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Gérard de Nerval



Le christ aux oliviers - Poéme


Poéme / Poémes d'Gérard de Nerval





Il reprit: «Tout est mort!
J'ai parcouru les mondes;
Et j'ai perdu mon vol dans leurs chemins lactés,
Aussi loin que la vie, en ses veines fécondes,
Répand des sables d'or et des flots argentés-:



«
Partout le sol désert côtoyé par des ondes,
Des tourbillons confus d'océans agités...
Un souffle vague émeut les sphères vagabondes,
Mais nul esprit n'existe en ces immensités.



«En cherchant l'oil de
Dieu, je n'ai vu qu'un orbite
Vaste, noir et sans fond, d'où la nuit qui l'habite
Rayonne sur le monde et s'épaissit toujours;



«
Un arc-en-ciel étrange entoure ce puits sombre,
Seuil de l'ancien chaos dont le néant est l'ombre,
Spirale engloutissant les
Mondes et les
Jours !



«Immobile
Destin, muette sentinelle,
Froide
Nécessité!...
Hasard qui, t'avançant
Parmi les mondes morts sous la neige éternelle.
Refroidis, par degrés, l'univers pâlissant,



«Sais-tu ce que tu fais, puissance originelle,
De tes soleils éteints, l'un l'autre se froissant...
Es-tu sûr de transmettre une haleine immortelle,
Entre un monde qui meurt et l'autre renaissant?...



«
O mon père ! est-ce toi que je sens en moi-même ?
As-tu pouvoir de vivre et de vaincre la mort?
Aurais-tu succombé sous un dernier effort



«De cet ange des nuits que frappa l'anathème?...
Car je me sens tout seul à pleurer et souffrir,
Hélas ! et, si je meurs, c'est que tout va mourir! »



C'était bien lui, ce fou, cet insensé sublime...
Cet
Icare oublié qui remontait les cieux,
Ce
Phaéton perdu sous la foudre des dieux,
Ce bel
Afys meurtri que
Cybèle ranime !



L'augure interrogeait le flanc de la victime,
La terre s'enivrait de ce sang précieux...
L'univers étourdi penchait sur ses essieux,
Et l'Olympe un instant chancela vers l'abîme.



«
Répond ! criait
César à
Jupiter
Ammon,

Quel est ce nouveau dieu qu'on impose à la terre?

Et si ce n'est un dieu, c'est au moins un démon... »



Mais l'oracle invoqué pour jamais dut se taire;
Un seul pouvait au monde expliquer ce mystère : -
Celui qui donna l'âme aux enfants du limon.



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Gérard de Nerval
(1808 - 1855)
 
  Gérard de Nerval - Portrait  
 
Portrait de Gérard de Nerval

Biographie / chronologie

1808.

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Si l'on excepte divers ouvrages dramaturgiques (Lara, 1833!; Léo Burckhart, 1839), l'ouvre de Nerval est essentiellement romanesque et poétique.

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