Georges Emmanuel Clancier |
I Il s'en va nu, léger du vent à ses oreilles, Poli des ailes de sable qui battent à ses pas. Il croit, s'il se retournait avec un sourire. Que l'ombre la plus fidèle, au plus fraternel regard. Lui-même enfin qui flâne et demeure à chaque pas, Doucement buterait dans sa poitrine Et lèverait la tête, Pour lui donner une prière émerveillée. Il ne se retourne pas. Les fleurs s'étoilent autour de lui Et meurent sur ses traces infinies sans qu'il pense. II Au mur de son front le soleil se repose Qui flatte les épaules d'un fluide collier Mais sans bouger, avec la seule nonchalance, Endort dans la clarté le regard qu'il délivre. Une lumière devient le sang sauvage de la chair, Une lumière lentement explose en sa pensée. Il la laisse chanter le matin de sa solitude Où se hâte pour lui, vers la source, cet inconnu. Il s'en va nu, prêt à recueillir son image pure. A plus de transparence l'abandonne chaque pas. III Mille pas, mille effigies moqueuses de sa mort Reculent à l'élan d'ombre de ses mains puis reviennent. Mille présages gagnent à ses victoires. Il ne sait pas son visage près de finir au cerne De ses yeux. Il ne sent pas grandir cette défaite Qui le suivant efface le pays et l'espoir du retour. Mais les délaissés, déjà, percent à ses yeux Et se déchirent aux tendres places du cour. Il ne sait pas. Le soleil tient à peine à la source de son regard. IV Une course immense de foule soudain rompt la calme Ecluse de chair. Jaillis du peuple en amont du sang Les chiens fous du souvenir, les étrangers, les désirs Ont criblé ses muscles tendus, de leur revanche : Ils bondissent et se dévorent au delà de lui, Des lambeaux de lui glissent à leurs gueules comme des drapeaux. V Cercle de vent la meute s'éloigne tombe à la plaine Et gémit. Il respire. Des rivières, des enfants, Des femmes et des sommeils montent à la plénitude De la source. Il les voit s'élever guirlandes des mains Aux regards unies sous la soie attentive de l'eau. Les fleurs de nouveau se hasardent sur la plaine. Alors il se dresse, nu, guette son ombre apaisée : Elle aura maintenant la chance et le danger de l'aube Car il feint de la suivre, et la portera dans ses bras. Il se croit libre. Le rythme renaît de sa soif, Il secoue sa joie malhabile à l'air de l'horizon, Cet air que siffle en rêve le lourd serpent du ciel. Il croit sourire. Et c'est une clameur, un cri sans voix Qui claque à ses dents vole et ramène des horizons La nuée haletante... Sa poussière arrache les fleurs et rejette l'homme En croix. |
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Georges Emmanuel Clancier (1914 - ?) |
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Portrait de Georges Emmanuel Clancier | |||||||||
La vie et l'Ouvre de georges-emmanuel clancier1914 Naissance à Limoges le 3 mai. Famille limousine de paysans, d'artisans et d'ouvriers porcelainiers. Le père, officier d'infanterie pendant la guerre, devient, la paix revenue, agent commercial. |
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