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SAINT FRANÇOIS DE SALES - une conception de la vie spirituelle






Comme plus tard chez Mme Guyon, il y a chez saint François de Sales une conception de la vie spirituelle incitant l'âme à se livrer indifféremment au bon plaisir divin. L'action de Dieu triomphe sans doute aisément de la confusion originelle qui règne dans l'âme, mais cette victoire n'a pas pour conséquence de faire entièrement disparaître le désordre initial. On dirait même que l'influence divine se sert de cette confusion fondamentale de l'être pour mieux le pénétrer et le modeler. L'âme reste confuse, voilée par des brouillards. Elle ne se rend pas très bien compte de ce qui lui arrive, encore qu'elle s'y abandonne avec une entière bonne volonté. D'ailleurs elle ne fait qu!'entrevoir la lumière, vqui reste une lumière tamisée, ne cherchant jamais à chasser les ténèbres, à vrai dire peu épaisses, dont elle se trouve entourée. Cela ne l'empêche nullement de se laisser imprégner par l'influence divine, quelque délicate que celle-ci puisse être. L'ouvre dont il s'agit est le plus souvent à peine perceptible, encore que ce soit une ouvre sainte. Elle s'accomplit sans que l'âme en prenne le plus souvent clairement conscience.



On dirait que l'action de Dieu, au lieu de s'imposer directement, préfère profiter ingénieusement des circonstances pour arriver à ses fins sans grand bouleversement. C'est comme un courant qui passerait d'un être à l'autre presque sans être perçu. Donc quelque chose de liquide suivant adroitement la pente qui lui est offerte et ne rencontrant partout que la plus aimable docilité. Il en va d'ailleurs de même en ce qui regarde l'âme dans sa réponse aux avances divines. Non sans un certain émoi, mais toujours avec la même complaisance, elle cède à l'heureuse pression. Tel est l'état de quiétude, non pas repos absolu, mais imperceptible glissement de l'esprit le long d'une pente très douce.



SAINT FRANÇOIS DE SALES : TEXTES



... Nous ne voyons pas les vérités, ainsi seulement nous les entrevoyons : comme il arrive quelquefois que la terre étant couverte de brouillards, nous ne pouvons voir le soleil, ainsi nous voyons seulement un peu plus de clarté du côté où il est...



(Dans l'amour de DieU) la volonté n'aperçoit pas cette aise et contentement qu'elle reçoit, jouissant insensiblement d'icelui... comme il arrive maintes fois que, surpris d'un léger sommeil, nous entr'qyons seulement-presque insensiblement, sans sentir que nous sentons.



... Comme un baume fondu... L'âme se laisse aller et écouler en ce qu'elle aime; elle ne se jette pas par manière d'union, mais elle va doucement coulant, comme une chose fluide et liquide, dedans la Divinité qu'elle aime... (EllE) se quitte soi-même, non seulement pour s'unir au Bien-aimé, mais pour se mêler toute et se détremper avec lui.

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