Georges Brassens |
Il avait nom Corne d'Aurochs, ô gué ô gué Tout le monde peut pas s'appeler Durand, ô gué ô gué. En le regardant avec un oil de poète, On aurait pu croire à son frontal de prophète, Qu'il avait les grandes eaux de Versailles dans la tête, Corne d'Aurochs. Mais que le bon Dieu lui pardonne, ô gué ô gué C'étaient celles du robinet ! ô gué ô gué. On aurait pu croire en 1' voyant penché sur l'onde, Qu'il se plongeait dans des méditations profondes, Sur l'aspect fugitif des choses de ce monde, Corne d'Aurochs. C'était hélas pour s'assurer, ô gué ô gué Qu' le vent n' l'avait pas décoiffé, ô gué ô gué. Il proclamait à son de trompe à tous les carrefours « Il n'y a qu' les imbéciles qui sachent bien faire [l'amour, La virtuosité c'est une affaire de balourds », Corne d'Aurochs. Il potassait à la chandelle ô gué ô gué Des traités de maintien sexuel, ô gué ô gué Et sur les femmes nues des musées, ô gué ô gué Faisait F brouillon de ses baisers, ô gué ô gué. Et bientôt petit à petit, ô gué ô gué On a tout su, tout su de lui ô gué ô gué. On a su qu'il était enfant de la Patrie, Qu'il était incapable de risquer sa vie Pour cueillir un myosotis à une fille, Corne d'Aurochs. Qu'il avait un p'tit cousin, ô gué ô gué Haut placé chez les argousins, ô gué ô gué Et que les jours de pénurie, ô gué ô gué II prenait ses repas chez lui, ô gué ô gué. C'est même en revenant d' chez cet antipathique Qu'il tomba victime d'une indigestion critique Et refusa F secours de la thérapeutique Corne d'Aurochs. Parce que c'était à un Allemand, ô gué ô gué Qu'on devait le médicament ô gué ô gué Il rendit comme il put son âme machinale Et sa vie n'ayant pas été originale L'Etat lui fit des funérailles nationales, Corne d'Aurochs. Alors sa veuve en gémissant, ô gué ô gué Coucha avec son remplaçant, ô gué ô gué. |
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Georges Brassens (1921 - 1981) |
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Portrait de Georges Brassens | |||||||||
BiographieJeune, Georges Brassens, fils de maçon, n'aime guère l'école hormis les cours de lettres qui lui apprennent l'amour de la poésie. En 1940, il vit à Paris et travaille comme tourneur au sein de l'usine Renault. Parallèlement, il commence à composer, mais le STO le condamne à partir pour Allemagne. De fait, ses camarades déportés constituent son premier public. Après la guerre, il devient anarchiste |
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