Gérard de Nerval |
e soleil s'est caché sous de sombres nuages, Un vent précurseur des orages Glisse dans l'horreur des forêts, Du peuplier et du tremble, On voit s'agiter les sommets, La crainte et l'effroi rassemble Les timides oiselets; Dans sa terreur inquiète Le loup cherchant une retraite Laisse en paix les jeunes agneaux El dans sa crainte soudaine Le vautour vole dans la plaine Parmi les tendres tourtereaux. De ces antiques châteaux Le vent ébranle le portique, El dans le clocher antique Vient agiter le beffroi; Tout se tait, et dans, la nature Un sombre et triste murmure Remplit tous les cirurs d'effroi, Sur le ciprès qui dans les cieux s'élance L'oiseau des nuits qui se balance Des sons lugubres de sa voix Fait au loin retentir les bois La foudre gronde dans l'abyme Quelle est la nouvelle victime Qui descend au sombre séjour, Quel est le mortel déplorable Dont la Parque inévitable Vient de terminer les jours? N'est-ce pas ce Crésus dont l'indigne opulence Refusant une obole au pauvre malheureux Dans ses palais fastueux Cachait son altière insolence, Mais il faut enfin tout laisser, Quand le cruel destin le presse. Et tous ses biens et toute sa richesse Ne pourront pas l'en dispenser. N'est-ce pas toi que dès l'enfance Poursuivit toujours le malheur Tu ne connus jamais l'aisance Jamais tu n'as vu le bonheur Sourire à ton indigence Tu ne connus que la douleur. Mais non le riche existe encore, Le pauvre placé dès l'aurore Auprès de l'orgueilleux palais Tend encor sa main importune A tous ceux que la fortune A comblé de ses bienfaits. Tels que ces feux qui dans l'orage Glissant sur l'azur des flots Vont ranimer le courage, Des timides matelots. Quelques lauriers sanglants s'inclinent sur sa tète Son front altier brave encor la tempête, Sur sa palme flétrie on lit en frémissant, Ces mots : « Austerlitz, Mont Saint-Jean; Un seul revers contre trente ans de gloire. » O mon pays, j'ose prendre la lire, Que les vers qu'Apollon m'inspire Trouvent place dans tous les cours, Je veux pleurer tes défenseurs, Mille transports agitent ma grande âme Patrie, Honneur, vous êtes mes seuls dieux Je sens une sublime flamme. Qui me dit de venger mon pays malheureux. De la mort de nos preux votre mort est l'image Les siècles vous ont admirés, Mais on mettra dans la balance, De vingt-mille Français la glorieuse mort, Et la postérité chantera leur vaillance, Et maudira les coups du sort. |
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Gérard de Nerval (1808 - 1855) |
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Portrait de Gérard de Nerval | |||||||||
Biographie / chronologie1808. OuvreSi l'on excepte divers ouvrages dramaturgiques (Lara, 1833!; Léo Burckhart, 1839), l'ouvre de Nerval est essentiellement romanesque et poétique. |
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