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Les sciences humaines






Dans la seconde moitié du vingtième siècle, les sciences humaines ont connu un essor important. Les travaux historiques et philologiques, après s'être longtemps cantonnés à l'univers des spécialistes, ont connu les faveurs d'un public toujours plus large. Mieux, oubliant leur provenance philosophique, les sciences modernes rompent le fer avec des problématiques qui ne se situent pas vraiment dans la même perspective qu'elles. La réflexion scientifique (même si les sciences humaines ne sont pas véritablement scienceS) qui ne s'intéresse qu'à l'exactitude du raisonnement prétend s'ériger en modèle universel de pensée alors qu'elle n'est que le visage moderne de la recherche de la vérité propre à la philosophie.

Quoi qu'il en soit, des savants éminents ont apporté à la connaissance du passé et du présent une somme d'informations irremplaçables, ont bouleversé nombre de préjugés et ont occupé dans le domaine littéraire un espace qu'il serait vain de vouloir ignorer.



L'histoire



L'école dite des « Annales » a été fondée par Lucien Febvre et Marc Bloch qui se donnent les moyens de leurs ambitions en créant à Strasbourg en 1929 une revue qui paraît d'abord sous le titre Annales d'histoire économique et sociale. Éditée sous diverses appellations de 1929 à 1945, cette revue est publiée depuis 1946 sous le titre Annales, économies, sociétés, civilisations. Lucien Febvre, Marc Bloch et plus tard Fernand Braudel ont été les instigateurs d'un travail considérable de recherche. L'histoire prétend dorénavant se poser comme science alors que l'approche du réel, telle qu'elle était pratiquée par l'histoire classique, est jugée trop floue. Le projet des « Annales » est de donner à l'époque contemporaine la possibilité de se comprendre en utilisant tous les documents susceptibles d'être exploités : témoignages directs, mais aussi façades d'églises, études statistiques, évolution des prix du blé, des costumes ou de l'alimentation.

Au lendemain de la guerre, la création de la VIe section de l'École pratique des Hautes Études (sciences socialeS), lieu de rencontre des principaux auteurs, correspond à une reconnaissance officielle de cette histoire que l'on a parfois qualifiée de « nouvelle ». L'esprit de Marc Bloch, fusillé par les nazis comme intellectuel, juif et résistant, fortifie les travaux menés alors. C'est en référence à son ouvre que seront écrits en France les plus grands livres d'histoire, comme l'ouvrage fondamental de Fernand Braudel (1902-1985), la Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II (1986, deuxième éditioN).



Braudel, qui avoue : « Il n'y a pour moi d'histoire que globale [...]. En dehors de l'histoire, aucune science humaine n'a la perspective globale », entrevoit et analyse une histoire à trois vitesses : la première, qui s'intéresse à la dérive des continents ou aux modifications du climat, correspond à une sorte d'histoire spatiale ; la deuxième, celle des sociétés et des civilisations, suit les migrations des peuples et leurs installations, la formation et la chute des empires : la troisième coïncide avec la période d'une vie et reste attentive aux actes des individus.

Une jeune génération poursuit avec éclat le travail des aînés : Jacques Le Goff (la Civilisation de l'Occident médiéval, 1964), Emmanuel Le Roy Ladurie (les Paysans du Languedoc, 1966), François Furet-Denis Richet (la Révolution française, 1972). On se penche sur la démographie historique (Pierre Goubert, Beauvais et le Beauvaisis delôOOà 1740, 1958) ; on s'intéresse à l'économie moderne de l'Europe du Nord, aux mouvements sociaux. La thèse de Pierre Chaunu (Séville et l'AtlantiquE) développe l'histoire sérielle : en plaçant en regard de la synthèse braudélienne sur la Méditerranée son équivalent atlantique, elle poursuit la grande ambition des « Annales » : écrire l'histoire des temps modernes, au premier chef italo-franco-hispanique, dans sa dimension économique.

Cette histoire n'a donc rien d'abstrait. Si les méthodes de recherche et d'exposition sont aussi rigoureuses que possible (« Bien écrire, ce n'est pas écrire joliment ; c'est écrire exactement », dit BraudeL), les historiens donnent toujours à lire un texte et non une série de formules mathématiques. L'histoire traduit en discours, sinon en récits, des problématiques particulièrement abstraites. Georges Duby, par exemple, use d'une langue classiquement maîtrisée pour communiquer des informations et des analyses d'ordre strictement scientifique.

Reste qu'aujourd'hui l'histoire semble quelque peu à la recherche d'elle-même. Les succès d'édition des biographies, des histoires régionales, des romans champêtres témoignent, sur le plan scientifique, d'un certain échec de l'histoire qui a dû laisser la place aux genres mineurs.



L'ethnologie



IEn 1949, Claude Lévi-Strauss publie le livre qui lui vaudra une renommée mondiale et qui, malgré les nombreuses discussions qu'il a soulevées, reste un des grands textes de l'anthropologie moderne : Structures élémentaires de la parenté. Après avoir mis en évidence le rôle central joué dans les sociétés primitives par les rapports de parenté, il montre comment ceux-ci s'ordonnent selon des règles symboliques dont la signification varie en fonction des sociétés étudiées, mais de manière limitée et cohérente. Lévi-Strauss se situe donc dans la lignée de Durkheim (qui recommandait de traiter les faits sociaux « comme des choses ») et de Marcel Mauss (qui invitait les historiens et les sociologues à considérer attentivement les faits ethnographiqueS). Lévi-Strauss propose à l'anthropologie sociale - terme qu'il préfère à celui d'ethnologie - un objet (l'ensemble des faits humains de nature symboliquE) et une méthode (l'analyse structuralE) qui consiste à repérer des formes invariantes et intelligibles au sein de contenus variants.

Dépassant l'ethnologie et la sociologie, l'ouvre de Georges Dumézil (1898-1986) s'impose aujourd'hui comme celle d'un très grand savant. A la fois historien, archéologue, linguiste et ethnologue, Dumézil a montré le premier que le terme « indo-européen » peut s'appliquer à la fois à une famille de langues et à une vision du monde commune aux peuples qui, dans l'Antiquité ou dans le haut Moyen Âge, parlèrent ces langues. Ces peuples, en effet, se représentaient la société selon une même division en trois castes rituellement séparées : celle des prêtres, celle des guerriers, celle des producteurs. Dumézil appelle cette représentation de la société l'idéologie tripartite et lui reconnaît la fonction d'un schéma structurel dont l'analyse des mythes, des épopées ou des institutions peut fournir d'innombrables modèles. Dans les trois volumes de la somme monumentale qui a pour titre Mythe et Épopée (1968-1973), Dumézil montre, en utilisant une méthode comparative circonspecte et raisonnée, qu'une représentation sociale ou religieuse peut s'incarner parfois dans un rite, parfois dans une institution, parfois encore dans un thème littéraire. Il dégage, par exemple, les transformations subies par certains mythes lorsque ceux-ci s'illustrent dans des épopées avant d'être repris, sous d'autres formes, dans des cycles romanesques ou poétiques à caractère plus populaire.



La psychanalyse



La psychanalyse, hors de ses domaines proprement médicaux dont nous n'avons pas à nous occuper ici, ouvre à l'investigation littéraire un domaine maintenant largement exploré.

C'est la figure de Jacques Lacan (1901-1981) qui domine en France le débat. Soumettant la langue française à une tentative de réorganisation radicale, en donnant la primauté au parlé sur l'écrit, en simplifiant la syntaxe, en démantibulant la phrase, le travail de Lacan va à contre-courant des principales tendances du français. Le texte de Lacan complique les constructions, restructure une langue que le jargon psychanalytique avait tendance à appauvrir. La théorie tient en quelques formules qui résument le processus analytique : « L'inconscient est structuré comme un langage » ; « L'inconscient, c'est le discours de l'autre » ; « Le style, c'est [...] l'homme à qui l'on s'adresse ».

Pour Lacan, Freud est un linguiste ; tous ses efforts visent à lire les textes du psychiatre autrichien à travers une grille linguistique. L'accent est mis sur les lois du langage dans lesquelles le sujet est installé avant son entrée dans le monde et qui président à son destin en gouvernant sa névrose. Lacan, à l'instar de Foucault (« Nous sommes avant la moindre de nos paroles déjà dominés et transis par le langage », écrit ce dernier dans les Mots et les ChoseS) pense que le langage non seulement prime l'apparition du sujet mais qu'il l'engendre. Par exemple, avant sa naissance, l'enfant existe dans le discours de ses parents : il a déjà un nom ; il sera donc « parlé » autant que soigné. L'inconscient devient le lieu privilégié du langage. Il correspond à cette partie de la parole dont la personne ne dispose pas et qu'il revient au psychanalyste de faire parler afin de rétablir la continuité du discours conscient.



La linguistique



Pour un linguiste, l'étude de la langue prend place dans une discipline plus large, la sémiologie. « La langue est un système de signes exprimant des idées, et par là comparable à l'écriture, à l'alphabet des sourds-muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse, aux signaux militaires, etc. On peut donc concevoir une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale ; [...] nous la nommerons "sémiologie" (du grec sémeïon, signE). Elle nous apprendrait en quoi consistent les signes, quelles lois les régissent. » Ainsi s'exprimait Ferdinand de Saussure dans ses Cours de linguistique générale, parus en 1916, après sa mort. D'emblée, celui qui a posé les fondements de la linguistique moderne inclut donc la science du langage - renouvelée notamment par sa distinction fondamentale entre les deux faces du signe : le signifiant (la face sensiblE) et le signifié (la face mentalE) - dans un ensemble plus vaste, qui résulterait de l'étude de tous les systèmes de signes repérables dans les échanges humains.

Il est vain de chercher à résumer les travaux des principaux linguistes depuis 1945. Renvoyons aux écrits de Roman Jakobson (1896-1982) dont les Essais de linguistique générale ont été traduits en français par Nicolas Ruwet en 1963, à ceux de Georges Mounin, par exemple Clefs pour la linguistique (1968), et d'André Martinet {Éléments de linguistique générale, 1960).

Le vingtième siècle apparaît sous bien des aspects comme le siècle de la linguistique. La langue est l'objet d'études, de vénération et de référence pour les savants, les philosophes (Heidegger parle de « la nécessité pour la linguistique de changer de base afin de se donner des soubassements ontologiques plus originaux », Être et Temps, § 34) et les écrivains. Si Jean Paulhan (1884-1968), par exemple, s'est intéressé à la peinture, c'est en comparant constamment le langage des mots avec celui des couleurs et des formes : Braque le patron (1952), la Peinture cubiste (1945-1957), Fautrier l'enragé (1962), l'Art informel (1962). Chaque page de lui questionne en réalité le langage et la communication.

Finalement, dans cette deuxième moitié du vingtième siècle, la littérature n'a de cesse d'être en quête d'elle-même. La question se pose des limites du texte littéraire en tant que tel, texte qui ne cesse de déborder sur des domaines annexes, notamment ceux de l'histoire et de la philosophie. C'est pourquoi la littérature s'est si passionnément interrogée sur ses fondements et son essence. Souvent les poètes disent : « La poésie est... » ou « Le poète est... ». En 1947, Sartre se demande « Qu'est-ce que la littérature ? » après que Heidegger eut posé les questions : « Qu'est-ce que la philosophie ? », « Qu'est-ce que la métaphysique ? », qui en supposent une troisième : « Qu'est-ce que la poésie ? » Cette interrogation inlassable de la littérature conduit à une remise en cause d'évidences plus ou moins admises, un désir de faire table rase des poncifs et des vieilleries, d'accéder à une conscience plus aiguë de son identité.

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