Francis Ponge |
Considération, baie des nuits, pure vitre d'une ennuyeuse entrelueur à l'aube embue, le volet bleu fermé d'un coup il fait jour à l'intérieur. * Aussitôt sur Oscar l'incisif outil du soleil brille. Il divise ses cils. Dès l'oil ouvert, à bas du songe coursier, Oscar est mis debout sur le plan de la mer. Et son corps culbuteur toujours contre l'attrait du sol efforce ses muscles : animaux, d'une vaine chaleur mécanique, vaincus. Terre à terre tout saute et grouille autour de lui. Pour se dépêcher, il faut multiplier les regards et faire attention tout près. * Dans une anthologie romantique, Julie, la peau dorée, les cuisses aérées sous une robe légère, lisait. Il la bouscule devant un bazar. On y voit des tapis étalés comme des campagnes, et des bronzes dessus comme des rochers. Des coffrets ouvrés ressemblent à des villes. De l'or des genêts, du violet des bruyères une carpette est brochée. « C'est trop, dit Oscar, et pas cher dans le Catalogue moderne. » * On torréfie du café par là, le toit d'en face est rouge, un jet de vapeur siffle. Oscar est tout à fait accaparé. Réduit, stérilisé, il s'agite sur une chaise de fer. Un éblouissement confond le ciel et la rue. Derrière une grille de lumière, on voit sur les murs bleus des nuages affichés. * Mais enfin les ombres autour des architectures tournent, tout court se tasser dans le fond pour le drame des perspectives car une majesté puissamment avenue étouffe la lampe tyrannique. Tandis que Julie doit fermer son livre, Oscar, prunelles élargies, les étalages rentrés, voit 9e rétrécir vite l'intérêt du soleil. |
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Francis Ponge (1899 - 1988) |
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Portrait de Francis Ponge | |||||||||