François Villon |
Aiez pitié, aiez pitié de moy, A tout le moins, si vous plaist, mes amis ! En fosse gis, non pas soubz houx ne may, En cest exil ouquel je suis transmis Par fortune, comme Dieu l'a permis. Filles, amans, jeunes, vieulx et nouveaulx, Danceurs, saulteurs, faisans les piez de veaux, Vifs comme dars, agus comme aguillon, Gousiers tintans cler comme cascaveaux, Le lesserez la, le povre Villon ? Chantres chantans a plaisance, sans loy, Galans, rians, plaisans en fais et dis, Courens, alans, francs de faulx or, d'aloy, Gens d'esperit, ung petit estourdis, Trop demourez, car il meurt entandis. Faiseurs de laiz, de motetz et rondeaux, Quand mort sera, vous lui ferez chaudeaux ! Ou gist, il n'entre escler ne tourbillon : De murs espoix on luy a fait bandeaux. Le lesserez la, le povre Villon ? Venez le veoir en ce piteux arroy, Nobles hommes, francs de quart et de dix, Qui ne tenez d'empereur ne de roy, Mais seulement de Dieu de Paradis : Jeûner lui fault dimanches et mardis, Dont les dens a plus longues que ratteaux; Après pain sec, non pas après gasteaux, En ses boyaulx verse eau a gros bouillon ; Bas enterré, table n'a, ne tresteaulx. Le lesserez la, le povre Villon ? Princes nommez, anciens, jouvenceaux, Impetrez moy grâces et royaulx sceaux, Et me montez en quelque corbillon. Ainsi le font l'ung a l'autre pourceaux, Car, ou l'ung brait, ils fuyent a monceaux. Le lesserez la, le povre Villon? |
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François Villon (1431 - 1463) |
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Portrait de François Villon | |||||||||