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Livres et Lumières






Livres et pouvoirs



Les rapports des écrivains philosophes à une monarchie dont l'évolution est complexe et contradictoire (durcissement après l'attentat de Damiens que limite cependant la politique de Males-herbes, directeur de la Librairie de 1750 à 1763, réformes libérales de Turgot, réaction nobiliaire après 1780) demeurent globalement difficiles et méfiants. Le service de la Librairie, véritable ministère du livre, son directeur et ses censeurs sont confrontés à des problèmes de plus en plus complexes. Comment, face à une production du livre en plein essor et à l'offensive des idées nouvelles, coordonner la surveillance des contrôles (l'Église et le Parlement conservent par ailleurs un droit de censurE) ? Comment ne pas tenir compte des intérêts des libraires-éditeurs français concurrencés par une édition étrangère qui publie volontiers les livres interdits en France et défie les contrôles aux frontières ?



Essor de la demande de livres, augmentation du nombre de livres produits, concurrences étrangères et pressions de la corporation des libraires-éditeurs, tout converge vers un inévitable assouplissement des mesures de contrôle. Le recours à une forme moins stricte d'autorisation, la permission tacite, qui tend à se substituer au traditionnel privilège royal, autorisation officielle qui engage la responsabilité de l'État, est la première manifestation de cet assouplissement.



Gardons-nous cependant d'appréhender cette évolution de la police des livres au XVIIIe siècle comme une lente et continue libéralisation. La proscription générale des romans en 1737, l'emprisonnement de Diderot à Vincennes en 1749, les poursuites réitérées contre l'Encyclopédie, la prohibition du De l'esprit d'Helvétius en 1758, de l'Emile et du Contrat social en 1762. interdisent une vision aussi optimiste.



2. L'essor de la production du livre



Au XVIIIe siècle la production du livre augmente et tend à se diversifier. Le recul du livre en langue latine s'accentue et le livre religieux (ouvrages de théologie, vies de saints, recueils de prières et catéchismeS) perd progressivement sa place dominante. À l'inverse, les livres consacrés aux « connaissances utiles », les ouvrages scientifiques et techniques se multiplient dans le second versant du siècle. La littérature de voyage connaît elle aussi une notable expansion. Elle constitue un matériau essentiel pour le philosophe préoccupé de la description et du classement des peuples sauvages, de la comparaison des civilisations, attaché à la construction d'une « science générale de l'homme ». Mais l'essor du roman est sans doute le fait le plus saillant. Ouvert à l'analyse psychologique comme aux multiples tableaux de la réalité contemporaine, le roman répond aux attentes variées d'un public composite et, surmontant le mépris dont il était l'objet, devient un genre majeur.

L'histoire du livre montre par ailleurs l'augmentation progressive au cours du siècle du nombre de titres en circulation. Par contre les tirages par édition demeurent stables : mille à mille cinq cents exemplaires en moyenne. Très inégalement selon les régions, les sexes et les conditions sociales, l'alphabétisation progresse. Quelles que soient les tentatives d'endiguement de la production imprimée et de contrôle des lectures, la diffusion du livre se développe et atteint de nouveaux secteurs sociaux.

L'étude des inventaires de bibliothèques et des inventaires après décès permet d'entrée de cerner de grandes inégalités dans la possession du livre : écart entre Paris où la présence du livre est nettement plus forte et les provinces, différences liées à la hiérarchie des situations sociales (marchands, hommes de métiers et domestiques possèdent bien évidemment moins de livres que les avocats, le clergé, les parlementaires et les courtisanS). Mais ces études permettent surtout de mettre en lumière un accroissement constant au cours du siècle du nombre de livres possédés. Le livre pénètre même peu à peu dans les milieux populaires où la lecture ne se limite plus aux ouvrages religieux. Dans les campagnes le colportage permet la diffusion des petits livres, brochés et peu coûteux, de la Bibliothèque bleue de Troyes (ainsi nommés pour la couleùr de leur couverture et la ville où ils étaient éditéS). Il s'agit certes d'ouvrages de piété mais aussi d'almanachs, de romans et de contes souvent très anciens. Les livres interdits, qu'ils soient introduits de l'étranger ou édités clandestinement en France, prennent aussi ces chemins du colportage. Ainsi, au cours du XVIIIe siècle, les livres plus nombreux atteignent-ils peu à peu des publics jusqu'ici hors d'atteinte.



3. Imaginaires du livre et de la lecture : représentations nouvelles et poids du passé



L'image manifeste cette forte et nouvelle présence du livre : scènes de lecture collective mais surtout portraits où le livre est un attribut essentiel. Greuze et Chardin peignent l'intimité de la lecture. L'Étude de Fragonard présente une jeune femme élégamment vêtue, captivée manifestement par son livre. Sans nul doute l'imprimé conforte globalement son prestige au cours du siècle. Avec le succès de l'Encyclopédie, le livre acquiert une valeur symbolique nouvelle. L'Histoire naturelle (1749-1789) de Buffon et l'Histoire philosophique des Deux-Indes de l'abbé Raynal ( 1770) confirment et amplifient ce triomphe du livre.



Cependant les anciennes hantises des dangers de la lecture n'ont pas disparu. Ces dangers dépendent de la qualité du lecteur envisagé. Ainsi les antiphilosophes répètent-ils jusqu'à l'obsession leur crainte de lectures populaires des ouvrages philosophiques, leur refus d'une vulgarisation des thèses nouvelles. Prêtres et moralistes rappellent par ailleurs que les femmes et les enfants doivent être protégés du livre et que l'homme adulte luimême doit se garder des abus de la lecture, capables d'inhiber son énergie et de l'isoler dans le rêve : le Don Quichotte de Cervantes n'a pas été oublié.



Mais les effets de la lecture tiennent aussi à la nature même du livre lu : chaque type de livre implique un ou plusieurs imaginaires de lecture. Généralement les lettrés - au premier rang desquels la plupart des philosophes - n'ont ainsi que mépris à l'égard des livres de colportage. Voltaire raille les ouvrages de la Bibliothèque bleue de Troyes pour leur archaïsme et leur grossièreté. Tout au contraire, dans son autobiographie Monsieur Nicolas, Rétif de la Bretonne salue l'attachement de son père, paysan aisé, pour ce type de livre qu'il lisait à sa famille durant les veillées.

L'imaginaire de la lecture du roman, quel que soit le prestige acquis par le genre au cours du siècle, demeure profondément ambigu. Le poids des condamnations traditionnelles demeure et se ravive même dans les milieux scandalisés par les thèmes nouveaux du roman. Les critiques de Jean-Jacques Rousseau à l'égard du genre romanesque, souvent dénoncées d'ailleurs comme autant de paradoxes par les contemporains, favorisent aussi le maintien de cette ambiguïté des appréciations.

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