Essais littéraire |
Faiblesse initiale de Maurice de Guérin. Faiblesse physique durement ressentie par un corps débile. Faiblesse morale aussi, qui a pour effet d'engendrer, tout au long de l'existence, un sentiment insurmontable de déficience, de honte et de découragement. Enfin, plus pénible que tout le reste, une intense impression d'échec qui le convainc qu'il est gravement en faute. Avec humiliation, avec désespoir même, il mesure ce qui le sépare d'une ferme et virile possession de lui-même et de son monde. Ne comprenant pas toujours les causes de son état, mais s'en reconnaissant néanmoins toujours directement responsable, il a les plus grandes difficultés à ne pas en assumer tout le poids, comme si c'était un authentique péché. Phénomène qu'il aurait peut-être été enclin à considérer comme un simple trouble de croissance, mais qui chez lui prend un aspect si angoissant qu'il est tenté de voir en lui l'état premier et dernier de sa nature profonde, celui qu'il devra se résigner à endurer à toutes les étapes du chemin de l'existence. Il est donc continuellement appréhensif et plein de confusion, convaincu qu'il est condamné à se sentir toujours inférieur à ce qui est exigé de lui par la vie. Parfois ce mécontentement profond de soi est interrompu par des sentiments différents. Soudain, sans qu'il se rende compte pourquoi, Guérin se reprend à être heureux. Ou bien il se découvre sujet à d'obscures aspirations qu'il ne peut définir, mais qui l'exaltent jusqu'au vertige. Alors il se risque à sortir de son état plaintif. Il prend conscience d'une force presque sans limite. Mais parfois aussi ce sentiment s'apaise et fait place à une sorte de calme qui se transforme à son tour en une profonde dépression. C'est comme un temps d'arrêt et de paralysie interne qui s'impose à lui, apparemment sans raison, et l'empêche d'avancer hardiment dans l'existence. Il lui semble alors que s'élève devant lui une barrière et qu'elle lui interdit d'aller au-delà. Barrière qu'il se représente dans une page de son journal sous la forme symbolique d'une clôture à claire-voie, fermant la route qu'il est en train de suivre. Une barrière à claire-voie ! Ce détail insignifiant en apparence est en réalité très révélateur et de grande importance. Il révèle qu'aux yeux de Guérin, symboliquement, la barrière à claire-voie ferme bien d'un côté le chemin du futur, le grand chemin de l'existence, mais d'une telle sorte qu'elle n'interdit pas au voyageur, ainsi arrêté, de porter le regard au-delà de la barrière et d'entrevoir la route qui s'enfonce, plus avant, dans le futur. Cependant, entre le passé et le futur, la coupure est là, l'interdiction est la même. Elle est même rendue plus intolérable encore, puisqu'elle permet de distinguer, par-delà la barrière, ce qui aurait pu être la libre continuation du voyage. Il y a donc là à la fois ouverture et refus. Entre les deux parties essentielles de la vie, ce qui aurait dû se révéler comme la liaison vitale, apparaît à l'inverse comme un obstacle qui met gravement en question le caractère continu de l'existence. Le chemin parcouru est toujours là : il est réel, il est un fait positif indubitable. Le chemin qui s'étend de l'autre côté de la barrière est, lui aussi, indubitablement positif, puisque à travers les ouvertures ménagées en celle-ci, il est possible de percevoir ce chemin, se prolongeant au-delà. Mais, entre les deux, une situation étrange se présente, qui est pourtant la plus importante de toutes*la plus réelle aussi, puisque c'est, dans tous les sens du terme, la plus actuelle. Or, et c'est là ce qui fait d'elle quelque chose d'étrange et de déroutant aux yeux de Guérin, cette situation ne peut être considérée d'aucune façon comme positive. Entre les deux tronçons de la réalité, face auxquels le voyageur se trouve, il n'y a pas de joint véritable, pas de continuité au sens strict du terme, pas de déroulement ininterrompu de la route; il n'y a qu'une absence depositivité, un non qui s'est substitué au oui dans le cours de l'existence. Telle est, semble-t-il, l'expérience la plus intensément vécue par Maurice de Guérin. Presque à chaque étape de son grand voyage dans l'existence, il est forcé de constater le même phénomène : entre le moment où il vit et le moment où il compte vivre apparaît une solution de continuité. Elle le contraint chaque fois à interrompre sa marche. La voie devant lui est barrée. Le chemin parcouru, étant parcouru, perd de sa réalité et n'est plus qu'un rêve. L'autre moitié du chemin, qui est dans le futur, est aussi irréelle, puisque hors d'atteinte. Quant au présent lui-même, il se révèle brusquement comme entièrement négatif. C'est comme un obstacle aveugle ou une faille profonde dans la continuité de l'existence. Il représente, comme nous venons de dire, une pure négation, ou une pure absence d'être. La situation de l'homme arrêté tout net par la barrière à claire-voie ne peut donc être considérée à aucun degré comme positive. Entre les deux tronçons séparés il n'y a plus rien, rien qu'un vide; et dans ce vide un homme placé entre un oui et un non, et qui n'a même plus le choix entre ces deux alternatives. De cette absence de choix découle une autre conséquence plus inattendue encore que la première : c'est qu'entre ce qui précède et ce qui peut suivre, l'absence d'un temps concret, d'un temps plein, a pour conséquence de le voir remplacé dans l'immédiat par un temps creux ou vide. D'un côté, ce moment d'entre-deux, qui ne se rattache à rien, ni à un souvenir, ni à un espoir, ni à une possession quelconque, qui a l'air de ne pouvoir formuler ce qu'il est, apparaît comme d'une faiblesse extrême. Mais d'autre part, en raison du fait qu'il n'est rempli par rien, ni engagé dans aucune aventure, il se trouve susceptible de s'ouvrir à n'importe quel autre moment avec la même souplesse et aussi avec la même indifférence. Il peut déboucher sur n'importe quoi. Il en résulte que l'être se découvrant ainsi dans un moment indépendant de tous les autres moments devient tout naturellement dégagé de l'ordre temporel, et apte à se rattacher librement par la pensée à tous les moments qu'il lui plaît d'évoquer selon sa fantaisie. Le temps vide devient ainsi le temps libre. Au gré de sa fantaisie, ou mieux, au gré de sa curiosité inventive ou de sa puissance créatrice, il peut s'associer à tel ou tel autre temps voisin, voire à tel temps lointain, probable ou possible. La possession imprévue d'un temps inoccupé, d'une absence de temps, se métamorphose en la faculté prodigieuse de se rattacher, selon le caprice de l'imagination, à tel temps passé ou à tel temps futur. Ainsi le temps indéterminé qui était l'apanage déconcertant de celui à qui semblait avoir été assigné quelque destination déterminée, transforme l'espèce de catastrophe qu'était pour lui l'interruption forcée de son itinéraire, en une merveilleuse possibilité, celle de joindre à volonté tel temps ou bien tel autre, dans le jeu infini des combinaisons de la pensée. Considérons donc avec une sympathie particulière cette faculté inventive qui permet à la pensée d'un être devenu apparemment prisonnier de son isolement dans la chaîne des temps, de rompre cette chaîne, et de laisser sa pensée errer librement, au gré de son caprice, dans les temps les plus lointains, comme dans les temps les plus proches. Lorsque Guérin, par exemple, écrit dans un de ses poèmes de jeunesse : « Il est si doux d'entendre remonter du lointain de ses jours les voix tumultueuses... », ou bien : « Toutes mes facultés se mettent en communication avec le dehors, le lointain, brillants et fidèles messagers de l'âme, qui vont et viennent... », l'on peut voir à l'ouvre dans l'imagination du poète le rôle d'une temporalité, qui, sans qu'elle le veuille et en se laissant tout simplement voguer au hasard dans l'espace temporel grand ouvert, rencontre, pour ainsi dire, au petit bonheur de la pensée, des instants appartenant à des temps très différents les uns des autres, mais soustraits par le caprice du poète aux lieux auxquels se trouve d'ordinaire assignée une place immuable dans le cours de la durée. Ne cherchons pas à tracer dans ce singulier périple de l'imagination une ligne déterminée. Admirons que ce qui semblait être destiné à arrêter le cours de l'imagination ou à lui imposer un itinéraire déterminé à l'avance, fasse place à un nouveau système de navigation mentale permettant à ceux qui l'emploient de laisser leur pensée jouer dans l'espace inter-temporel et cesser d'être déterminée. La rêverie de Guérin, issue de son échec, forcée de se détacher d'une temporalité qui refermait sur elle ses portes, ouvre soudain devant lui les espaces d'un temps imaginaire où le proche joue avec le lointain au gré du poète. II De toutes les formes de prise de possession de l'espace, la plus aisée, la plus confortable, la plus rassurante, est le déplacement du corps le long d'une ligne horizontale tracée vers un but déterminé. La pensée, dans ce parcours, accompagne volontiers le corps dans son progrès vers une fin précise. Mais nous avons vu que ce progrès peut être interrompu, ou que le but fixé à l'avance s'avère moins proche qu'on ne le pensait au départ. La fatigue, en intervenant, peut, elle aussi, causer au marcheur quelque problème. Il n'en reste pas moins que, pour le promeneur ordinaire, la distance horizontale offre un caractère d'accessibilité relative, que d'autres lignes ne présentent pas toujours. C'est le cas, en particulier, de la distance verticale. Si la distance horizontale se trouve généralement marquée, pour celui qui se dispose à la parcourir, par un point de départ et un point d'arrivée, l'on ne peut avec la même netteté dire qu'il en est de même pour ce qu'on peut appeler la distance verticale. La première, le plus fréquemment, se présente à celui qui s'y engage, comme nécessairement limitée. Elle aboutit à un lieu connu, ou, du moins, prévisible. En va-t-il de même en ce qui concerne la distance verticale ? S'il s'agit simplement de déterminer la distance métrique qui sépare deux points mathématiques, la réponse est facile. Entre deux points fixes la distance reste toujours la même. Cela est vrai dans l'abstrait, mais cela est-il vrai dans la pensée concrète, dans la pensée, par exemple, du poète ? Le vide vertical ne paraît-il pas toujours, sinon plus grand, au moins plus effrayant que le vide horizontal ? Toute verticalité suggère l'existence d'un précipice. Mentalement l'être qui descend, par exemple, dans un puits, résiste difficilement à la pensée qu'il s'engage dans une profondeur sans fond. S'il connaît son point de départ, il n'est pas sûr de son point d'arrivée. Subjectivement, à la différence de tout déplacement horizontal, toute distance verticale joue le rôle d'un abîme. On craint de n'en pas trouver le fond. Dès qu'il éprouve cette crainte, le descendeur éprouve une appréhension particulière. Ce n'est plus un parcours limité qui se présente à lui. Il conçoit que sa descente n'a plus de terme. Il craint qu'elle ne soit sans retour. C'est ainsi que le passage du déterminé à l'indéterminé apparaît toujours à celui qui essaie de la concevoir, comme étant à sens unique. Cette longue digression nous permet peut-être de mieux comprendre l'expérience de la descente ou de la chute chez un être comme Maurice de Guérin, qui s'est longuement attardé à nous décrire l'impression que, dans ses rêveries, ces deux phénomènes produisaient sur lui. Impression qui, au départ de l'expérience, se manifeste assez bien comme le trébuchement d'une âme chancelante : « Je m'enfonce dans je ne sais quel abîme. » « Mon âme se retire dans le fond de l'être. » « Elle plonge dans l'obscurité. » « Elle va vers ce que le poète appelle le côté impénétrable. » Toutes ces expressions éparses dans l'ouvre de Guérin, et en particulier dans ses écrits intimes, expriment en termes analogues la même expérience : un mouvement de descente à une profondeur inconnue, qui se révèle être, sans que cela puisse apporter quelque éclaircissement dans l'opacité générale, la profondeur même de l'être qui subit cette épreuve. C'est ce que Guérin appelle, dans ses propres termes, la descente dans le fond de l'être. Le chemin descendant ne se déroule donc pas dans un monde extérieur. C'est le chemin suivi par le poète quand il se retire dans son propre fond. Comme les sources rentrent dans le sein de la terre, ainsi, dans la pensée de Guérin, que ce soit par un glissement difficilement calculable ou autrement, la pensée se découvre pénétrant dans son propre fond, que Guérin appelle aussi « les ténèbres fondamentales ». H va de soi que la conscience n'est plus ici ce qu'elle était au-dehors, à la surface, une lumière se diffusant dans l'étendue. Rien ne la faisait différer alors de toute autre lumière. Mais quand elle se trouve, au contraire, enfouie dans l'obscurité, comme une lampe de mineur, réduite à n'être plus qu'un foyer minuscule, ou, comme le dit encore Guérin, lorsqu'elle se situe « à la dernière pointe des racines », c'est-à-dire à l'endroit le plus faiblement éclairé, la lumière guéri-nienne est présentée par l'auteur comme privée presque entièrement de ce qui fait le pouvoir glorieux de la lumière externe, c'est-à-dire le privilège du libre épanouissement dans l'espace. Un peu comme la lumière dont parle Novalis, elle est un facteur de nuit, une lumière essentiellement nocturne, abyssale et souterraine, ne se démarquant pas de l'obscurité et faisant peut-être même partie intégrante de celle-ci. Tout se passe comme si la diffusion proprement externe de la lumière à la surface ayant eu pour effet un excès de clarté, et, par là, un affaiblissement graduel de la puissance lumineuse se dispersant aux quatre coins de l'espace, il fallait, en quelque sorte, pour revenir à la vraie source, concevoir ou retrouver une lumière proprement concentrée qui naît et se forme dans l'obscurité. Peut-être même, sans que ce soit autrement que suggéré par le poète, faut-il supposer que la vraie source du jour est réellement la nuit elle-même, une nuit qui serait foyer de lumière. En faisant ainsi rentrer son centaure dans le sein des dieux, Guérin a conscience de le ramener à « la source de l'être », ou, pour employer une autre de ses expressions, « au fond de l'âme ». « Fond de l'âme », « côté impénétrable », « lieu ignoré de tous », « sein de la terre », « souterraine demeure », « fontaine de vie », « caverne des dieux » : toutes ces expressions visent à décrire, non pas un lieu qui serait simplement terminal, comme celui de la mort, mais un lieu qui serait celui des sources, accordant à ceux qui ont le privilège d'y vivre le bénéfice du repli, du recueillement, de la récupération magique des forces, état de latence, de préparation, de vie occulte, où l'informe précède les formes et préside à leur développement futur. Tout cela qui existe confusément à l'état de tendance che2 Guérin évoque irrésistiblement la grande pensée romantique allemande, celle de Novalis et de ses contemporains ou successeurs, que pourtant il n'est pas certain que Guérin ait connus. Chez eux comme chez lui, cette pensée est à la fois rétrospective et prospective. Elle ramène l'esprit au concept d'une indétermination, cette fois-ci non pas finale, mais infiniment ouverte vers le futur. Une différence cependant essentielle entre Novalis et Guérin, c'est que, chez Novalis, la pensée indéterminée reste toujours une pensée métaphysique, liée à la connaissance et à la non-connaissance, tandis que, chez Guérin, l'indétermination reste un phénomène plus psychologique que métaphysique, lié, comme il l'est, à une expérience concrète, purement personnelle et très naïve, sorte de conscience irréfléchie qui s'abandonne, sans spéculation aucune, à ce qu'elle est en train d'éprouver. Bien entendu, l'admirable poète de la vie intérieure qu'est Guérin ne se livre pas toujours avec le même degré d'intensité à cette expérience presque indéfinissable : d'autre part, elle ne se satisferait pas d'apparaître seulement de loin en loin, dans un courant d'esprit qui se maintiendrait, tant bien que mal, à un niveau médiocre. En réalité, la pensée de Guérin ne cesse de baigner dans l'indétermination qui est son vrai fond. De plus, et c'est peut-être ce qu'il y a de plus admirable en elle, elle a, par moments, un pouvoir inattendu de renversèment. Pour en comprendre le sens, il suffit de se rappeler l'image si fréquente dans les textes guériniens : celle d'un être qu'on voit d'abord s'enfoncer par degrés dans une profondeur de plus en plus lointaine, première étape de la pensée du poète; là ne se trouve encore décrit que le mouvement vers une indétermination encore cachée. Mais, dans un second mouvement qui fait suite au premier, l'on distingue un véritable retournement de la pensée. Comme son héros, Glaucus, qui, ayant plongé au sein des flots pour saisir un trésor convoité, remonte avec lui à la surface, on la voit faire un continuel effort pour transposer ce qu'il y a en elle de plus troublant ou de plus mystérieux, sans courir le risque de la dissiper en cours de route. Il faut, pour le satisfaire, que ce qui avait été pressenti, puis confusément découvert et avait longuement mûri dans le fond de la pensée, puisse accéder à la lumière et s'y redéployer avec d'infinies précautions. Quelque chose de semblable se retrouve chez un contemporain de Guérin, le Suisse Amiel. Tous les deux procèdent de façon presque identique. Ce qu'ils tentent d'accomplir est une sorte de plongée inlassablement répétée au plus profond et au plus obscur de l'être pour en rapporter ce qui peut en être amené au jour, sans que celui-ci ne le voile par la crudité de son éclat. GUÉRIN : TEXTES Mon âme se contracte et se roule sur elle-même comme une feuille que le froid a touchée ; elle se retire sur son propre centre, elle a abandonné toutes les positions d'où elle contemplait... Alors tout le sentiment que j'ai de la vie se réduit à une irritation sourde et profonde, mêlée de secousses. Je n'ai plus d'autre asile que la résignation... La résignation, c'est le terrier creusé sous les racines d'un vieux chêne ou dans le défaut de quelque roche qui met à l'abri la proie fuyante et longtemps poursuivie. Elle enfile rapidement son ouverture étroite et ténébreuse, se tapit au fin fond... Ma vie intérieure dépérit chaque jour. Je m'enfonce dans je ne sais quel abîme et je dois être arrivé à une grande profondeur. Mon âme s'enfonce avec volupté dans sa fuite, elle se retire vers des lieux ignorés de tous et d'elle-même... La partie pure, spirituelle, et vraiment de durée se retire dans le fond de l'âme, sans bruit, sans émotion des sens, pour y séjourner jusqu'à la fin, recueillie et vigilante. Je regarde monter du fond de mon être des vapeurs qui s'en élèvent, comme d'une vallée profonde et qui ne contractent de forme qu'au souffle du hasard. ... Aujourd'hui, j'espère tout du côté impénétrable... ... Atomes sans nombre, amas confus de fécondité engourdie qui attendent et dorment à l'état de chaos dans le fond de l'âme. Tout se brouille au-dedans et au-dehors. Un immense chaos, la nature, les hommes, la science, l'universalité des choses roule ses flots contre un point isolé comme un écueil dans la mer, mon âme perdue dans l'écume et le bruit. Je soutiens l'assaut d'une onde infinie. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.