Gérard de Nerval |
Les petits gnomes chantent ainsi : « Profitons de son sommeil! - Il a eu bien tort de régaler le saltimbanque, et d'absorber tant de bière de Mars en octobre, - à ce même café - de Mars, avec accompagnement de cigares, de cigarettes, de clarinette et de basson. » Travaillons, frères, jusqu'au point du jour, jusqu'au chant du coq. jusqu'à l'heure où part la voilure de Dammartin, et qu'il puisse entendre la sonnerie de la vieille cathédrale où repose l'aigle de meaux. » Décidément, la femme mérinos lui travaille l'esprit, non moins que la bière de Mars et les foulons du pont des Arches; cependant les cornes de cette femme ne sont pas telles que l'avait dit le saltimbanque : notre Parisien est encore jeune... Il ne s'est pas assez méfié du boniment. » Travaillons, frères, travaillons pendant qu'il dort. Commençons par lui dévisser la tête, puis, à petits coups de marteaux, - oui, de marteaux, - nous descellerons les parois de ce crâne philosophique et biscornu! » Pourvu qu'il n'aille pas se loger dans une des cases de son cerveau - l'idée d'épouser la femme à la chevelure de mérinos! Nettoyons d'abord le sinciput et l'occiput; que le sang circule plus clair à travers les centres nerveux qui s'épanouissent au-dessus des vertèbres. » Le moi et le non-moi de Fichte se livrent un terrible combat dans cet esprit plein d'objectivité. Si seulement il n'avait pas arrosé la bière de Mars de quelques tournées de punch offert à ces dames!... L'Espagnole était presque aussi séduisante que la Vénitienne; mais elle avait de faux mollets, et sa cachucha paraissait due aux leçons de Mabille. » Travaillons, frères, travaillons; la boîte osseuse se nettoie. Le compartiment de la mémoire embrasse déjà une certaine série de faits. La causalité, - oui, la causalité, - le ramènera au sentiment de sa subjectivité. Prenons garde seulement qu'il ne s'éveille avant que notre tâche soit finie. » Le malheureux se réveillerait pour mourir d'un coup de sang, que la Faculté qualifierait d'épanche-ment au cerveau, et c'est nous qu'on accuserait là-haut. Dieux immortels! il fait un mouvement; il respire avec peine. Raffermissons la boîte osseuse avec un dernier coup de foulon, - oui, de foulon. Le coq chante, l'heure sonne... Il en est quitte pour un mal de tète... Il le fallait I » |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Gérard de Nerval (1808 - 1855) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Gérard de Nerval | |||||||||
Biographie / chronologie1808. OuvreSi l'on excepte divers ouvrages dramaturgiques (Lara, 1833!; Léo Burckhart, 1839), l'ouvre de Nerval est essentiellement romanesque et poétique. |
|||||||||