Évariste de Parny |
Sur l'Océan jamais la France Ne déploya tant de grandeur. Son bras de l'Anglais oppresseur Punissait la longue insolence; Du joug de ces tyrans, et si vils, et si fiers, Qui toujours sur le nombre ont fondé leur courage, Nos libres matelots affranchissaient les mers ; Leurs chants républicains échauffaient le carnage ; Et quel que soit l'arrêt du sort. Ils tiendront leur serment : la victoire ou la mort! Mais bientôt à leurs voux les vents sont infidèles. D'un souffle contraire emporté, Le Vengeur combat seul, de la ligne écarté. Quatre flottantes citadelles De leur canon sur lui dirigent tous les feux. Il y répond : longtemps le succès est douteux. La voile déchirée aux vents laisse un passage ; Le rapide boulet emporte le cordage ; La vergue, sans appui, frappe les mâts rompus ; Ils se brisent, et le navire Au gouvernail n'obéit plus; Et nos braves marins de dire : « Feu, stribord ! feu, bas-bord ! Des voiles et des mâts Servent à qui veut fuir, mais nous ne fuirons pas. » Ces mots augmentent leur audace. Deux vaisseaux d'Albion, de débris tout couverts, S'éloignent du combat; d'autres ont pris leur place. Du Vengeur cependant les membres entrouverts Laissent de toutes pans entrer l'onde fatale : Plus d'espoir! La flotte rivale Criait à nos guerriers : « Imprudents ! rendez-vous ; Baissez ce pavillon, ou vous périssez tous. » « Eh ! quoi ! la superbe Angleterre Dans ses ports verrait le Vengeur Suivre lâchement un vainqueur! Quel affront pour la France entière ! Nous libres, nous républicains. Par un marché honteux achetant notre vie, Nous pourrions nous livrer à votre perfidie ! Et des fers chargeraient nos mains ? À nous déshonorer, osez-vous bien prétendre ? Les Français aujourd'hui ne savent plus se rendre. » Ainsi parlant, nos matelots Déjà poursuivis par les flots. Montent sur le tillac ; en signe de leur joie, De tous côtés leur main déploie Les pavillons aux ttois couleuts. Et la flottante flamme, et les pavois vainqueuts. Les chapeaux qui couvtaient leut tête Sont élevés dans l'air comme en un jour de fête. La mer s'ouvre ; ces mots heureux Consolent leur âme héroïque : France ! Liberté ! République ! Ils disent, et les flots se referment sur eux. Troupe invincible et magnanime. De votre dévouement sublime La France instruira l'univers. De sa reconnaissance entendez les concerts. Du vaisseau que votte courage Refusa de livrer à l'infâme Albion Elle suspend la noble image Aux voûtes de son Panthéon ; Au pinceau fidèle elle ordonne De vous reproduire à nos yeux. Et sur l'immortelle colonne Elle écrit vos noms glorieux. Ces noms éclatants dans l'histoire, De nos jeunes marins orneront la mémoire ; Et dans tous les combats, ces enfants de l'honneur Se tessouviendront du Vengeur. |
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Évariste de Parny (1753 - 1814) |
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Portrait de Évariste de Parny | |||||||||