François Villon |
Combien que j'ay /eu en ung dit : Inimicum putes, y a, Qui te presentem laudabit; Toutes/ois, non obstant cela, Oncques vray homme ne cela En son courage aucun grant bien, Qui ne le montrast ça et la : On doit dire du bien le bien. Saint Jehan Baptiste ainsy le jist, Quant VAignel de Dieu descela. En ce faisant -pas ne mesfist, Dont sa voix es tourbes vola; De quoy saint Andry Dieu loua, Qui de lui cy ne sçavoit rien, Et au Fils de Dieu s'aloua : On doit dire du bien le bien. Envoiee de Jhesucrist, Rappeliez ça jus par deçà Les povres que Rigueur proscript Et que Fortune betourna. Si sçay bien comment il m en va : De Dieu, de vous, vie je tien. Benoist celle qui vous portai On doit dire du bien le bien. Cy, devant Dieu, fais congnoissance Que créature feusse morte, Ne feus t vostre doulce naissance, En charité puissant et forte, Qui ressuscite et reconforte Ce que Mort avoit prins pour sien. Vostre présence me conforte : On doit dire du bien le bien. Cy vous rans toute obeyssance, Ad ce faire raison m'exorte, De toute ma povre puissance; Plus n'est deul qui me desconforte, N'aultre ennuy de quelconque sorte. Vostre je suis et non plus mien; A ce, droit et devoir menhorte : On doit dire du bien le bien. O grâce et pitié très immense, L'entrée de paix et la porte, Some de bénigne clémence, Qui noz faultes toult et supporte, Si de vous louer me déporte, Ingrat suis, et je le maintien, Dont en ce refrain me transporte : On doit dire du bien le bien. Princesse, ce loz je vous porte, Que sans vous je ne f eusse rien. A vous et a tous m'en rapporte : On doit dire du bien le bien. Euvre de Dieu, digne, louée Autant que nulle créature, De tous biens et vertus douée, Tant d'esperit que de nature Que de ceulx qu'on dit d'adventure, Plus que rubis noble ou balais; Selon de Caton l'escripture : Patrem insequitur proies. Port asseuré, maintien rassiz, Plus que ne peut nature humaine, Et eussiez des ans trente six; Enfance en rien ne vous demaine. Que jour ne le die et sepmaine Je ne sçay qui le me deffant. Ad ce propos ung dit ramaine : De saige mère saige enfant. Dont résume ce que j'ay dit : Nova progenies celo, Car c'est du poëte le dit, Jamjam demittitur alto. Saige Cassandre, belle Echo, Digne Judith, caste Lucresse, Je vous cognois, noble Dido, A ma seule dame et maistresse. En priant Dieu, digne pucelle, Que vous doint longue et bonne vie; Qui vous ayme, ma damoiselle, Ja ne coure sur luy envie. Entière dame et assouvie, J'espoir de vous servir ainçoys, Certes, se Dieu plaist, que dévie Vostre povre escolier Françoys. |
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François Villon (1431 - 1463) |
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Portrait de François Villon | |||||||||