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Le théâtre : tradition et innovations






Dominé par l'ombre portée de Molière, le genre comique connaît, de Marivaux à Beaumarchais, de difficiles renouvellements. Dans la seconde moitié du siècle, alors que la tragédie est vouée à un déclin inéluctable, un genre nouveau triomphe : le drame. À mi-chemin de la tragédie et de la comédie, le drame emprunte ses personnages et ses situations à la réalité contemporaine. Cette recherche de voies dramatiques nouvelles s'accompagne d'une réflexion sans précédent sur le théâtre et le jeu de l'acteur.



Marivaux - Les jeux de l'amour et du langage



En explorant les jeux complexes des sens, du langage et des sentiments, Marivaux donne une orientaiion nouvelle à la comédie. Dans Le Prince travesti (1724), Hortense, confidente de la princesse de Barcelone, se refuse à reconnaître son amour pour Lélio et à devenir par là même la rivale de la princesse.



Hortense. - [...] Je vous avais prié de laisser mon cour en repos, vous n'en faites rien : voilà qui est fini, poursuivez, je ne vous crains plus. Je me suis d'abord contentée de vous dire que je ne pouvais pas vous aimer, cela ne vous a pas épouvanté, mais je sais des façons de parler plus positives, plus intelligibles, et qui assurément vous guériront de toute espérance. Voici donc, à la lettre, ce que je pense et ce que je penserai toujours. C'est que je ne vous aime point, et que je ne vous aimerai jamais. Ce discours est net, et je le crois sans réplique, il ne reste plus de question à faire, je ne sortirai point de là, je ne vous aime point, vous ne me plaisez point : si je savais une manière de m'expliquer plus dure, je m'en servirais pour vous punir de la douleur que je souffre à vous en faire. Je ne pense pas qu'à présent vous ayez envie de parler de votre amour, ainsi changeons de sujet.

LÉLIO. - Oui, Madame, je vois bien que votre résolution est prise ; la seule espérance d'être uni pour jamais avec vous m'arrêtait encore ici, je m'étais flatté, je l'avoue ; mais c'est bien peu de chose que l'intérêt que l'on prend à un homme à qui l'on peut parler comme vous le faites. Quand je vous apprendrais qui je suis, cela ne servirait de rien, vos refus n'en seraient que plus affligeants. Adieu, Madame, il n'y a plus de séjour ici pour moi, je pars dans l'instant, et je ne vous oublierai jamais.

Il s'éloigne.



Hortense, pendant qu'il s'en va. - Oh ! je ne sais plus où j'en suis, je n'avais pas prévu ce coup-là. (Elle l'appelle.) Lélio ?

LÉLIO, revenant. - Que me voulez-vous, Madame ?

Hortense. - Je n'en sais rien ; vous êtes au désespoir, vous m'y mettez, je ne sais encore que cela.

Lélio. - Vous me haïrez si je ne vous quitte.

Hortense. - Je ne vous hais plus quand vous me quittez.

Lélio. - Daignez donc consulter votre cour ?

Hortense. - Vous voyez bien les conseils qu'il me donne : vous partez, je vous rappelle, je vous rappellerai si je vous renvoie, mon cour ne finira rien.

LÉLIO. - Eh, Madame, ne me renvoyez plus ; nous échapperons aisément à tous les malheurs que vous craignez, laissez-moi vous expliquer mes mesures, et vous dire que ma naissance

Le Prince travesti, acte II, scène vi, 1724.



Beaumarchais-Figaro et l'esprit critique des Lumières



Dans Le Mariage de Figaro ( 1784), le comte Almaviva qui use de ses pouvoirs pour assouvir ses plaisirs de libertin, est pris pour cible par un Figaro qui, menacé dans ses amours, ne craint pas de remettre en cause les hiérarchies traditionnelles.

Le Comte. - Pourquoi faut-il qu'il y ait toujours du louche en ce que tu fais ?

Figaro. - C'est qu'on en voit partout quand on cherche des torts.

Le Comte. - Une réputation détestable !

Figaro. - Et si je vaux mieux qu'elle ? y a-t-il beaucoup de seigneurs qui puissent en dire autant ?

Le Comte. - Cent fois je t'ai vu marcher à la fortune, et jamais aller droit.

Figaro. - Comment voulez-vous ? la foule est là : chacun veut courir, on se presse, on pousse, on coudoie, on renverse, arrive qui peut ; le reste est écrasé. Aussi c'est fait ; pour moi, j'y renonce.

Le Comte. - À la fortune ? (À part.) Voici du neuf.

Figaro. - (-4 parT) À mon tour maintenant. (HauT) Votre Excellence m'a gratifié de la conciergerie du château ; c'est un fort joli sort ; à la vérité je ne serai pas le courrier étrenné des nouvelles intéressantes ; mais en revanche, heureux avec ma femme au fond de l'Andalousie [...]

Le Comte. - Qui t'empêcherait de l'emmener à Londres ?

Figaro. - Il faudrait la quitter si souvent que j'aurais bientôt du mariage par-dessus la tête.

Le Comte. - Avec du caractère et de l'esprit, tu pourrais un jour t'avancer dans les bureaux.

Figaro.-De l'esprit pour s'avancer? Monseigneur se rit du mien. Médiocre et rampant ; et l'on arrive à tout.

Le Comte. -... Il ne faudrait qu'étudier un peu sous moi la politique.

Figaro. - Je la sais.

Le Comte. - Comme l'anglais, le fond de la langue !

Figaro. - Oui, s'il y avait de quoi se vanter. Mais feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore, d'entendre ce qu'on ne comprend pas, de ne point ouïr ce qu'on entend, surtout de pouvoir au-delà de ses forces ; avoir souvent pour grand secret de cacher qu'il n'y en a point ; s'enfermer pour tailler des plumes et paraître profond, quand on n'est, comme on dit, que vide et creux ; jouer bien ou mal un personnage : répandre des espions et pensionner des traîtres ; amollir des cachets ; intercepter des lettres ; et tâcher d'ennoblir la pauvreté des moyens par l'importance des objets : voilà toute la politique, ou je meure !

Le Mariage de Figaro, acte III, scène v, 1784.



Diderot-Le jeu de l'acteur



Dans Le Paradoxe sur le comédien (1773), Diderot conçoit le jeu de l'acteur comme recherche consciente d'effets sur le spectateur.



Mais quoi ? dira-t-on, ces accents si plaintifs, si douloureux, que cette mère arrache du fond de ses entrailles, et dont les miennes sont si violemment secouées, ce n'est pas le sentiment actuel qui les produit, ce n'est pas le désespoir qui les inspire ? Nullement ; et la preuve, c'est qu'ils sont mesurés ; qu'ils font partie d'un système de déclamation : que plus bas ou plus aigus de la vingtième partie d'un quart de ton, ils sont faux ; qu'ils sont soumis à une loi d'unité ; qu'ils sont, comme dans l'harmonie, préparés et sauvés ; qu'ils ne satisfont à toutes les conditions requises que par une longue étude ; qu'ils concourent à la solution d'un problème proposé ; que pour être poussés juste, ils ont été répétés cent fois, et que malgré ces fréquentes répétitions, on les manque encore ; c'est qu'avant de dire :

Zaïre, vous pleurez ! ou.

Vous y serez, ma fille, l'acteur s'est longtemps écouté lui-même ; c'est qu'il s'écoute au moment où il vous trouble, et que tout son talent consiste non pas à sentir, comme vous le supposez, mais à rendre si scrupuleusement les signes extérieurs du sentiment, que vous vous y trompiez.

Le Paradoxe sur le comédien, 1773.



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