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SAINTE-BEUVE - son roman Volupté






La première phrase placée par Sainte-Beuve en tête de son roman Volupté mérite une grande attention. Elle révèle tout de suite, sans attendre, avec l'assentiment explicite de son auteur, la composition particulièrement complexe des tendances qu'il trouve associées en lui, d'abord, sans doute, dans le roman lui-même auquel cette phrase sert d'introduction, mais encore un peu partout dans l'ouvre immense qu'il va écrire. Si l'on veut remonter, comme il semble nous y inviter, jusqu'au point de départ de cette pensée qui a emmêlé ses fils dans tant de volumes, il n'est pas inutile de s'attarder un instant devant cette petite phrase introductrice et de faire soi-même l'analyse de cette analyse.



Relisons cette phrase :



Le véritable objet de ce livre est l'analyse d'un penchant, d'une passion, d'un vice même, et de tout le côté de l'âme que ce vice domine, et auquel il donne le ton, du côté languissant, oisif, attachant, secret et privé, mystérieux et furtif, rêveur jusqu'à la subtilité, tendre jusqu'à la mollesse, voluptueux enfin.



Voilà bien des côtés de l'âme donnés à la fois, et qui ne prennent d'ailleurs toute leur signification que si on les perçoit simultanément dans la pluralité complexe qu'ils offrent. Penchant qui est donc loin d'être simple, qui, dès l'abord, se présente indirectement, obliquement, ainsi que le dira l'auteur quelques lignes plus bas, comme si la vérité qui s'y trouvait contenue ne pouvait être exprimée directement, mais allait se trouver à la fois dévoilée et dissimulée par la trouble multiplicité des termes qui la caractérisent.

D'autre part, ce penchant qui s'affirme comme existant dès le premier moment n'apparaît nullement comme un trait déjà formé du caractère. S'il y a là l'esquisse d'une certaine définition de l'être, faite par cet être même, cette détermination ne semble avoir encore rien de limité ni d'exclusif. Est-ce là même une détermination proprement dite, ou n'est-ce pas plutôt le contraire, quelque chose comme l'aveu d'un manque précoce de détermination, fait par un être encore juvénile et qui n'en est encore qu'à confesser des tendances susceptibles d'être rectifiées ? Bref, tout commence dans cette présentation de l'être par une absence délibérée de netteté, presque de franchise, ceci se trouvant d'autre part associé à un motif plus excusable, le souci de conférer à ce que l'on révèle ou avoue, la nuance la plus exacte, sans y mêler encore des traits plus prononcés. Ceux-ci ne seront révélés que par la suite.



Tout commence donc ici par la description assez indécise d'une disposition première de l'être. Elle décrit un penchant. Moi, Amaury, ou moi, Charles-Augustin Sainte-Beuve, dans la mesure où je me confonds avec mon personnage, je ne fais d'abord que me dépeindre penché sur moi-même engagé dans une direction que je ne définis pas encore, et qui, en raison de la grande jeunesse qui était la mienne à cette époque, n'était pas encore nettement définissable. D'autre part, ces inclinations sont équivoques. Je ne saurais nier les dangers qu'elles me faisaient courir. Me situant à l'époque où je reconnaissais en moi ces tendances, je ne m'en sentais peut-être pas prisonnier, mais je ne me sentais pas non plus entièrement libre. Etat d'esprit encore fluide, encore souple, encore vague, mais déjà aussi à demi engagé sur une certaine pente.



Néanmoins, à peine dans cette phrase initiale le premier mot est-il prononcé qu'il est remplacé par un autre mot, beaucoup moins ambigu, qui est le mot passion - mot d'une certaine gravité, et rendu plus grave encore par le mot qui le suit immédiatement, le mot vice. Ce sont là des termes très forts, non pas tant, cependant, dans le contexte où ils sont placés, par les conséquences immédiates qu'entraînerait leur réalisation, que par l'absence de précision quant à la description de ces conséquences. Ces passions ou ces vices, en effet, quels sont-ils ? Dans quelle direction peuvent-ils entraîner ceux qui les pratiquent ? Tout cela reste en suspens, par suite du silence gardé sur ce point par le narrateur. Si celui-ci d'ailleurs omet de nous donner des précisions, ce n'est évidemment pas par pudeur, ni parce qu'il considérerait cette précision comme superflue, c'est, encore une fois, parce que, à l'époque où il éprouvait ces penchants, il lui aurait été difficile, peut-être impossible, de donner de cette passion, de ce vice, une définition précise. Nous sommes ici en présence d'un état d'âme ambigu, ou plutôt d'un double comportement, encore presque indéfinissable, et qui ne peut être compris qu'en se mettant dans le même état d'esprit essentiellement trouble. On peut l'imaginer facilement comme s'intensifiant par la suite, mais sans être sûr qu'il s'accentuera assez pour devenir finalement déterminé.



Tel est le point de départ de ce que nous pouvons appeler la pensée beuvienne. Certes, il va sans dire que dans cette analyse il ne s'agit pas nécessairement de Sainte-Beuve lui-même, mais d'un personnage peut-être fictif, qu'il décrit. Nous n'avons aucun droit de le considérer lui-même comme passionné, ni vicieux. Mais rien ne nous interdit de concevoir chez Sainte-Beuve, comme chez son personnage, un état d'esprit originel qui se révèle à celui qui l'éprouve comme composé de tendances aussi intenses que confuses, de traits de force associés à des traits de faiblesse, de façons d'être et de sentir dangereusement vives et pourtant imprécises. Dans cette expérience, rien n'est simple, rien n'est pur, rien n'est net, comme si les sentiments qui s'y trouvent évoqués, et dont on nous laisse entendre qu'ils seraient aptes à se développer par la suite, en étaient encore à cette époque critique où, incapables de se révéler pleinement au grand jour dans une action directe, ils étaient seulement susceptibles de se montrer, comme dit l'auteur, de façon oblique.



Ainsi, chez Sainte-Beuve, comme chez son héros, Amaury, l'on doit constater qu'à l'intensité plus ou moins secrète des sentiments s'allie très souvent tout un ensemble compliqué d'émotions très différentes. Si la passion et le vice chez Amaury se trouvent, non pas conciliés, mais placés par l'auteur dans une contiguïté quelque peu surprenante, si, pour lui, les forces actives de i'esprit, telles que la passion, peuvent, dans certains cas, coexister avec des éléments purement passifs, comme, par exemple, dans l'énumération qu'en fait Sainte-Beuve, l'oisiveté et la mollesse, il paraît clair, ou presque clair, que pour le grand critique, comme il l'explique dès les premières lignes du roman Volupté, à l'intérieur d'un même penchant il est possible de découvrir par l'analyse toute une série de traits émotionnels impliqués les uns dans les autres : passion, vice, paresse, oisiveté, tendances secrètes, privées, mystérieuses, furtives. Le monde beuvien, c'est-à-dire le monde si nombreux, si varié, et si subtilement perçu dans sa multiplicité ondoyante par le critique n'est donc pas un monde simple, où les êtres apparaissent d'une pièce, c'est un monde d'une infinie complexité. On y trouve tout ce qu'on trouve de divers, de distinct, de contradictoire même en l'objet qu'on analyse, quand bien même il ne serait représenté que par une seule personne. Le monde de Sainte-Beuve n'est évidemment pas celui de la simplicité, ni de la netteté. Mais il n'est pas non plus le monde de la pure confusion, ni de l'indétermination, au sens philosophique du terme. Il est plutôt celui de la multiplicité et de la variabilité des façons d'être et de vivre. Aucune pour lui n'est absolument déterminée ni indéterminée.



SAINTE-BEUVE : TEXTES



Les grands hommes... Je les aime plus proches de leur origine, prescjue infréquentés quand leur cours est si mystérieux, si voilé encore...



Ebauches de la vitalité obscure...

... Une certaine partie, inexpliquée, inexplicable...

... Tous ces sens lointains, épars, obscurs, bien que réels, qui président sourdement, et dans la profondeur des organes, à la nutrition de l'individu...

... Murmure confus, continuel et fondamental...

La volupté, grand agent de dissolution...



Sous le jour pâli du lendemain des plaisirs, dans cet ennui dont parle Lucrèce et qui révèle le fond, je voyais sans cesse le revers et la fin de tout, le néant que je sentais déjà et dont l'avant-goût n'est pas sans de mélancoliques délices.



Une grande et solide partie des jours... s'est passée pour moi dans les regrets stériles, dans les vagues désirs de l'attente, dans les mélancolies et les langueurs qui suivent le plaisir.

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