'interroger et voir « au-delà ». j Le symbolisme, en effet, s'édifie pour une part contre le monde tel qu'il paraît être, tel que le voient les savants à la Taine (cf. le personnage du maître dans le Disciple de Paul BourgeT), contre ce que Baudelaire avait appelé « la trivialité positive » : au réel on substituera donc l'Idéal dans une terminologie dont l'obscurité et le vague laissent la place à toutes les interprétations. On peut se poser la question de la religion de Baudelaire, d'abord : en apparence, l'audace des poèmes, leur « satanisme » semblent écarter l'idée même d'une foi, de l'adhésion à une religion constituée. Mais le retournement est facile et la critique a beau jeu de montrer que le blasphème ne peut exister que pour un rebelle qui est en même temps un croyant qui s'ignore, une sorte de Lucifer déchu et cherchant sa voie dans le mal comme un saint la trouve, lui, dans le bien. D'autres écrivains, des romanciers qui ont peut-être lu le Roman russe (1886) d'Eugène de Vogué, des poètes surtout, permettent la même analyse : Verlaine, d'abord, dont le recueil Sagesse (1880) serait comme le symétrique des Poèmes saturniens (1866), Rimbaud (compris ainsi par Claudel, en particulieR), Rollinat, Germain Nouveau et même Lautréamont ou Mallarmé, dont la quête poétique serait comme la recherche voilée d'une révélation. En ce sens, le poète devient mage ou prêtre (Louis le Cardonnel le fut !) et c'est bien la prétention de certains symbolistes mêlant de façon syncrétique les mythologies, les panthéons et les liturgies (cf. Edouard Schuré, les Grands Initiés, 1889) j: divinités wagnériennes aussi bien que védiques, métaphysique swedenborgienne ou romantique, héritière de Hôlderlin ou de Novalis, occultismes divers déjà fréquentés par Hugo ou Nerval ; Péladan, ainsi que Stanislas de Guaïta ne sont que les plus célèbres de ces « hiérophantes » para-symbolistes. Plus proches de l'Église, d'autres écrivains se rattachent à un catholicisme qui considère les recherches précédentes comme autant de divagations dangereuses. Barbey, lui, trouve dans une foi très traditionnelle une forme de contestation, de réaction dandy contre la vulgarité moderne : même phénomène, sans doute pour un Léon Bloy (le Désespéré, 1886), et surtout pour un Huysmans lorsque sa conversion le conduit du naturalisme pessimiste à la mystique.



En fait, pour tous ces écrivains, la démarche artistique est une démarche de salut et c'est en ce sens qu'elle est aussi une démarche religieuse : l'ouvre, dès lors, peut prendre les accents de la prière, faire accéder son auteur et peut-être son lecteur - au sentiment d'une transcendance. R. Bessède, dans son étude sur la Crise de la conscience catholique marque les caractéristiques de cette religion des artistes : il y voit en particulier une religion d'enfance et de liberté. Ecrire, dès lors, c'est à la fois méditer et prier, revenir aux sources en même temps que partir à l'aventure.



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