Georges Brassens |
Voir le nombril d'la femm' d'un flic N'est certain'ment pas un spectacle Qui du point d' vue de l'esthétiqu' Puiss' vous élever au pinacle. Il y eut pourtant dans 1' vieux Paris Un honnête homme sans malice Rêvant d' contempler le nombril D'la femm d'un agent de police. « Je me fais vieux, gémissait-il Et durant le cours de ma vie, J'ai vu bon nombre de nombrils De toutes les catégories, Nombrils d' femm' de croqu'mort, nombrils D' femm' de bougnats, d' femm' de jocrisses, Mais je n'ai jamais vu celui D'la femm' d'un agent de police. Mon père a vu comm' je vous vois Des nombrils de femm' de gendarmes, Mon frère a goûté plus d'un' fois D' ceux des femm's d'embourgeois les charmes, Mon fils vit l' nombril d'la souris D'un ministre de la Justice Et moi j' n'ai mêm' pas vu 1' nombril D' la femm' d'un agent de police. Mon Dieu le temps va comme un fou De mes jours est tissée la trame, Avant de me prendre avec vous Mon Dieu penchez-vous sur ce drame Avant d'aller au paradis J'aimerais passer mon caprice Voir, fût-ce à moitié le nombril D' la femm' d'un agent de police. » Ainsi gémissait en public Cet honnête homme vénérable Quand la légitime d'un flic Tendant son nombril secourable Lui dit : « Je m'en vais mettre fin A votre pénible supplice Vous fair' voir le nombril enfin D'la femm' d'un agent de police. » Alléluia, fit le bon vieux De mes tourments voici la trêve ! Grâces soient rendues au bon Dieu Je vais réaliser mon rêve ! » Il s'engagea tout attendri Sous les jupons d' sa bienfaitrice Braquer ses yeux sur le nombril D'la femm' d'un agent de police. Mais hélas, il était rompu Par les effets de sa hantise, Et comme il atteignait le but De cinquante ans de convoitise, La mort, la mort, la mort le prii Sur l'abdomen de sa complice, Il n'a jamais vu le nombril D'la femm' d'un agent de police |
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Georges Brassens (1921 - 1981) |
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Portrait de Georges Brassens | |||||||||
BiographieJeune, Georges Brassens, fils de maçon, n'aime guère l'école hormis les cours de lettres qui lui apprennent l'amour de la poésie. En 1940, il vit à Paris et travaille comme tourneur au sein de l'usine Renault. Parallèlement, il commence à composer, mais le STO le condamne à partir pour Allemagne. De fait, ses camarades déportés constituent son premier public. Après la guerre, il devient anarchiste |
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