Georges Mogin |
Dévastez ces chants D'aimables cadences. Ces molles pitances Qu'une sauce attise. Adieu, lourds festins. Nous mourons de faim. Mais c'est d'autres faims Que nos dents s'aiguisent. Qu'on jette aux poubelles Sirops et vaisselles. Repas et convives Mêlés à leur guise Et les vieux refrains. C'est à d'autres faims Que nos dents s'aiguisent. D'un ongle de fer Qu'on racle les murs Graissés par les vers De jolis poètes ! A poignes de crins Effaçons les frises Où brillaient ces fêtes ; C'est à d'autres faims Que nos dents s'aiguisent. Alors nous d'aller Toutes mains armées De feux et de palmes (Et le cour aussi) Vers un sacrement. Bien nus. bien tremblants. Le pain des églises A trompé nos flancs D'un fade aliment Où la foi s'enlise. Le Dieu sec et blanc Des théologies Laisse encor des faims Brûler notre vie. O. bouche agrandie Jusqu'à la gencive. C'est à d'autres faims Que nos dents s'aiguisent. Qu'on ouvre la roche De fortes blessures Si la roche mure Un seul grain perdu De la nourriture ! - Peuple violent Qui les faims endures D'un froment si pur, Par celte colère. Tu m'as découvert. Homme impatient. Mange-moi vivant. C'est ainsi de vrai Qu'il nous parlerait Le charnel a/ur. |
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Georges Mogin (1898 - 1990) |
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