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Essais littéraire

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SHAKESPEARE - l'ouvre shakespearienne






Il faut ici considérer toute une série de textes situés en différents endroits de l'ouvre shakespearienne, mais présentant tous, avec la même intensité, un phénomène identique, celui de la disruption. A un moment donné, avec une force étonnante, dans la continuité de l'action se produit une rupture...



Chaque fois donc que ce phénomène se produit, nous nous 'trouvons en présence d'un événement plus négatif que positif, du moins dans l'instant où il a lieu, et qui consacre la cassure instantanée qui s'accomplit dans la durée, en ayant pour effet immédiat d'interrompre le cours de celle-ci. Un hiatus se creuse, hiatus si décisif, si déterminant même dans les conséquences qu'il peut avoir, qu'entre les événements qui le précèdent, et ceux qui vont suivre, aucune corrélation n'apparaît comme possible. La discontinuité est totale. Ainsi l'action n'est pas simplement suspendue. Nous ne sommes pas témoins d'une pause purement passagère, au-delà de laquelle l'action reprendrait suivant la ligne qui précédemment avait été la sienne. Non, la situation antécédente s'effondre, et une autre, incomparable, commence. Tout d'un coup, à partir d'une espèce de catastrophe imprévisible, agissant comme la déchirure violente dans une trame trop tendue, apparaît une autre façon de vivre (ou même, parfois, de renoncer à vivrE), qui est sans rapport avec la première : déchirure de l'espèce la plus grave, qui ne se contente pas de forcer le spectateur à renoncer à chercher quelque lien avec la trame antérieure, mais qui le laisse sans force pour imaginer ce que sera la nouvelle trame qui suivra. Sans transition aucune, le spectateur habitué à la ligne ininterrompue, tenue par une action essentiellement déterminée, se trouve jeté dans l'indétermination, c'est-à-dire dans l'inconnu. « O mort, terre inconnue ! », s'exclame un personnage shakespearien. Au moment où ce cri est poussé, entre la vie et la mort il semble qu'il n'y ait aucune distance, la possibilité d'aucune pause. Et pourtant l'intervalle, si insubstantiel qu'il puisse être, se manifeste comme un seuil, comme l'entrée d'un ailleurs. L'espace d'un instant, dans l'écroulement produit par la disruption dont nous venons de parler, l'être victime et témoin de ce désastre assiste à l'effondrement de toutes les déterminations antérieures. L'entrée dans l'indéterminé ne peut se faire que par la ruine immédiate et immédiatement perceptible, du déterminé.



SHAKESPEARE : TEXTES



O temps difforme, complice de la nuit... (Lucrèce.)

Combien amère est la douce musique - quand le temps est brisé et qu'aucune proportion n'est plus gardée... - mes pensées sont comme des minutes discordantes... (Richard II, V, 41.)



Les attaches du ciel ont glissé, se sont dissoutes et sont tombées... - (RestenT) les fractures de sa foi, les restants de son amour, les débris, les morceaux et les reliques souillées de celle-ci. (Troilus et Cressida, V, 139...)



Que la structure des choses se disjoigne... p. 614... (Macbeth, p. 584-)



(Le temps, la bataillE) balance tantôt d'un côté, tantôt de l'autre comme une mer puissante... dans un sens, puis dans un autre tous les deux s'efforçant d'être vainqueurs. (Henri VI, p. 671.)



Dans le sommeil de la mort, ce que nous avons encore de rêves, alors que nous nous sommes défaits de cette dépouille mortelle, nous donne unepause... (Hamlet.)



Rien de lui ne pâlit mais souffre un changement marin en quelque chose de riche et d'étrange. (Tempest, p. 599.)



D'où vient ce bruit ? Qui est-ce qui frappe à la porte ? Où ai-je été - Où suis-je ? J'ignore quel est ce lieu. (Roi Lear.)

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