François de Vigny |
« Déjà, mon jeune époux ? Quoi! l'aube paraît-elle ? Non; la lumière, au fond de l'albâtre, étincelle Blanche et pure, et suspend son jour mystérieux; La nuit règne profonde et noire dans les deux. Vois, la clepsydre encor n'a pas versé trois heures : Dors près de ta Néra, sous nos chastes demeures; Viens, dors près de mon sein. » Mais lui, furtif et lent; Descend du lit d'ivoire et d'or étincelant. Il va, d'un pied prudent, chercher la lampe errante, * Dont il garde les feux dans sa main transparente, Son corps blanc est sans voile, il marche pas à pas, L'oil ouvert, immobile, et murmurant tout bas : « Je la vois, la parjure!... interrompez vos fêtes, Aux Mânes un autel... des cyprès sur vos têtes... Ouvrez, ouvrez la tombe... Allons... Qui descendra ? » Cependant, à genoux et tremblante, Néra, Ses blonds cheveux épars, se traîne. « Arrête, écoute, Arrête, ami; les Dieux te poursuivent, sans doute; Au nom de la pitié, tourne tes yeux sur moi; Vois, c'est moi, ton épouse en larmes devant toi; Mais tu fuis; par tes cris ma voix est étouffée! Pbobé, pardonne-lui; pardonne-lui, Morphée. » - « J'irai... je frapperai... le glaive est dans ma main : Tous les deux... Pollion... c'est un jeune Romain... Il ne résiste pas. Dieux! qu'il est faible encore! D'un blond duvet sa joue à peine se décore, L'amour a couronné ce luxe éblouissant... Ecartez ce manteau, je ne vois pas le sang. » Mais elle : « O mon amant! compagnon de ma vie! Des foyers maternels si ton char m'a ravie, Tremblante, mais complice, et si nos voux sacrés Ont fait luire à l'Hymen des feux prématurés, Par cette sainte amour nouvellement jurée, Par l'antique Vesta, par l'immortelle Rhée Dont j'embrasse l'autel, jamais nulle autre ardeur De mes pieux serments n'altéra la candeur : Non, jamais Pénélope, à l'aiguille pudique, Plus chaste n'a vécu sous la foi domestique. Pollion, quel est-il ?» - « Je tiens tes longs cheveux... Je dédaigne tes pleurs et tes tardifs aveux, Corinne, tu mourras... » - « Ce n'est pas moi! Ma mère, Il ne m'a point aimée! Oh! ta sainte colère A comme un Dieu vengeur poursuivi nos amours ! Que n'ai-je cru ma mère et ses prudents discours ? Je ne détourne plus ta sacrilège épée; Tiens, frappe, j'ai vécu puisque tu m'as trompée... ... Ah! cruel!... mon sang coule!... Ah! reçois mes adieux; Puisses-tu ne jamais l'éveiller! » - « Justes Dieux! » |
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François de Vigny (1570 - ?) |
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Portrait de François de Vigny | |||||||||
Biografie / cronologieConformément aux préoccupations constamment manifestées par l'écrivain, nous avons étendu cette chronologie dans la direction du passé, à la recherche de la noblesse des ancêtres, et dans celle de l'avenir, à l'écoute des échos de l'ouvre renvoyés par la postérité. Bibliographie |
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