Fabre d'Églantine |
ROMANCE Il pleut, il pleut, bergère. Presse tes blancs moutons ; Allons sous ma chaumière, Bergère, vite, allons : J'entends sur le feuillage L'eau qui tombe à grand bruit ; Voici, voici l'orage ; Voilà l'éclair qui luit. Entends-tu le tonnerre ? Il roule en approchant ; Prends un abri, bergère, À ma droite en marchant ; Je vois notre cabane... Et, tiens, voici venir Ma mère et ma sour Anne Qui vont Pétable ouvrir. Bonsoir, bonsoir ma mère ; Ma sour Anne, bonsoir ; J'amène ma bergère. Près de vous pour ce soir. Va te sécher, ma mie. Auprès de nos tisons ; Sceur, fais-lui compagnie, Entrez, petits moutons. Soignons bien, ô ma mère! Son tant joli troupeau ; Dorme?, plus de litière À son petit agneau. C'est fait : allons près d'elle. Eh bien donc, te voilà ? En corset, qu'elle est belle! Ma mère, voyez-la ! Soupons : prends cette chaise ; Tu seras près de moi ; Ce flambeau de mélèze Brûlera devant toi. Goûte de ce laitage; Mais, tu ne manges pas ? Tu te sens de l'orage ; Il a lassé tes pas. Eh bien ! voilà ta couche, Dors-y jusques au jour ; Laisse-moi sur ta bouche Prendre un baiser d'amour. Ne rougis pas, bergère ; Ma mère et moi, demain. Nous irons chez ton père Lui demander ta main. |
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Fabre d'Églantine (1750 - 1794) |
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Portrait de Fabre d'Églantine | |||||||||