Georges Brassens |
Elle avait la taill' faite au tour Les hanches pleines, Et chassait 1' mâle aux alentours De la Mad'leine. A sa façon d' me dire : « Mon rat Est-c' que j' te tente ? » J' compris que j'avais affaire à Un' débutante. L'avait 1' don c'est vrai, j'en conviens, L'avait 1' génie. Mais sans technique un don n'est rien Qu'un' sal' manie. Certes, on ne se fait pas putain Comme on s' fait nonne, C'est du moins c' qu'on prêche en latin, A la Sorbonne. Me sentant ému de pitié Pour la donzelle, J' lui enseignai de son métier Les p'tites ficelles, J' lui enseignai 1' moyen d' bientôt Faire fortune En bougeant l'endroit où ie dos R'ssemble à la lune. Car dans l'art de faire le trottoir Je le confesse Le difficile est d' bien savoir Jouer des fesses, On n'tortille pas son popotin D'la même manière, Pour un droguiste, un sacristain, Un fonctionnaire. Rapidement instruite par Mes bons offices, Elle m'investit d'une part D' ses bénéfices. On s'aida mutuellement Comm' dit 1' poète Elle était 1' corps, naturellement, Puis moi la tête. Quand la pauvrette à la maison Rentrait bredouille, Je lui flanquais, plus qu' de raison Des ratatouilles. Lui souviendrait-il encor du Bidet d'hygiène Avec lequel j'avais fendu Sa boît' crânienne ? Un soir à la suite de manouvres douteuses, Ell' tomba victim' d'une maladie honteuse, Lors en tout bien, toute amitié, En fille probe, Elle me passa la moitié De ses microbes. Après des injections aiguës D'antiseptique J'abandonnai 1' métier d' cocu Systématique, Elle eut beau pousser des sanglots, Braire à tue-tête Comme je n'étais qu'un salaud, J' me fis honnête. Sitôt privée de ma tutelle Ma pauvre amie, Courut essuyer du bordel Les infamies. Paraît qu'eli' s' vend même à des flics, Quelle décadence ! Y' a plus d' moralité publique Dans notre France. |
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Georges Brassens (1921 - 1981) |
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Portrait de Georges Brassens | |||||||||
BiographieJeune, Georges Brassens, fils de maçon, n'aime guère l'école hormis les cours de lettres qui lui apprennent l'amour de la poésie. En 1940, il vit à Paris et travaille comme tourneur au sein de l'usine Renault. Parallèlement, il commence à composer, mais le STO le condamne à partir pour Allemagne. De fait, ses camarades déportés constituent son premier public. Après la guerre, il devient anarchiste |
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