Estienne de La Boetie |
Tu m'as rendu la veuë, Amour, je le confesse De grâce que c'estoit à peine je sçavoy, Et or toute la grâce en un monceau je voy, De toutes parts luisant en ma grande maistresse. Or de voir et revoir ce thresor je ne cesse, Comme un masson qui a quelque riche paroy Creusé d'un pic heureux qui recelé soubs soy Des avares ayeux la secrette richesse. Et j'ay de tout le bien la cognoissance entière, Honteux de voir si tard la plaisante lumière, Mais que gagne je Amour, que ma veuë est plus claire, Que tu m'ouvres les yeux, et m'affines les sens ? Et plus je voy de bien, et plus de maulx je sens, Car le feu qui me brusle est celuy qui m'esclaire. |
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Estienne de La Boetie (1530 - 1563) |
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Portrait de Estienne de La Boetie | |||||||||