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François Villon



Probleme ou ballade au nom de la fortune - Poéme


Poéme / Poémes d'François Villon





Fortune fus par elers jadis nommée,

Que toy,'
François, crie et nomme murtriere,

Qui n'es homme d'aucune renommée.

Meilleur que toy fais user en plastriere,

Par povreté, et fouyr en carrière ;

S'a honte vis, te dois tu doneques plaindre?

Tu n'es pas seul ; si ne te dois complaindre.

Regarde et voy de mes fais de jadis,

Mains vaillans homs par moy mors et roidis ;

Et n'es, ce sçais, envers eulx ung souillon.

Appaise toy, et mets fin en tes dis.

Par mon conseil prens tout en gré,
Villon !



Contre grans roys me suis bien anymee,

Le temps qui est passé ça en arrière :

Priam occis et toute son armée,

Ne luy valut tour, donjon, ne barrière;

Et
Hannibal demoura il derrière?

En
Cartaige par
Mort le feis attaindre;

Et
Scypion l'Affriquan feis estaindre;

Julles
César au sénat je vendis ;

En
Egipte
Pompée je perdis;

En mer noyé
Jason en ung bouillon ;

Et une fois,
Romme et
Rommains ardis.

Par mon conseil prens tout en gré,
Villon !



Alixandre, qui tant feist de hemee,
Qui voulut veoir l'estoille pouciniere,
Sa personne par moy fut envlimee ;
Alphasar roy, en champ, sur sa baniere,
Rué jus mort, cela est ma manière;
Ainsi l'ay fait, ainsi le maintendray :
Autre cause ne raison n'en rendray.
Holofernes, l'ydolastre mauldis,
Qu'occist
Judith (et dormoit entandis !)
De son poignart, dedens son pavillon;
Absalon, quoy? en fuyant le pendis.
Par mon conseil prens tout en gré,
Villon !



Pour ce,
François, escoute que te dis :
Se riens peusse sans
Dieu de
Paradis,
A toy n'autre ne demourroit haillon,
Car, pour ung mal, lors j'en feroye dix.
Par mon conseil prens tout en gré,
Villon !



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François Villon
(1431 - 1463)
 
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