Essais littéraire |
Ce qu'Yves de Paris considère avec une ferveur particulière, c'est l'homme, non dans les rapports qu'il établit avec des objets déterminés, mais au contraire dans la relation qu'il se découvre avec sa propre pensée, lorsque celle-ci ne s'attache à aucun objet distinct que ce soit. « Alors, dit-il, elle est comme un centre auquel toutes les choses imaginables se rapportent, et qui, en sa qualité de centre, est immobile et affranchie des lois de la mort, immobile en son être, indéterminée en son pouvoir. » (Théologie naturelle, p. 539.) C'est avec un certain étonnement qu'on peut relever en plein xviie siècle un tel passage qui fait penser simultanément à Platon pour l'Antiquité et à Lamartine pour l'époque moderne. On y trouve simultanément une appréhension à la fois la plus intérieure et la plus universelle, de la réalité, appréhension qui a nécessairement pour caractère d'être à la fois très vaste, très intime et très vague. Ceci se trouve confirmé par cet autre admirable passage : « Nos pensées doucement confuses s'emportent au-delà du monde dans je ne sais quelle étendue infinie de lumière. » Et Yves de Paris ajoute : « L'esprit se sent en rapport avec je ne sais quoi de vaste et d'indéterminé qui ne peut être l'objet de la vue et qui l'étonné comme les abîmes qui ne montrent point de fonds ». (Cité par Bremond, I, p. 488.) Le Je ne sais quoi dont il s'agit ici deux fois n'a rien à voir avec le Je ne sais quoi pascalien ou marivaudien. Rien d'angoissé comme chez Pascal, rien de purement sensuel comme chez Marivaux. Quelque chose plutôt qui ferait penser au Rousseau des Rêveries ou des Lettres à Males-herbes. L'indétermination y a la même valeur à la fois tout intérieure et cosmique. |
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