Georges Emmanuel Clancier |
Dans le règne animal et tendre. Dans le noir, dans la chair, dans la touffe, Dans l'odeur, le chaud, la sueur. Dans le fourré, le gîte, la terre meuble, Dans la brassée ténébreuse, amoureuse, Dans le déferlement de feu. Dans l'oubli originel. Dans le naufrage d'avant les mots. Dans la jonchée des corps. Dans la peau, dans la rumeur du sang, Dans la peau et le sang du sommeil, Dans la bouche du sommeil. Dans la vague, l'écume, le creux, la houle. Dans la mer caressée d'un sombre soleil, Mer gloutonne, apaisante, apaisée, Dans la matrice heureuse, triomphante, Hors de la vie, hors de la mort. La feuille étoile est ta fille ailée Ô nuit de la muraille noire Qui tombe au sable de ta voix Soudain, seul amour qui ne soit Troublé par les feux couchants du hasard. L'oil au pistil ouvre sa toile Verte où se perd le monde pervers, L'oil clôt sa fête à l'envers Sur mon double, reflet hagard Qui s'enfonce, perd et se voile. La feuille au ras de l'univers A ployé mille plis de fraîcheur, Plan fragile et bleu sur la blessure Où point le gouffre ou le caillot. Grand animal couché velu vert. Torsion tragique des millénaires Et maintenant cette douceur en majesté À l'heure des fermes, du crépuscule Dans l'odeur d'herbe et de lait. Au sein du langage peu mobile Des vignes, des aulnes, des noyers, De la route qui tourne et se nourrit Paisible des villages, des feuillages, Des chalets, de la lumière gris-bleu Comme fait là-bas la falaise velue, Torsade ensommeillée des millénaires. Oil solaire, galets de nuit, Volée de grains et d'ivraie. Tout au long du chemin sous les ombres, Tout au long du voyage, glisse Sur les ocelles de l'astre léopard. Le fauve dort depuis des millénaires. De ce sommeil tu fus le rêve passager Et ton passage allait de tache en pierre Ainsi glissant sur les ocelles de l'astre Endormi tout au long du temps Dans le soleil, dans le galet, dans le grain, Dans l'ivraie sous les ombres, dans la nuit. Le silence ou le mot, l'attente ou l'oubli Pur des bêtes et des arbres ? Les neuves pareils à la forêt Aux rivages de crime et d'élan pétrifié Ou bien le seul fleuve diffus du sang T'abreuvant d'une poussière d'éternité ? Le vieux savoir, lézarde au long de la tour Ténébreuse ou l'aigu défi du futur ? Ecoute, oublie, guette en vain, demeure Avec ce tremblement : la solitude foudroyée De qui soudain pressent dans l'obscur. Dans la Hamme, dans la paix, l'absence ou la lettre, Un vertige où s'annulent, égaux Par la victoire et le désastre. Le silence et le chant, la pierre et la fleur. L'être et la mort. |
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Georges Emmanuel Clancier (1914 - ?) |
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Portrait de Georges Emmanuel Clancier | |||||||||
La vie et l'Ouvre de georges-emmanuel clancier1914 Naissance à Limoges le 3 mai. Famille limousine de paysans, d'artisans et d'ouvriers porcelainiers. Le père, officier d'infanterie pendant la guerre, devient, la paix revenue, agent commercial. |
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