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Les « Trente Glorieuses »






Pendant les trois décennies qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France a connu une période de croissance sans précédent qui, se manifestant sur le plan économique et sur le plan démographique, a suscité de nouveaux comportements. Jean Fourastié nomme cette époque prospère les « Trente Glorieuses ».



Une « société de consommation »



C'est, en réalité, la plus large part de la planète qui a bénéficié de cette croissance économique d'une durée et d'une intensité exceptionnelles ; nulle autre période historique ne peut lui être comparée. Depuis 1945, en effet, la croissance économique des pays industrialisés, très rapide, largement supérieure au rythme d'accroissement de leur population, a entraîné une forte hausse du revenu moyen par habitant. De fait, la part réservée dans le budget des ménages aux dépenses consacrées à la culture, et plus spécialement à la littérature, a nettement augmenté.

De 1945 à 1970 environ, la France a vécu une période de prospérité marquée par l'augmentation de l'ensemble des productions, dont les causes, multiples et complexes, peuvent être énumérées rapidement : nécessité de reconstruire un pays détruit et ravagé par la guerre, augmentation de la population active et de l'intensité du travail fourni par celle-ci, modernisation de l'appareil de production, baisse progressive des prix de l'énergie et des matières premières en valeur relative de 1945 à 1970, amélioration du niveau d'instruction et de formation de la population, réalisation de progrès techniques et scientifiques considérables, développement des échanges internationaux, mise en ouvre (sous l'influence de la pensée de Keynes notammenT) de politiques économiques sensiblement plus dynamiques que par le passé. L'augmentation du rendement fut considérable : dans l'industrie française, la productivité du travail est passée de l'indice 100 en 1938 à l'indice 360 en 1975 ; d'où une très forte augmentation de la production.

S'est alors développée une « société de consommation », selon une formule désormais célèbre, c'est-à-dire - par opposition aux « sociétés de production » traditionnelles dont la croissance se fondait avant tout sur l'extension des investissements productifs - une société où le moteur essentiel de la croissance économique réside dans l'accroissement de la consommation et dans la stimulation de celle-ci grâce au crédit et à la publicité. Les taux de croissance deviennent l'objet d'une préoccupation obsessionnelle, voire d'un véritable fétichisme, les chiffres du produit national brut étant surveillés avec une méticuleuse attention par la plupart des hommes politiques et des chefs d'entreprise, sinon par l'homme de la rue. Certains auteurs parlent ainsi de « société de gain » (ToynbeE) ou de « civilisation du toujours plus » (Bertrand de JouveneL).



La mutation démographique



La démographie, dans la France de l'après-guerre, a connu l'intervention de trois facteurs importants : d'abord le redressement de la natalité, encouragé par la mise en ouvre d'une politique favorable aux familles ; ensuite, une réduction de la mortalité ; enfin, un courant d'immigration non négligeable. Le taux de natalité jusqu'en 1965 est de 18 %o et la France, qui avait 40,5 millions d'habitants en 1946, en compte 50 millions en 1969. La période de forte dénatalité qui a caractérisé l'entredeux-guerres a été suivie, après 1945, d'un mouvement de reprise : c'est le fameux « baby-boom », sensible particulièrement en France et aux États-Unis, qui va durer jusque vers le milieu des années 60. Un ralentissement très net intervient autour de 1965. L'immigration se stabilise progressivement après le retour des Français d'Algérie, puis diminue après la crise pétrolière de 1973. La mortalité se maintient. Le nombre des naissances baisse, la réduction de la natalité étant en France plus précoce et plus accentuée que dans les autres pays européens.



Autres temps, autres mours



Le bouleversement démographique s'est accompagné d'une évolution dans les modes de vie, de travail et de pensée. La population de la France des années 80 présente des traits nettement différents de ceux qu'elle pouvait offrir à la veille de la Seconde Guerre mondiale. À une population largement rurale, en majorité employée dans des métiers manuels, au niveau d'instruction relativement limité, fermement attachée à sa région d'origine, s'est substitué un ensemble d'individus plus instruits, plus urbanisés, plus mobiles, plus ouverts sur le monde extérieur, plus spécialisés dans des activités de service et dans des fonctions demandant une qualification élevée, plus indépendants enfin. Essentiellement urbaine (près de 80 % des Français vivent aujourd'hui dans des villeS), la population travaille principalement dans le secteur tertiaire qui regroupe à lui seul plus de la moitié des emplois. Jean Fourastié précise dans les Trente Glorieuses ou la Révolution invisible (1979) que « le travail des Français a changé en trente ans plus qu'auparavant en un siècle et demi, et plus qu'antérieurement encore en mille ans ; ce sont les activités collectives qui ont changé le plus, le primaire tombant à 10 % du total et le tertiaire montant à plus de 50 % ». De cette évolution témoignent nombre de personnages représentés dans les ouvres littéraires de l'époque : un exemple, d'autant plus remarquable qu'il appartient à un type de roman d'où toute préoccupation sociologique est absente, est fourni par Léon Delmont, cadre supérieur, héros de la Modification (1957) de Michel Butor.



Par ailleurs, une nouvelle catégorie de citoyens apparaît : les banlieusards. Pour eux s'édifient de grands ensembles à la périphérie des villes. Entre 1962, année où les rapatriés arrivent massivement d'Algérie, et 1969, on construit plus de 500 000 logements par an. Entre 1954 et 1975, la superficie urbaine passe de 7 % à 14 % du territoire national. Dans la Charte d'Athènes (1943), Le Corbusier définissait la banlieue comme « le symbole à la fois du déchet et de la tentative. C'est une sorte d'écume battant les murs de la ville. Au cours des dix-neuvième et vingtième siècles, cette écume est devenue marée, puis inondation. Elle a sérieusement compromis le destin et ses possibilités de croître selon une règle. Siège d'une population indécise, vouée à de nombreuses misères, bouillon de culture des révoltes, la banlieue est souvent dix fois, cent fois plus étendue que la ville ». Le carcan des cités de banlieue brise les liens traditionnels qui unissaient, libéraient et rassuraient tout à la fois la communauté villageoise. La spontanéité et l'autonomie de la personne humaine font place au souci du confort et de l'utilité immédiate : « On sentait l'organisation », dit une des jeunes héroïnes dans les Petits Enfants du siècle (1961) de Christiane Rochefort. « Ils avaient tout fait pour qu'on soit bien, ils s'étaient demandé : qu'est-ce qu'il faut mettre pour qu'ils soient bien ? et ils l'avaient mis. »



L'essor des villes depuis 1945 a suscité conjointement un élan d'admiration et un mouvement de rejet. Des écrivains comme René Fallet, qui s'inscrit dans la tradition populiste, des poètes comme Jacques Réda, qui se plaît à flâner dans les cités et les banlieues modernes, manifestent une tendresse émue ou fantaisiste pour le petit peuple des villes et voient dans les lisières du monde urbain une source de fascination nouvelle. À l'inverse, une série d'oeuvres expriment le regret d'un bonheur perdu : Edmonde Charles-Roux, avec Oublier Palerme (1966) par exemple, entend préserver le « je-ne-sais-quoi » d'époques révolues ; Jean-Pierre Chabrol {Fleur d'épine, 1957 ; la Chatte rouge, 1963 ; le Canon fraternité, 1970) chante la nature cévenole, évoque les racines d'un pays et de ses hommes ; d'autres enfin exaltent les enfances campagnardes, bourguignonne pour Henri Vincenot (la Billebaude, 1978), bretonne pour Pierre-Jakez Hélias (le Cheval d'orgueil, 1975), provençale pour Marcel Pagnol (la Gloire de mon père, 1957 ; le Château de ma mère, 1957 ; le Temps des secrets, 1960 ; le Temps des amours, 1977).

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