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MAURICE SCÈVE






Si l'on compare le début des Semaines de Du Bartas et celui du Microcosme de Scève, on est de suite frappé par l'extrême différence. Du Bartas présente comme réalité première (ou, en tout cas, initialement décrite par le poètE), une masse inerte, matérielle, informe, et dont les éléments, entassés les uns sur les autres, s'affrontent mutuellement dans un désordre extrême. Dieu, qui a créé ce chaos, n'est pas encore intervenu pour le modeler, et celui-ci est par conséquent total. A cette pluralité d'éléments disparates, sans unité aucune, telle qu'elle est présentée par Du Bartas, s'oppose, de façon saisissante, la réalité première vue et conçue par Scève. C'est une masse, également, sans principe et sans bout, mais extraordinairement compacte et cohérente. Ce n'est pas une pluralité, c'est une totalité, et même une totalité qui ne se révèle pas comme un assemblage de choses indépendantes, mais comme l'ensemble immédiat et parfait de tout ce qui le compose, se disposant de telle manière qu'il n'existe rien en dehors de lui. Point encore de lieu, point encore d'espace, mais une sorte de présence de soi-même à soi-même qui unit en un même instant et en une même infinité une réalité sans origine, sans limitation, et qui non seulement enclôt en soi tout ce qui est, mais est aussi tout ce qu'elle enclôt.



Le contraste entre les deux conceptions, celle de Du Bartas et celle de Scève, est donc extraordinaire. On comprend aussitôt pourquoi. Du Bartas et Scève ne cherchent nullement à représenter la même entité. Du Bartas décrit la création dans son état initial, Scève décrit la divinité dans son état éternel. Il y a cependant entre ces deux représentations une certaine analogie. D'un côté comme de l'autre, ce qui est représenté l'est sous l'aspect d'une masse. Dans les deux cas cette masse est informe, ou, dans le cas du poème scévien, représentée comme dénuée de forme ou comme celant celle-ci.



Dans les deux cas encore il s'agit d'un chaos, donc d'un ensemble non construit ou ne révélant pas sa structure interne, en sorte que celle-ci paraît enténébrêe. Il est vrai, néanmoins, que cette enténébration de la substance ainsi décrite n'est peut-être pas purement objective. Elle peut être simplement l'effet négatif produit par elle sur le spectateur. Celui-ci ne la perçoit pas comme lumière, mais au contraire comme ténèbre. Elle est le Dieu caché de l'apôtre Paul et d'Isaïe, la Ténèbre sans figure ni forme de Denys PAréopagite, la Ténèbre secrète d'Eckhart ou de Suso. La différence entre les deux conceptions est donc aussi grande que possible. Mais il y a un point pourtant sur lequel elles ne divergent pas. C'est ce qui se trouve d'emblée présenté dans l'un et dans l'autre cas, avant que ne ressortent les différences, c'est une même façon négative de percevoir ce qui est perçu en premier lieu : c'est-à-dire le caractère rigoureusement indéterminé de cette réalité. Sur ce point il n'y a pas, il ne pouvait y avoir de désaccord. Du Bartas et Scève, comme d'ailleurs toute la pensée philosophique et religieuse depuis Plotin et saint Augustin, se montrent ici dans la plus complète harmonie. Ce qui est, quel qu'il soit, quelle que soit sa forme ou sa substance, son origine ou sa destination, nous ramène toujours à une réalité première qui, prise en elle-même, ne peut jamais être considérée comme déterminée, car cela impliquerait pour l'esprit l'obligation de remonter plus en arrière encore et ainsi de suite, sans jamais trouver à l'origine un déterminant qui serait lui-même déterminé. Toute la pensée philosophique et poétique reconnaît donc implicitement ce que Du Bartas et Maurice Scève reconnaissaient dès le début de leurs poèmes, la priorité absolue de l'indéterminé sur le déterminé.



SCÈVE : TEXTES

Premier en son Rien clos, se celait en son Tout,

Commencement de soi,

Sans principe et sans bout,

Inconnu, fors à soi, connaissant toute chose,

Comme toute de soi, par soi, en soi enclose,

Masse de Déité en soi-même amassée.

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