Gaucelm Faidit |
J'ai entendu s'éjouir Par amour, dans son langage Le rossignolet sauvage. Il me fait mourir d'envie, Car celle que j'aime Ne veut aujourd'hui Ni m'écouter ni me voir. Le doux chant que font l'oiseau et sa mie Conforte un peu mon courage. Je console donc Mon cour en chantant. Je n'aurais pas cru pouvoir ! Mais rien de ce que je vois Ne saurait me réjouir. Je reconnais ma folie, Il est juste que je souffre, Juste et mérité. J'ai laissé mon cour S'enivrer de rêves fous. Résultat : angoisse Tristesse et dommage. Il faut que je me l'avoue. J'ai perdu l'année. Elle fut sans plaisir. Rien n'y vint à mon désir. Bien que j'aie fort à me plaindre Je m'incline et je supplie Celle qui a seigneurie Sur mon âme et ma personne. Elle ne put rien dire Quand je dus partir. Je l'entendis soupirer, La main sur les yeux : « Que Dieu vous protège ». Et quand en moi je revois Son ah" amoureux, Je me dis, en larmes : Sans elle plutôt mourir. La dame qui tient mon cour Je la prie je la supplie De ne point m'être cruelle de ne point croire les fourbes, De ne point penser Que j'en aime une autre. De bonne foi je soupire. Sans mentir je l'aime. Mon cour est vrai cour. Je n'ai rien des faux amants Dont les tromperies Ont fait que l'Amour Ne récolte que mépris. Chanson sois ma messagère, Sans plus tarder cours et parle À celle qui me plaît tant. Hôtesse de toute joie. D'un mot dis-lui comme Je meurs de désir, Et si elle veut m'accueillir Rappelle à son cour. Sans perdre un instant, Mon souci et mon désir. Mon amour si grand Que l'envie me tue De la voir et l'embrasser. Ma Dame Marie, Tel est votre Prix Que tous estiment plaisants Mes dits et mes chants Et l'éloge grand Que je fais en vous chantant. |
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Gaucelm Faidit (1150 - 1205) |
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Portrait de Gaucelm Faidit | |||||||||