Georges Mogin |
Donne-moi tes poumons, bergère. Les miens sont percés par la toux. Ça ressemble un peu. - laïtou -Aux drapeaux revenant de guerre. Donne-moi ces poumons jolis Qui lèvent bêtement ta gorge. Ou toi. petit marin poli. Cède-moi les soufflets de forge. Que feriez-vous de ces poumons. Bergère, marin. - vire et vire. Tu mènerais paître un mouton. Tu mènerais paître un navire. Vous trouvez que c'est gai d'entendre La mer qui bêle ou la brebis ? Allons, bien vite, allons, c'est dit : Vendez-moi ces poumons à vendre. Si c'est trop de m'en bailler deux, N'en donnez qu'un, c'est une idée. Je veux souffler encore un peu Et devant le ciel m'accouder. Entendez-vous comme je tousse. Moi. je n'aime pas de mourir. Mais la chance est-elle à courir Quand on n'est que bergère ou mousse ? Le marin, c'est pour le naufrage Et la bergère pour le loup. Ce serait tellement plus sage De m'aider à tenir debout. Au secours, il est temps, j'étouffe Dans le supplice du garrot. Pour mordre à mes dernières touffes. Quatre poumons, ce n'est pas trop. |
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Georges Mogin (1898 - 1990) |
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