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Littérature et société - Histoire de la littérature française






L'Europe et le monde



Le XVIIIe siècle confirme et accélère le décollage récent de l'Europe par rapport au reste du monde. Supériorité technique,^ scientifique, économique et militaire, qui se traduit par des voyages, des échanges commerciaux, des conquêtes coloniales, la traite des Noirs et l'essai d'évangéli-sation des peuples. Cette expansion domine la pensée des Lumières. Il y a une tentation évidente d'identifier la culture occidentale à la raison, à la civilisation. Mais la découverte du monde oblige aussi à penser les différences : faut-il les rapporter à la race, au hasard (VoltairE), au climat et aux systèmes politiques (MontesquieU), faut-il penser l'Histoire en termes d'inégalité sociale (RousseaU), etc. ? Cette expansion ne s'opère-t-elle pas aux dépens du bonheur des colonisés, à rebours de ce qu'exigerait celui des Européens ? C'est surtout la religion chrétienne qui ;pâtit de ce comparatisme grandeur nature. La philosophie va vouloir penser désormais à l'échelle de l'humanité, pardessus les clivages religieux, renvoyés au statut des mours et des particularismes.



Mieux vivre



Au moins jusqu'aux années 1770, le XVIII' siècle semble bénéficier d'une conjoncture économique globalement favorable. La mortalité recule, les grandes crises alimentaires du XVIIe siècle et de la fin du règne de Louis XIV s'effacent peu à peu des mémoires, l'argent se fait plus abondant, etc. On constate (n'épiloguons pas sur les causalités et les temporalitéS) une sorte d'euphorie intellectuelle, le sentiment (inégalement partagé, diversement coloré, mais généraL) que l'homme peut et doit maîtriser davantage son destin, chercher le bonheur, réformer les « abus », dissiper les « préjugés », favoriser le progrès (des sciences, des techniques, du commerce, etc.). L'Encyclopédie comptabilise ce désir, qui débouche sur des options politiques et religieuses évidemment divergentes. Ni la tradition ni la Révélation n'assurent plus le consentement. La démonstration scientifique est devenue le critère de la vérité convaincante.



France, Angleterre, Allemagne



L'Angleterre a précédé la France sur le chemin des Lumières et constitue la grande puissance rivale : maritime, commerciale, libérale et coloniale. Mais la prépondérance culturelle française s'impose à l'Europe, le français devient la langue des élites aristocratiques. À partir des années 1780, sans que les Français s'en aperçoivent, l'Allemagne capitalise le remarquable essor de ses universités et va prendre la tête de la culture européenne.

Il y a, au xviii« siècle, un paradoxe français, qui juxtapose le prestige de ses philosophes et la médiocrité de ses rois. L'absence de despote éclairé français permet à Frédéric II de Prusse, à Catherine II de Russie, de se donner à peu de frais un prestige libéral et civilisateur. La monarchie française n'est jamais parvenue, n'a pas même songé, à se donner un visage moderne et séducteur. On ne saurait dire pourtant qu'elle persécute les intellectuels. Elle se contente d'exiger, par un système complexe et changeant de pressions, modération et autodiscipline. On retrouve la même indécision dans la mise en ouvre des réformes qui l'eussent peut-être sauvée.



L'absolutisme français



La monarchie française est à la fois absolue (pas de constitution écrite, pas de puissance législative élue, concentration de tous les pouvoirs dans les mains du roI) et largement muselée par les traditions, les privilèges, innombrables et âprement défendus. Largement bridée aussi par la puissance énorme (financière et moralE) du clergé, par l'aristocratie (qui détient les plus hauts postes de l'État et l'essentiel des ressources monétaires, issues de la possession des terreS), et également par la banque. La monarchie française est tributaire, financièrement, des fermiers généraux qui lui avancent l'argent des impôts, et de la banque (internationalE) qui lui en prête. Elle s'effondrera quand la grande banque européenne lui retirera sa confiance. Cette fragilité financière croissante n'est pas un problème purement technique. Elle est liée aux choix de politique étrangère (guerres continentales et colonialeS), et aussi à la structure sociale : comment faire payer à l'aristocratie et au clergé leur « juste » part des impôts ? Louis XV meurt quand il tente enfin, exaspéré, de résoudre à la fois le problème de la contribution financière de l'aristocratie et celui de sa résistance politique (parlementS). Louis XVI repart à zéro et échoue à son tour.



L'Ancien Régime



Il est difficile de comprendre la littérature d'avant 1789 sans quelque idée de l'Ancien Régime. Il repose d'abord sur l'énorme prépondérance du secteur agricole, qui subsiste pour l'essentiel en autoconsommation, fragilisée par une faible productivité. D'où la réticence du pouvoir à autoriser la libre circulation des grains, par crainte des hausses de prix spéculatives et des émeutes alimentaires (exemple .des contradictions où se débat le régime, et qui divisent aussi les PhilosopheS). Les masses paysannes vivent largemenij immergées dans leur civilisation traditionnelle (technique' et mentalE), beaucoup plus étroitement encadrées que dans le passé par un clergé infiniment mieux instruit et formé. L'écart mental s'est sans doute accentué, au XVIIIe siècle, entre les villes et les campagnes, les couches dominantes (aristocratie, bourgeoisie, clergé) et la masse de la paysannerie (elle-même fort différenciée et hiérarchiséE). La Révolution paiera cher le combat frontal contre l'Église, après avoir bénéficié de la Grande Peur paysanne. Quand Voltaire voit le danger, mais non l'utilité, d'envoyer les gueux à l'école, c'est évidemment d'abord aux millions de paysans (masses « sauvages » !) qu'il songe. Une littérature de colportage leur est destinée.

Il faut insister sur l'importance numérique des gens de service (valets, servantes, cuisiniers, etc.) dans les châteaux et les villes. Signe spectaculaire de sa « réforme » de 1751 : l'ancien valet J.-J. Rousseau renonce à son valet ! Diderot veut les exclure ou presque du drame bourgeois, mais ils peuplent comédies et romans (Marivaux, le Paysan parvenu ; l'Ile des esclaves ; Diderot, Jacques le Fataliste ; Beaumarchais, le Mariage de Figaro, etc.).

Attention cependant ! La figure du valet devenu financier (le Paysan parvenu, de Marivaux, Turcaret, de LesagE) n'est qu'un mythe sans aucune réalité.

Paysans, valets, artisans et commerçants, hommes de loi et médecins, banquiers et gros négociants, etc., sont censés appartenir à un même ordre : le tiers état, à côté de la noblesse et du clergé. Autant dire qu'il s'agit d'une vue de l'esprit, sans signification sérieuse, même si la distinction de la roture et de la qualité compte dans les mours et les mentalités. Mais la roture ne s'éprouve comme meurtrissure, ou manque à combler, que sur fond de talent, de mérite, et/ou de richesse. La distance est infinie entre la masse des paysans et l'élite roturière, instruite dans les mêmes collèges que l'aristocratie (Voltaire a eu comme condisciples les frères d'Argenson, futurs ministres de la Guerre et des Affaires étrangères, d'où son retour en grâce à la couR), et côtoyant la noblesse dans les salons, les académies ou les loges maçonniques. Il est certain que les couches dominantes du tiers état cherchent en général à imiter le mode de vie nobiliaire (propriété terrienne, vie oisivE) et à s'y intégrer. La noblesse n'est pas en France une caste fermée, mais les processus d'anoblissement s'étendent généralement sur plusieurs générations, et supposent une stratégie familiale de longue haleine.



Le problème des rapports du mérite (personneL) et de la naissance travaille, de manière directe ou transposée, et chaque fois selon des dispositifs idéologiques spécifiques, la littérature du XVIIIe siècle (Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse ; Marivaux, la Vie de Marianne, le Jeu de l'amour et du hasard, le Prince travesti ; Voltaire, Candide ; Diderot, Jacques le Fataliste ; Beaumarchais, le Mariage de Figaro, etc.).

Rien ne serait plus naïf et plus faux que de se représenter la noblesse du XVIIIe siècle (mieux vaudrait d'ailleurs dire les noblesses : aucune couche ou classe dominante ne forme un bloc homogènE) selon des clichés encore trop répandus : ignorante, appauvrie, envieuse et stérile, compensant dans le libertinage sa prééminence politique et sociale perdue. Une chose est en effet de constater la persistance, depuis le XVIe siècle, à l'adresse du roi, d'un discours nobiliaire gémissant (discours « corporatif » - les grandes plaintes de la noblesse de France - réclamant pensions, exemptions fiscales, places réservées, etc., juste prix du sang versé sans compter pour le roi et la patrie !) ; de constater la circulation parallèle d'un discours autoglorificateur (sauvons la noblesse, pour sauver les valeurs désintéressées de l'honneur et du courage, ou pour sauvegarder les libertés contre le despotisme monarchiquE) et d'un discours accusateur dénonçant soit le refus de la mésalliance (conflit de la nature et de la convention sociale, du cour et du préjugé), soit le libertinage aristocratique (l'aristocrate libertin incarne alors l'anti-nature, la négation cynique des valeurs sociales et morales, l'égoïsme perverS). Autre chose est d'y lire le reflet direct de la réalité.



La noblesse bénéficie de la hausse des prix agricoles et de la conjoncture économique. Il y a déjà longtemps qu'elle envoie ses fils dans les collèges, qu'elle accapare les places lucratives de l'Église, de l'appareil judiciaire (parlementS), de la haute administration, et évidemment de l'armée ; qu'elle spécule sur la dette chronique de l'État, en lui prêtant de l'argent ; qu'elle s'enrichit des fournitures à l'armée ; qu'elle fume ses terres en vendant ses filles, ou en les plaçant dans des couvents pour maintenir le patrimoine, ou en épousant de riches héritières roturières. La Révolution va la priver de ses privilèges et de quelques têtes, mais n'entaille pas vraiment sa puissance matérielle.

Elle ne dédaigne pas le lustre académique, parisien ou provincial. Elle entre massivement dans les loges maçonniques. Rousseau note lui-même que l'aristocratie fit fête à la Nouvelle Héloïse. De grands aristocrates (snobisme ? fronde antimonarchique ? sympathie sincère ?) protégèrent Rousseau. Une part de l'intelligentsia appartient à la noblesse, y compris dans sa fraction la plus créatrice : Fénelon, Montesquieu, Saint-Simon, Vauvenargues, Buf-fon, Laclos, Sade, Condorcet, Chateaubriand, etc.



Dans ce tableau sommaire des forces sociales de l'Ancien Régime, on ne saurait évidemment oublier le clergé, premier ordre du royaume. L'ironie de l'Histoire veut que l'Église subisse le plus rude assaut qu'elle ait jamais connu au moment même où la réforme post-tridentine (concile de TrentE) lui fournit ses meilleurs cadres. Voltaire peut croire, en ses dernières années, que l'Internationale des philosophes est en passe d'écraser l'Infâme (l'ÉglisE) ou de la purger de ses superstitions. Pure illusion. La Révolution joue largement son destin sur la question religieuse (constitution civile du clergé). Mais on sait aussi qu'une fraction du clergé a eu un rôle décisif dans le déclenchement du processus révolutionnaire, en joignant ses voix à celle du tiers état, lors des états généraux convoqués par Louis XVI.

L'Église conserve, au XVIIIe siècle, son monopole de l'enseignement. Elle continue à fournir, malgré l'accroissement des intellectuels laïcs, une fraction non négligeable, mais déclinante, de l'intelligentsia, notamment dans le secteur de l'érudition. L'abbé reste une figure typique de la société d'Ancien Régime, au croisement de la sociabilité religieuse, mondaine et intellectuelle.

Force est cependant de constater l'absence d'une figure à mettre en balance avec Bossuet et Fénelon, ou Malebranche.

Moine défroqué, l'« abbé » Prévost écrit des romans... L'abbé Condillac, au contraire, poursuit la tradition des clercs philosophes, mais c'est pour développer le sensualisme issu de Locke, pilier des Lumières. Quant à Dom Déchamps, au demeurant ignoré, ses recherches philosophiques sont tout à fait hétérodoxes !

Reste que la religion, le christianisme, l'institution ecclésiastique et l'histoire de l'Église posent un problème crucial à la réflexion des Lumières, avant d'entraîner la Révolution dans une crise majeure. Que faire de Dieu, de la religion, des clercs... et du peuple ? Le siècle croise ses réponses et ses interrogations, que la Révolution ne résout pas. Robespierre organise le culte de l'Être suprême, et coupe la tête des athées trop remuants, le Directoire dresse un culte républicain, et Napoléon signe un concordat avec le pape pour mieux imposer le culte de l'empereur.



Les choses et les idées



La monarchie française n'a jamais considéré le développement des Lumières comme un problème majeur, ni sans doute comme un problème global. Ni Louis XV ni Louis XVI n'ont aimé les Philosophes (et la philosophiE), mais aucune politique cohérente, de soutien ou d'hostilité, n'a été conçue et poursuivie. La censure a agi au coup par coup, selon des motivations politiques, idéologiques et économiques, selon les circonstances, et selon ses moyens. Trois problèmes ont en fait accaparé le régime : la guerre, les finances, les parlements. Lorsque la crise financière, grossie par les guerres et la résistance des privilégiés (dont les parlementS) obligea la monarchie à convoquer, sous la pression des parlementaires, les états généraux, ce ne fut ni la faute à Rousseau, ni la faute à Voltaire. Mais lorsqu'il fallut remodeler la France, ce furent bien des têtes éclairées par les Lumières qui se mirent au travail, avant de jouer à la guillotine - distraction à laquelle personne, dans ce siècle joueur, n'avait songé.

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