Georges Mogin |
De couteau, la rouge histoire Soufflait sur la plaine en gel. Bise et mémoire. Mémoire Qui sait un plaisir mortel. Soufflait sur la plaine obtuse. Parlait de filles d'amour. De nuques, de lits, de ruses Et de sang dans des velours. Soufflait ce vent des tribus. Et derrière un pan de brique Un cri bestial et fourbu Passa le cri des fabriques. De couteau, la chanson noble Parlait de sang délivré Qui fluait comme un vignoble Au temps de maturité. Parlait du cour hébété Tout seul avec la logique D'un couteau qui veut goûter Son vin généalogique. O rois changés en statues. Infantes belles à voir Si mortes, si dévêtues Aux flammes de hauts bougeoirs. Tombez, masques, diadèmes. Pour le bee d'un fol oiseau. Pour le baiser du couteau Qui fait sa lèvre lui-même. Chaleur ombreuse du sein. C'est en toi que nidifie Un jeune couteau câlin Endurci de poésie. Et Lazare, du tréfonds. Tout habillé de sa peste. Surgit et tend son poumon. Couteau, pour savoir ton zeste. La rose pourpre en sa moelle Entendit ce chant si beau. Se détourna de l'étoile Et rêva d'être couteau. |
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Georges Mogin (1898 - 1990) |
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