Gabriel-Charles de Lattaignant |
Jeune Iris, souffrez sans courroux De passer pour coquette. Pourquoi vous offenseriez-vous D'une telle épithète ? Quelque grain de légèreté Et de coquetterie Ajoute encore à la beauté Le titre de jolie ! Ne voyons-nous pas tous les jours Folâtrer sur vos traces Presque autant de nouveaux amours Qu'on voit en vous de grâces ? On n'engage qu'un seul amant, Quand on est si fidèle. Qui ne veut que plaire en a cent Qui voltigent comme elle. Pourquoi vouloir mal à propos Vous piquer de constance ? Cette triste vertu des sots N'est plus de mode en France. Laissez aux belles du commun L'honneur d'être constante. Vaut-il mieux n'en rendre heureux qu'un, Que d'en amuser trente ? Ces belles dont l'antiquité Consacre la mémoire, Avec plus de fidélité, Auraient eu moins de gloire ; Et sans le nombre des amants Qui les ont adorées, Que de déesses de ce temps Qui seraient ignorées ! Nous aurait-on parlé jamais De la beauté d'Hélène, Sans ces rois et ces héros grecs, Qui portèrent sa chaîne ? Vénus même, sans les amours Qui naissent sur ses traces, À Paphos s'ennuierait toujours Seule avec ses trois Grâces. Imitez toujours nos guerriers, Si jaloux de la gloire ; Ils ne veulent que des lauriers Pour prix de leur victoire. À peine un coeur est-il dompté, Attaquez-en un autre. Triomphez de leur liberté ; Jouissez de la vôtre. |
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Gabriel-Charles de Lattaignant (1697 - 1779) |
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Portrait de Gabriel-Charles de Lattaignant | |||||||||